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Titre Le Contrat Territorial d'Exploitation : La rencontre difficile d'un instrument à vocation territoriale et de la tradition sectorielle de la politique agricole française
Auteur François Léger, Dominique Vollet, Ghislaine Urbano
Mir@bel Revue Revue Internationale des Sciences Administratives
Numéro volume 72, no 3, septembre 2006 Moderniser l'Etat
Page 405-419
Résumé De 1999 à 2002, le programme CTE a constitué le principal mode d'application française du règlement de développement rural européen. Il était présenté comme l'instrument d'une territorialisation de l'action publique, au service d'un développement durable passant par la promotion de la multifonctionnalité de l'agriculture. L'évaluation réalisée à mi-parcours montre toutefois que ses conditions de mise en œuvre n'ont pas permis de réaliser pleinement ces ambitions. Il a permis la généralisation du principe de contractualisation des aides et conduit à introduire l'environnement comme un critère légitime de définition des pratiques agricoles. Néanmoins, les cadres de définition de ces contrats sont, très souvent, demeurés réduits à la seule sphère agricole et leur public à la frange relativement limitée des agriculteurs inscrits dans le jeu habituel des institutions départementales du développement agricole. Cette contribution décrit certaines des limites de ce programme autant que les avancées qu'il a permises. Les unes comme les autres constituent des éléments importants pour penser la politique agricole nationale et européenne en terme de territorialisation de l'action publique et de prise en compte des questions de développement rural. Le contrat territorial d'exploitation (CTE) constituait le principal instrument au service du projet de la Loi d'Orientation Agricole de 1999, concrétisant une « nouvelle approche de la gestion de l'intervention publique » dans une politique qui « prend en compte les fonctions économiques, environnementales et sociale de l'agriculture et participe à l'aménagement du territoire, en vue d'un développement durable »`renvoi id="re1no1" idref="no1" typeref="note"b1`/renvoib ainsi que le stipule l'article premier de la Loi d'Orientation Agricole du 9 juillet 1999.Résumé à l'intention des praticiensLa mise en place d'une politique innovante comme le Contrat territorial d'Exploitation (CTE) en France est révélatrice des aspects importants à prendre en compte dans la dynamique du changement dans les politiques publiques en général et agricole en particulier. Le CTE s'est en effet révélé un programme innovant sous plusieurs aspects : dimensions territoriale et contractuelle, prise en compte des fonctions économiques, environnementales et sociales de l'agriculture. Du point de vue général, l'expérience des CTE a mis en évidence le rôle des apprentissages et la difficulté (des bénéficiaires comme des administrations) à s'approprier un dispositif innovant tant par ses objectifs que par sa codification sous forme de contrat. En termes de politique agricole, le CTE a souligné les tensions entre les approches sectorielles et territoriales, entre les dimensions analytique des mesures du Règlement Développement Rural et globale du CTE. Parmi les explications, on peut souligner d'une part que les objectifs initiaux du CTE, de nature territoriale et globale, étaient sans doute difficilement généralisables rapidement sur un nombre important d'exploitations et d'espaces ruraux. D'autre part, les conditions de mise en œuvre (et notamment le financement par le RDR, la pression à la signature) ont été porteuses d'ambiguïtés voire de dérives par rapport aux ambitions affichées.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais Between 1999 and 2002, the LMC programme was the principal mechanism implemented by France in response to the demands of the European Rural Development Regulation. It was presented as a territorial policy instrument, at the service of sustainable development that set out to encourage the multifunctionality of agriculture. However, the evaluation carried out half way through the programme revealed that its conditions of implementation did not make it possible to fully achieve these ambitions. While it may have helped to make the principle of the contractualisation of subsidies more generally accepted and legitimised the notion of the environment as a criterion in the definition of agricultural policies, more often than not, the definition frameworks of these contracts were restricted to the agricultural sphere alone and their target public to the relatively limited fringe group of farmers who were already familiar with the workings of the departmental institutions in charge of agricultural development. This paper sets out to not only describe some of the limitations of this programme but also its positive repercussions. Both are important factors if we want to approach national and European agricultural policy in terms of territorialisation and with due consideration for rural development issues. The Land Management Contract (LMC) was the main instrument of the Agriculture Framework Law of 1999 that embodied a « new approach to the management of public action » via a policy that « takes into account the economic, environmental and social functions of agriculture and participates in land management with a view to sustainable development”, as as stipulated by the first article of the Agriculture Framework Law of the 9th of July 1999.Points for practitionersThe setting up of an innovative policy such as the Land Management Contract (LMC) in France revealed the important aspects that need to be taken into account in the change dynamic of public policies in general and agricultural policies in particular. Indeed, the LMC proved to be an innovative programme in many respects: the territorial and contractual dimensions, consideration for the economic, environmental and social functions of agriculture. Generally speaking, the experience of the LMC highlighted the role of the learning processes and the difficulty (for the beneficiaries and the authorities) of appropriating an instrument that was innovative not only in terms of its objectives but also in terms of its codification in the form of contract. As far as agricultural policy is concerned, the LMC underlined the tensions between the industry-centred and territorial approaches, between the analytical dimensions of the measures of the Rural Development Regulation and global dimensions of the LMC. Its failure can be explained, on the one hand, by the fact that the initial objectives of the LMC, which were territorial and global in nature, were without a doubt difficult to quickly apply across the board to a large number of farms and rural areas On the other hand, the conditions of implementation (in particular its funding by the RDR, the pressure to sign up) were characterised by ambiguity and discrepancies compared with the proclaimed ambitions.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RISA_723_0405