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Titre Constructions of Spaces of Music in Istanbul: Scuffling and Intermingling Sounds in a Fragmented Metropolis
Auteur Volkan Aytar, Azer Keskin
Mir@bel Revue Géocarrefour
Numéro volume 78, no 2, 2003 La ville, le bruit et le son
Page 7
Résumé Les espaces musicaux d'Istanbul mettent en évidence la richesse d'une structure sociale hétérogène liée à des vagues successives de migration et à la fragmentation croissante issue de la mondialisation. Istanbul est un pont entre l'Est et l'Ouest mais aussi une marge que divers groupes - des modernistes aux islamistes - tentent de contrôler, transformant la rue en champ de bataille symbolique. Des styles musicaux variés provenant de la ville et de la campagne - et les combinant souvent - (arabesk et taverna - liés à la contestation des années 1960 dans les gecekondus, qui chantent la pauvreté des déracinés - fantezi et pop turque), des formes "engagées" de musique populaire (d'extrême gauche, nationalistes, voire islamistes), tout comme des formes globales revisitées localement (rock, jazz, hip-hop, salsa, techno etc.) ont créé des lieux d'écoute et de conflit. L'étude des liens entre sons, construction sociale de l'espace et identités urbaines permet de dépasser les oppositions faciles (traditionnel/ moderne, local/global) inadaptées à un pays non-occidental comme la Turquie. Les processus de "glocalisation" y sont plus fluides, complexes et interconnectés, et n'ont pas conduit à une homogénéisation culturelle car la musique s'est adaptée et remodelée localement. Le quartier de Péra/Beyoglu est l'exemple de cette progressive transformation, depuis l'occidentalisation du XIXe s., puis la volonté de la jeune République de créer un nouveau citoyen laïque dans le nouvel État-Nation, jusqu'au rôle de vitrine moderniste des régimes militaires néo-libéraux que joue la ville depuis les années 1980. Istanbul se fragmente et s'hybride et Beyoglu est devenu une constellation d'hétérotopies foucaldiennes juxtaposant en un même lieu des paysages musicaux incompatibles mais qui fonctionnent en relation à l'espace. Exclusion et ségrégation n'y ont donc pas disparu.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://geocarrefour.revues.org/238