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Titre Du temple de l'art au supermarché de la culture
Auteur Françoise Choay
Mir@bel Revue Villes en parallèle
Numéro no 20-21, décembre 1994 Paris - New York
Rubrique / Thématique
L'art, produit de consommation
Page 209
Résumé Invention de la Renaissance, le musée d'art connaît sa véritable consécration avec la période des Lumières. Mais une spécificité française apparaît dès l'Ancien Régime, que la Révolution française amplifie : la gestion étatique centralisée, qui s'oppose à la tradition anglo-saxonne, beaucoup plus marquée par le mécénat privé ou princier. Ce modèle, où la vocation pédagogique s'était pourtant effacée devant la délectation esthétique, a fonctionné à peu près inchangé jusqu'aux années soixante, où le bouleversement général des conditions de l'urbanisation a bousculé ces règles de fonctionnement, d'autant plus que les musées français, moins habitués que leurs homologues américains aux relations privées, n'ont pas su, ou pu, résister aux fascinations de l'argent. En prenant appui sur le Centre Georges Pompidou, le musée d'Orsay et le Grand Louvre, l'auteur montre et dénonce le mariage du mécénat d'État et du marketing, où le projet pédagogique et démocratique sert trop souvent d'alibi aux visées mercantiles : lancé comme produit médiatique, le musée devient un monument, qu'il faut visiter, plus qu'un lieu de connaissance et de plaisir. Si la réussite culturelle — bibliothèque, cycles de conférences, surtout à Beaubourg — est quelquefois la bienvenue, la présentation des œuvres d'art et la réutilisation des bâtiments historiques, comme au musée d'Orsay ou au Louvre, sont beaucoup plus discutables. Peut-on dans une société de loisirs de masse, rêver d'un musée qui célébrerait les retrouvailles du temps et de l'espace ?
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais An invention of the Renaissance, the art museum became truly established with the Lumières period. However, a French specificity appeared with the Old Regime, that the French Revolution amplified : centralized State control, in opposition to the Anglo-Saxon tradition, much more marked by private or princely sponsorship. This model, where pedagogic vocation gave way to aesthetic delectation, operated more or less unchanged until the sixties, when widespread upheaval in urbanization conditions upturned the modus operandi, especially since the French museums, less used than their American counterparts to private relations, did not know how to, or could not, resist the fascination of money. Using the examples of the Georges Pompidou Center, the Orsay Museum and the Grand Louvre, the author demonstrates and denounces the union of State sponsorship and marketing, where the pedagogic and democratic project is too often used as an alibi for commercial designs : launched as a mediatic product, the museum becomes a monument, that has to be visited, more than a place of knowledge and pleasure. Whilst cultural success -library, conference series, particularly at Beaubourg -is sometimes welcome, presenting works of art and re-using historic buildings such as the Orsay museum or the Louvre, is much more debatable. Is it possible in a mass and pleasure-driven society to dream of a museum which would pay tribute to the reunion of time and space ?
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne https://www.persee.fr/doc/vilpa_0242-2794_1994_num_20_1_1180