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Titre La croissance du PIB rendra-t-elle les habitants des pays en développement plus heureux ?
Auteur Andrew E. Clark, Claudia Senik
Mir@bel Revue Revue d'économie du développement
Numéro volume 25, no 2, juin 2011 Varia
Page 113-190
Résumé Ce texte s'interroge sur ce que les pays à bas revenu peuvent attendre de la croissance en termes de bien-être. Interprétant les données internationales disponibles, il observe que, conformément au paradoxe d'Easterlin, au sein d'un pays, les individus les plus riches se déclarent plus heureux ; les habitants des pays riches se déclarent plus heureux que ceux des pays pauvres ; mais sur le long terme, le bien-être moyen d'un pays ne semble pas s'élever avec le revenu national. En réalité, le lien dynamique entre croissance et bonheur reste vivement débattu ; la question est de savoir si le coefficient de corrélation entre les deux grandeurs peut être considéré comme négligeable (« too small to matter »).Les explications de la faible corrélation entre croissance du revenu et bien-être subjectif au cours du temps tiennent à la nature même de la croissance (par exemple les effets secondaires négatifs tels que la pollution) et à l'importance de phénomènes psychologiques tels que les comparaisons et l'adaptation. À cet égard, les données disponibles renferment deux enseignements importants : les comparaisons de revenu semblent bien affecter le bien-être subjectif, même dans les pays très pauvres ; cependant, l'adaptation est sans doute un phénomène plus spécifique aux pays riches.Nous pensons que les données disponibles ne permettent pas d'écarter l'idée que la croissance élèvera le bonheur dans les pays à faible revenu. D'une part, les analyses longitudinales internationales (qui conduisent à rejeter cette corrélation) reposent sur des mesures agrégées, qui sont moins fiables que les mesures individuelles (qui conduisent à valider cette corrélation). D'autre part, le développement est un processus qualitatif qui implique des décollages et des seuils. Or, les données révèlent que ces changements de régime s'accompagnent d'une évolution parallèle des mesures de satisfaction subjectives. Le cas des pays en transition est particulièrement remarquable à cet égard : les scores moyens de satisfaction dans la vie suivent étroitement l'évolution du PIB pendant les dix premières années environ du processus de transition, jusqu'à ce que le régime se stabilise. Si des mesures subjectives de bien-être étaient disponibles dans les pays à bas revenu, elles aideraient certainement à mesurer et suivre les différents stades et dimensions du processus de développement.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Will GDP Growth Increase Happiness in Developing Countries?
This paper asks what low-income countries can expect from growth in terms of happiness. It interprets the set of available international evidence pertaining to the relationship between income over time growth and subjective well-being. Consistent with the Easterlin paradox, higher income is always associated with higher happiness scores, except in one case: whether growth in national income over time yields higher well-being is still hotly debated. The key question is whether the correlation coefficient is “too small to matter”.The explanations for the small correlation between national income growth and subjective well-being over time appeal to the nature of growth itself (from negative side-effects, such as pollution), and to the psychological importance of relative concerns and adaptation. The available evidence contains two important lessons: income comparisons do seem to affect subjective well-being, even in very poor countries; however, adaptation may be more of a rich-country phenomenon.Our stand is that the idea that growth will increase happiness in low-income countries cannot be rejected on the basis of the available evidence. First, cross-country time-series analyses are based on aggregate measures, which are less reliable than those at the individual level. Second, development is a qualitative process involving take-off points and thresholds. Such regime changes are visible through the lens of subjective satisfaction measures. The case of transition countries is particularly impressive in this respect: average life satisfaction scores closely mirrored changes in GDP for the first ten years of the transition process, until the regime became more stable. The greater availability of subjective measures of well-being in low-income countries would greatly help in the measurement and monitoring of the different stages and dimensions of the development process.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EDD_252_0113