Titre | Gouvernementalité algorithmique et perspectives d'émancipation : Le disparate comme condition d'individuation par la relation ? | |
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Auteur | Antoinette Rouvroy, Thomas Berns | |
Revue | Réseaux (communication - technologie - société) | |
Numéro | vol. 31, no 177, 2013 Politique des algorithmes | |
Rubrique / Thématique | Dossier : Politique des algorithmes. Les métriques du web |
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Page | 163-196 | |
Résumé |
La gouvernementalité algorithmique se caractérise notamment par le double mouvement suivant : a) l'abandon de toute forme d'« échelle », d'« étalon », de hiérarchie, au profit d'une normativité immanente et évolutive en temps réel, dont émerge un « double statistique » du monde et qui semble faire table rase des anciennes hiérarchies dessinée par l'homme normal ou l'homme moyen ; b) l'évitement de toute confrontation avec les individus dont les occasions de subjectivation se trouvent raréfiées. Ce double mouvement nous paraît le fruit de la focalisation de la statistique contemporaine sur les relations. Nous tentons d'évaluer dans quelle mesure ces deux aspects de la « gouvernementalité algorithmique » ainsi dessinée, avec l'appui qu'elle se donne sur les seules relations, pourraient être favorables, d'une part, à des processus d'individuation par la relation (Simondon) et, d'autre part, à l'émergence de formes de vie nouvelles sous la forme du dépassement du plan d'organisation par le plan d'immanence (Deleuze-Guattari). Par cette confrontation aux principales philosophies contemporaines de la relation, il apparaît alors qu'une pensée du devenir et des processus d'individuation par la relation réclame nécessairement du « disparate » - une hétérogénéïté des ordres de grandeur, une multiplicité des régimes d'existence - que la gouvernementalité algorithmique ne cesse précisément d'étouffer en clôturant le réel (numérisé) sur lui-même. La gouvernementalité algorithmique tend plutôt à forclore de telles perspectives d'émancipation en repliant les processus d'individuation sur la monade subjective. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Faced with algorithmic governmentality Algorithmic governmentality is characterized primarily by the following dual movement: a) abandoning all forms of “scale”, “benchmark”, or hierarchy, in favour of an immanent normativity evolving in real time, from which a “dual statistics” of the world emerges and which seems to do away with the old hierarchies devised by normal or average people; and b) avoiding all confrontation with individuals, whose opportunities for subjectification have become increasingly scarce. This dual movement seems to be the fruit of contemporary statistics' focus on relations. We seek to assess the extent to which these two aspects of the “algorithmic governmentality” thereby outlined, with its sole reliance on relations, could facilitate, first, processes of individuation through relations (Simondon) and, second, the emergence of new forms of life through the plane of immanence overtaking the plane of organization (Deleuze-Guattari). Through this comparison with the main contemporary philosophies of relations, it thus appears that thinking about the evolution and processes of individuation through relations necessarily pertains to the “disparate” – a heterogeneity of orders of magnitude, a multiplicity of regimes of existence – which algorithmic governmentality precisely incessantly suppresses by enclosing (digitized) reality on itself. Algorithmic governmentality tends rather to foreclose such emancipation perspectives by centring individuation processes on the subjective monad. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RES_177_0163 |