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Titre Faire politique d'un système d'observation de la Terre : l'élaboration du programme européen Copernicus/GMES (Global monitoring for environment and security)
Auteur Arnaud Saint-Martin, Jérôme Lamy
Mir@bel Revue L'Année sociologique
Numéro vol. 63, no 2, 2013 La science, une activité sociale comme une autre ? Controverses autour de l'autonomie scientifique
Rubrique / Thématique
La science, une activité sociale comme une autre ? Controverses autour de l'autonomie scientifique (1)
Page 429-472
Résumé Cet article propose une nouvelle approche de la structuration technique, organisationnelle et politique des activités spatiales. Tirant parti du modèle des « écologies liées » formulé par Andrew Abbott, il analyse le processus de constitution d'une écologie propre du spatial européen, à partir de l'élaboration du programme d'observation de la Terre Copernicus/GMES (Global Monitoring for Environment and Security). Imaginé à la fin des années 1990 par l'Union européenne (UE), l'Agence spatiale européenne (ESA) et d'autres acteurs institutionnels, ce dernier vise à combiner des recueils de données sur une variété de phénomènes environnementaux et humains au moyen de satellites et de dispositifs d'observation au sol. Avec Galileo (le système de navigation global par satellite), GMES est promu comme outil d'« implémentation » des politiques communautaires et illustre l'ambition stratégique de l'UE de s'affirmer comme puissance spatiale. Nous montrons comment, par le truchement du GMES, les structures se mettent en place d'un spatial européen communautaire, et non plus uniquement intergouvernemental (sous la juridiction de l'ESA). Selon notre perspective, l'enjeu réside dans la compréhension de la division de cette logique qui s'instaure durant les années 2000, et de la délimitation des territoires en résultant : d'un côté, la Commission européenne a en charge la « gouvernance politique » et budgétaire du GMES ; de l'autre, l'ESA dispose des compétences techniques et scientifiques pour mettre en œuvre et déployer les satellites et les segments sol. Les acteurs des écologies du spatial européen et de la politique européenne travaillent ainsi à l'élaboration d'un modus vivendi. Nous analysons comment ces champs d'action sont limités dans le cadre même du règlement inter-écologique. La définition d'un « marché des utilisateurs », qui excèderait les seuls investisseurs publics (soutiens traditionnels du spatial), constitue ici un enjeu politique majeur pour les instances européennes. Au final, c'est une séparation relativement nette des sphères de compétence et d'activité que nous observons dans l'écologie émergente du spatial européen : l'expertise technique, l'exécution administrative et la décision politique interagissent, mais ne se confondent pas dans un cadre d'activité indifférencié.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This paper proposes a new approach of the technical, organizational, and political structuring of space activities. Drawing from the “linked ecologies” model theorized by Andrew Abbott, we take the development of the program Copernicus Earth Observation/GMES (Global Monitoring for Environment and Security) as an analyzer of the process of establishing a specific European space ecology. Conceived in the late 1990s by the European Union (EU), the European Space Agency (ESA) and other institutional actors, GMES aims at aggregating collections of data on a variety of environmental and human phenomena through satellite and ground observation systems. With Galileo (the global navigation satellite system), GMES is promoted as a tool for “implementation” of EU policies and it illustrates the strategic ambition of the EU to assert itself as a space power. We show how, through GMES, a European space community is being structured, and not only an intergovernmental one (under the jurisdiction of ESA). From our point of view, the challenge lies in understanding the division of labor organized throughout the 2000s, and the resulting territorial demarcations: on one hand, the European Commission is in charge of the “political governance” and the GMES budget; on the other, ESA provides technical and scientific expertise to implement and operate satellites and ground segments. Actors from both the ecologies of the European space community and the European political system invent a modus vivendi. We analyze how these fields of action are limited by and within a specific inter-ecological settlement. Here, the definition of a “market of downstream services” designed to exceed the support of public investors (traditional supporters of space activities) is a major political issue for the European authorities. In the end, we observe a relatively clear separation of these spheres of competence and activity within the boundaries of the emerging European space ecology: the technical, administrative implementation and policy-making practices may interact, but they do not dissolve into an undifferentiated pattern of activity.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANSO_132_0429