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Titre Defining war crimes against humanity in the Soviet Union : Nazi arson of Soviet villages and the Soviet narrative on Jewish and non-Jewish Soviet war victims, 1941-1947
Auteur Nathalie Moine, John Angell
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 52, no 2-3, avril-septembre 2011 L'Union soviétique et la Seconde Guerre mondiale
Rubrique / Thématique
The upheaval and cruelty of war: Approaches to war violence
Page 441-473
Résumé La destruction par le feu de milliers de villages en territoire soviétique occupé, ainsi que le sort atroce de leurs habitants, exécutés, voire brûlés vifs, ou déportés a durablement marqué les consciences à l'Est, alors que le génocide des juifs dans ces mêmes régions reste dans l'ombre depuis des décennies. Ce contraste entre la mémoire des victimes juives et non-juives en Union soviétique apparaît particulièrement frappant à partir des années 1960, lorsque le nouveau mémorial de Khatyn près de Minsk, consacré à la mémoire des villages brûlés biélorusses, devient un véritable lieu de pèlerinage pour l'ensemble des Soviétiques, tandis que le site du plus grand massacre de juifs soviétiques, le ravin de Babi Yar à Kiev, malgré de houleuses controverses, voit la construction, tardive, d'un mémorial qui universalise les victimes des massacres. L'objectif de cet article est de montrer comment, dès le début de la guerre, le thème des villages brûlés est omniprésent dans le récit officiel et entre en compétition avec le compte rendu du massacre généralisé des juifs soviétiques, alors même que la fin de la guerre et la coopération judiciaire des Soviétiques avec leurs alliés occidentaux pour juger les criminels de guerre donnent lieu, pendant plusieurs mois, à un discours beaucoup plus explicite, sur la scène internationale comme en territoire soviétique, concernant le sort spécifique des juifs soviétiques. Les récits d'atrocités nazies, publiés dès les premières semaines après l'invasion, développent abondamment ce motif, à la fois ancestral et inédit par son ampleur, de violence de guerre commise contre les civils, avant même que l'occupant ne passe effectivement à une politique massive de création de « zones mortes », ce dont les commissions d'enquête soviétiques rendent compte à travers les témoignages de rescapés et les listes nominatives de victimes. Les procès de l'immédiat après-guerre, à Nuremberg comme en Union soviétique, sont l'occasion pour la direction stalinienne d'appliquer le nouveau concept judiciaire de crime contre l'humanité aux différentes catégories de victimes soviétiques de l'occupation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The mass arson of villages on occupied Soviet territory and the terrible plight of their inhabitants – who were executed, burnt alive or deported – has left a lasting impression on the minds of East Europeans, whereas the genocide of Jews in these same regions has been disregarded for decades. The contrast between the remembrance of Soviet Jewish and non-Jewish victims became particularly striking in the 1960s when the new Khatyn memorial monument near Minsk devoted to the memory of Bielorussian torched villages became a real pilgrimage site for most of the Soviet population, while the Babi Yar ravine near Kiev, which had seen the greatest massacre of Soviet Jews, was selected amid stormy controversy for the tardy construction of a monument broadly commemorating victims of Nazi massacres in Kiev. This article aims to show how the theme of burnt down villages pervaded official discourse from very early on in the war and competed with the narrative of the mass killing of Soviet Jews, even though the end of the war and the Soviets' judicial cooperation with their Western allies in the prosecution of war criminals prompted, both at home and abroad and over the course of several months, a more explicit discourse about the specific plight of Soviet Jews. The accounts of Nazi atrocities, published during the first weeks following the invasion, develop at length the theme of war violence committed against civilians, a theme both ancestral and unheard of by its magnitude. That was before the occupant moved on to the massive “dead zone” policy reported by Soviet commissions of enquiry through survivors' accounts and lists with the names of victims. The trials that immediately followed the war, in Nuremberg as well as the Soviet Union, gave the Stalinist leadership the opportunity to apply the new judicial concept of crime against humanity to the various categories of Soviet victims of the occupation.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_522_0441