Contenu de l'article

Titre La suppression de la sectorisation est-elle une bonne chose ?
Auteur Denis Maguain
Mir@bel Revue Revue d'économie politique
Numéro volume 119, juillet-août 2009 Varia
Rubrique / Thématique
ARTICLES
Page 569-612
Résumé La sectorisation mise en place en 1963 est l'objet d'un vif débat en France avec en arrière plan le débat sur les vertus de la concurrence scolaire. Au regard de son objectif de mixité sociale, son bilan peut paraître décevant. La carte scolaire est en effet un instrument relativement inefficace dans les espaces urbains marqués par une forte ségrégation spatiale, qu'elle a même tendance à accentuer. Par ailleurs, son fonctionnement même est fortement inégalitaire (stratégies de contournement de la part des plus riches, des initiés ; sélection des établissements). Dans ce contexte, notre système de carte scolaire aboutit exactement à ce contre quoi il cherche à lutter : une forte polarisation des établissements, de fortes inégalités et une performance globale du système relativement médiocre en comparaison internationale. Sa suppression annoncée à l'horizon 2010 et la mise en concurrence des établissements peut apparaître comme un moyen de déverrouiller le système et d'augmenter la qualité des établissements. Les études économétriques réalisées à partir d'expériences étrangères montrent cependant que les gains d'efficacité à attendre sont modestes. En revanche, le recours à la concurrence a plutôt tendance à accroître les inégalités. Nous développons un modèle où les élèves différent par leur revenu parental et leur aptitude, et où leurs résultats scolaires dépendent de leur propre aptitude et de celles de leurs « pairs ». Les collèges fixent leur politique d'admission de façon à maximiser un index de leur qualité. Dans ce cadre, nous prouvons que l'abolition de la sectorisation impliquera une ségrégation scolaire accrue, davantage fondée sur les résultats des élèves. Un exemple simulé permet de montrer en outre que la suppression s'accompagnera probablement d'une polarisation sociale accrue. Au total, le débat sur la carte scolaire apparaît relativement orthogonal aux défis que l'école a à relever. Les questions cruciales pour l'avenir de l'école concernent en effet davantage la mixité sociale, la redistribution des moyens en direction des élèves en échec scolaire, ou encore l'amélioration de l'efficience de la dépense éducative.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Is abolition of French school zoning a good thing ? School enrolment zoning is the object of a deep debate in France with in the background the virtues of school competition. Towards its objective of social co-education, its assessment can seem quite disappointing. The map of school catchment areas is indeed a relatively ineffective instrument in the urban spaces marked by a strong spatial segregation, which it even tends to increase. Besides, its functioning is strongly unegalitarian (with by-pass strategies implemented by wealthier and/or insiders and screening devices of schools). In this context, the system ends exactly in what against what it tries to fight : a strong polarization of schools, strong disparities and poor performances in internationals comparisons. Its abolition announced for 2010 and the related stake in competition can appear as a means to unbolt the system and to increase average quality. Applied econometrics realized from foreign experiments show however that efficiency gains to be waited are at best modest. On the other hand, competition rather tends to increase inequalities. We develop a model where pupils differ with respect to their parental income and their ability, and where achievements depend on own ability and on peers'abilities. Each school chooses an admission policy to maximize a quality index. We show that abolition of school enrolment zoning will imply a stronger school segregation even more based on academic results. A computational example also demonstrates that this stronger scholastic segregation will probably come with a more pronounced social segregation. All in all, the debate can then seem relatively orthogonal to the challenges which the school has to raise. The crucial questions for the future of the school indeed concern more social mixity, redistribution of the means in the direction of the pupils in academic failure, or still the improvement of the educational spending efficiency.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=REDP_194_0569