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Titre Le ministre à l'école du boutiquier : Charles de Lasteyrie
Auteur Albert Kéchichian
Mir@bel Revue Histoire@Politique
Numéro no 16, janvier 2012 La culture économique des hommes politiques à l'épreuve du pouvoir
Rubrique / Thématique
La culture économique des hommes politiques à l'épreuve du pouvoir
Page 15-39
Résumé Lors de son passage au ministère des Finances de 1922 à 1924, Charles de Lasteyrie ne parvint pas à enrayer la spéculation contre le franc, fomentée par des opérateurs financiers méfiants envers la dette publique se montant à 168 % du produit intérieur brut, creusé par le coût ertigineux des armements et de la logistique pendant la Grande Guerre de 1914-1918 ainsi que par la nécessité de reconstruire l'infrastructure des territoires dévastés par les combats. Les gouvernements successifs avaient eu davantage recours aux emprunts qu'aux impôts, dans l'espoir de tout rembourser grâce aux réparations de guerre imposées à l'Allemagne par le traité de Versailles. Lasteyrie récusa catégoriquement toute consolidation forcée de la dette publique, par crainte de spolier l'épargne des rentiers. Sous la IIIe République, un très large consensus alorisait l'épargne comme gage d'une méritocratie fondée sur le labeur et la prévoyance. Élus et citoyens, dans leur grande majorité, redoutaient qu'une banqueroute ou une dévaluation ne sape les fondements des compromis républicains entre progrès social pour les humbles et préservation du patrimoine pour les nantis. Charles de Lasteyrie était persuadé que sa connivence professionnelle d'ancien banquier avec les manieurs d'argent suffirait à assurer le renouvellement de la dette flottante à des taux d'intérêt avantageux pour le Trésor public, sans avoir à décaisser des fortunes à chaque échéance ni dépasser le plafond de la circulation fiduciaire, imposé par la convention de 1920 avec la Banque de France. Lors de l'occupation de la Ruhr en 1923 pour contraindre l'Allemagne à payer les réparations, Lasteyrie priva Poincaré des moyens financiers de gérer l'économie rhénane, au nom du refus de toute mesure d'exception attentatoire aux règles de gestion comptable.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais When Minister or Finance from 1922 to 1924, Charles de Lasteyrie failed to bridle traders gambling on French currency. Foreign traders were wary about the national debt reaching 168 % of the gross domestic product. During World War One, France run into titanic debt in order to buy weapons and supplies. Fighting had also laid waste many areas in need of rebuilding. French cabinets got used to borrowing rather than to taxing, hopeful about guaranteeing pay back thanks to German war damage laid down by the Versailles Treaty. Lasteyrie spurned debt consolidation for fear of despoiling warrantees' savings. During the Third Republic the great mass of people were praising personal savings and foresight. Most politicians and citizens dreaded that bankruptcy or devaluation would wreck the republican compromise between social progress for the needy and property safety for the affluent. Charles de Lasteyrie was quite sure that his wide circle of banking acquaintances would secure reinvestments in the national debt at a rate profitable for the Treasory. Routine reinvestments would stave off huge pay out when due as well as exceeding the lending limit negociated in 1920 with the Bank of France. In 1923 when France occupied the Ruhr in order to compel Germany to pay war damage, Lasteyrie won Poincaré over that the French government could not afford managing the Ruhr economy. Lasteyrie repelled deviating from established policies.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HP_016_0015