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Titre Secret Passages in Jane Eyre
Auteur Catherine Lanone
Mir@bel Revue Etudes anglaises
Numéro Volume 61, octobre-décembre 2008
Rubrique / Thématique
Articles
Page 415-426
Résumé Jane Eyre est le roman du secret — secret de l'auteur, d'abord, qui tout en souhaitant ardemment la publication opta pour le pseudonyme masculin de Currer Bell ; secret de l'intrigue ensuite, qui décline sa quête herméneutique, pour reprendre le terme de Barthes, de la chambre écarlate de Gateshead au trou obscur de la folle. Il s'agit ici d'adopter une perspective deleuzienne en analysant moins le connu du secret que la tension entre perception et imperceptible, la façon dont le secret est un contenu qui déborde toujours d'un contenant plus ou moins scellé (armoire, boîte, coffret, cellule) mais qui laisse filtrer le contenu et suinter le secret. Dans le cas de Jane Eyre, cette sécrétion se fait souvent par le biais du bruit parasitant la demeure, sème auditif égaré, rire à la fois sonore et éteint, sans joie, oxymorique. Le secret décline alors les profondeurs psychiques refoulées, tant l'indicible secret de l'autre qui vient s'encrypter (au sens d'Abraham et Torok) dans la psyché et opérer un véritable travail du fantôme dans la chambre rouge, que le premier mariage impur de Rochester. Mais la figure de la folle cristallise aussi tout un réseau d'interdits et de tabous liés à la société patriarcale du XIXe siècle, qu'il s'agisse de la crainte de la folie et de la sexualité féminine que du refus de l'autre issu des colonies. Enfin, Jane sait s'approprier le secret pour dissimuler partiellement son identité et se reconstruire. L'acte manqué qui rétablit sa signature à son insu participe d'un élan créateur qui libère le sujet et la parole autobiographique, libération que Brontë n'offrira plus à la narratrice homodiégétique de Villette.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Secretly composed by a young woman using a masculine pen name, Jane Eyre is a novel that teems with secrets. Focusing on the function of sound, this paper seeks to analyse the layers of secrecy by combining a structural approach based on Barthes's hermeneutic quest, with a Deleuzian analysis less of the content of secrecy than on the way secrets become secretions. For Deleuze, secrecy is a dynamic process: something must ooze from the box, something will be perceived through the closed or partially opened container, whether room, closet, drawer, casket or box. From the red-room to the madwoman, Brontë dramatizes secrecy and secretion, unravelling mental conflict, dilemma or aporia (the crypt of the red-room or of the madwoman's den is enlightened by Abraham and Torok's theory of psychic concealment, as the crypt which entombs another's unspeakable, consummated desire); but secrecy for Deleuze is always a “collective assemblage,” determined by social pressure, and the secrets of Jane Eyre have crucial social and racial implications. Finally, in this feminine, not to say feminist novel before the word, Jane learns to subvert secrecy and use it to rebuild her own, stable self, before being allowed to retrieve her name and signature and voice her own story in her powerful autobiography.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ETAN_614_0415