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Titre What is New York ?
Auteur Robert Fishman
Mir@bel Revue Villes en parallèle
Numéro no 20-21, décembre 1994 Paris - New York
Rubrique / Thématique
La métropole comme économie - monde
Page 109
Résumé New York est bien sûr la première «cité globale». Et chacun pense Manhattan, Broadway, le World Trade Center. Pourtant bien peu des 20 millions d'habitants de la région urbaine ont des rapports avec ces symboles de la centralité. La plupart vivent et travaillent dans la Suburbia, qui n'est plus la cité-dortoir d'il y a trente ou quarante ans, mais une nouvelle forme de ville de basse densité, qui unifie toutes les agglomérations américaines, de New York à Chicago, San-Francisco ou Los Angeles. Est-ce donc l'avenir des métropoles mondiales ? En fait, ce n'était pas le futur projeté pour New York, et notamment par le Schéma Directeur de 1929. En 1920, 9 millions des 11 millions de New-Yorkais d'alors vivent dans le noyau de l'agglomération ("core"), et près de 3 millions travaillent à Manhattan, au sud de Central Park. L'industrie la plus importante est celle de la confection, qui occupe dans une multitude d'ateliers urbains les immigrants juifs et italiens, tandis que Times Square concentre les théâtres. Le dessein des urbanistes d'alors est de conserver la suprématie de ce noyau aggloméré, en éloignant l'industrie dans un rayon de trente kilomètres autour de Lower Manhattan, et en construisant un réseau ferré rapide et interconnecté convergeant vers Manhattan, qui n'est pas sans rappeler le réseau RER de Paris d'aujourd'hui. La majorité de la population doit résider dans des immeubles collectifs construits sur des terrains libérés par le desserrement industriel, les maisons individuelles périurbaines restant l'exception, réservées aux cadres très supérieurs, que des trains rapides amèneraient à leurs bureaux de Manhattan. La réalité des années quatre-vingt-dix est loin de ce schéma. Sur 20 millions de «New-Yorkais», 54 % vivent en zone périurbaine («ring») et 51 % y travaillent. Pourquoi cet échec de la prévision urbanistique ? Incontestablement, c'est le résultat de l'impulsion de trois politiques instaurées par le New Deal de Roosevelt : une politique du logement individuel, pour relancer l'économie, une politique de l'automobile et des infrastructures routières, incarnées à New York par la figure emblématique de Robert Moses, une politique de dispersion de l'industrie militaire et stratégique, amplifiée parla deuxième guerre mondiale et la guerre froide. Les résultats dépassent l'intention, d'autant plus qu'elle montre des bouleversements technologiques importants (informatique, télécommunications) et des mouvements profonds de la société américaine : le rêve de ruralité, la montée des Noirs du Sud, qui paupérisent les anciens quartiers blancs proches du centre (Harlem), la progression des femmes actives qualifiées, qui veulent travailler près de chez elles, pour assurer leurs responsabilités familiales. L'auteur termine par l'évocation de l'exemple de Mount Laurel, entre New York et Philadelphie, pour illustrer cette ville hors la ville, faite de suburban dream houses, d'office parks, et de mails commerciaux.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais New York ranks first among the handful of global cities where the economic future of the world is decided. But the majority of the region's 20 million people have few significant contacts with the New York that the world knows. In 1920, however, the core absolutely dominated the region, and the authors of the New York Regional Plan of 1929 also believed that the dominance of the core would and should continue. New York did not in fact develop in this fashion over the next fifty years. The Great Depression and the reform administration of Franklin D. Roosevelt introduced new government policies : housing policy, automobile policy, defense policy. These three policies favored the outer ring. Similarly, new systems of electronic communications, big social changes (growing black population, return of mothers to the paid work force) have negated the advantages of the core.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_1994_num_20_1_1174