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Titre Le Mausolée Brazza, corps mystique de l'État congolais ou corps du « négatif »
Auteur Joseph Tonda
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 198-199-200, 2010 50 ans
Rubrique / Thématique
Postcolonialismes
Page 799-821
Résumé Le Mausolée Brazza, corps mystique de l'État congolais, s'inscrit dans une logique profondément sacrificielle des avatars de la souveraineté coloniale en postcolonie. Blancs et Noirs, francs-maçons et chrétiens, intellectuels et populations sont convaincus de l'utilité de son non-sens social ou biopolitique : les Blancs qui ont pris une part active à sa construction le croient sans doute plus efficace, pour servir leurs desseins et intérêts, que les hôpitaux, les dispensaires, les médicaments, l'eau et l'électricité qui manquent à la majorité des Congolais ; les Noirs y voient le lieu de leur sacrifice pour servir les intérêts des Blancs et de leurs agents et supplétifs noirs ; les intellectuels y voient une « folie congolaise », tandis que les chrétiens y voient la figure du diable et de la mort au service des francs-maçons. Le sacré et le sacrifice s'imposent dès lors comme le fondement du sentiment partagé de l'utilité de la mort, de la folie et du non-sens. Or, ce sentiment de l'utilité de l'inutile, de la folie et de la mort traduit la réalité de la biopolitique et du fétichisme du Souverain moderne, pouvoir du « négatif » ou du diable, cet « esprit que Dieu aime ».
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Brazza Mausoleum, Mystical Embodiment of the Congolese State, or Embodiment of the “Negative”The Brazza mausoleum, the mystic embodiment of the Congolese state, is part of a profoundly sacrificial logic of avatars of colonial and postcolonial sovereignty. Whites and Blacks, Freemasons and Christians, intellectuals and ordinary people are convinced of the usefulness of this social and biopolitical non-sense. The Whites who took an active part in its construction no doubt believe that their designs and interests are better served by it that by the hospitals, dispensaries, medicine, water and electricity the majority of Congolese people desperately need. The Blacks see it at the place of their sacrifice to better serve the interests of Whites and their black agents and auxiliaries. Intellectuals see it as a sign of “Congolese madness”, while Christians see in it the face of the Devil and of Death in the service of Freemasonry. The sacred and sacrifice therefore impose themselves as the foundation of a shared sentiment of the usefulness of death, madness and non-sense. In fact, this feeling of the usefulness of what is useless, of madness and of death is the expression of the reality of biopolitics and the fetishism of the modern Sovereign, “negative” power or that of the Devil, that “spirit which God loves”.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_198_0799