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Titre La responsabilité politique et managériale : Un écart qui se creuse dans l'organisation de l'aide sociale
Auteur Paola Mattei
Mir@bel Revue Revue Internationale des Sciences Administratives
Numéro volume 73, no 3, septembre 2007 la coordination des organisations du secteur public à l'ère de la marchéisation et de l'administration décloisonnée
Page 403-428
Résumé Dans le présent article, nous remettons en cause le principe selon lequel l'État providence n'est pas adapté au modèle vertical ou hiérarchique d'imputabilité politique en raison des modalités d'organisation récemment adoptées. Même si la distinction, dans tout cadre analytique, entre responsabilité managériale et politique est utile, le remplacement de cette dernière par la première est contestable et tendancieux. Contrairement aux affirmations selon lesquelles l'imputabilité managériale est une pratique technique et neutre qui se contente d'appliquer des critères dépourvus de caractère politique et, dès lors, qu'elle s'adapte mieux à la complexité de l'État providence du 21e siècle, nous suggérons dans le présent article que les nouvelles modalités d'organisation des écoles et des hôpitaux publics indiquent que les formes traditionnelles d'imputabilité devant des représentants élus n'ont as disparu. On ne peut séparer le processus de développement de nouvelles modalités d'organisation dans l'État providence des questions institutionnelles fondamentales à propos de chaque démocratie. En procédant à une étude empirique des conséquences de l'introduction du managérialisme sur l'imputabilité démocratique en Grande-Bretagne et en Allemagne, nous tentons de mieux comprendre le lien qui existe entre les dimensions managériale et politique de la responsabilité dans l'État providence.Remarques à l'intention des praticiensLes praticiens dans le domaine de la politique sociale, y compris les enseignants du secondaire de même que les infirmières et les médecins des hôpitaux publics, sont responsables devant leurs pairs dans le cadre d'un mécanisme qui est fondamentalement différent de la forme hiérarchique d'imputabilité. L'imputabilité professionnelle est essentiellement un contrôle horizontal et interne. Le managérialisme a remis en question l'autonomie clinique et pédagogique à de nombreux égards, en démoralisant les praticiens, qui ont toujours perçu leur fonction comme allant bien plus loin que la réalisation d'objectifs de rendement et de résultats. Il est néanmoins plus facile d'écarter ces tentatives managériales et d'oublier le fait que les gestionnaires publics font eux-mêmes partie de la même profession médicale et enseignante, avec laquelle ils ont souvent des intérêts en communs. Il convient toutefois de faire la distinction entre fonctions professionnelles et managériales, à savoir que les gestionnaires publics dans un gouvernement démocratique et représentatif sont également responsables devant des représentants élus par le biais de mécanismes de contrôle externes. L'un des principaux défis pour les gestionnaires publics consiste dès lors à tenir compte de ce que suppose l'imputabilité managériale et de ce qu'elle exclut dans la pratique lorsqu'elle vise à remplacer l'imputabilité politique. Cela peut aller à l'encontre des fondements mêmes de l'État providence. Les praticiens dans le domaine de la politique sociale sont inextricablement situés au cœur d'un écheveau complexe de mécanismes d'imputabilité politiques, qui font de l'État providence l'un des plus grands acteurs de nos institutions démocratiques, un acteur loin d'être uniquement un moyen de satisfaire des besoins matériels.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article revisits the assumption that the welfare delivery State does not fit into the vertical or hierarchical model of political accountability in light of its recent organisational arrangements. Although a distinction in any analytical framework between managerial and political accountability bares some fruit, the replacement of the latter with the former is contestable and misleading. In contrast to the claims that managerial accountability is a technical and neutral exercise in the application of politics-free criteria, and, as such, it does more readily fit the complexity of the twenty first century- welfare state, this article suggests that the new organisational arrangements of state schools and hospitals indicate that traditional forms of accountability to elected officials have not withered. The process of developing new welfare state organisational arrangements cannot be divorced from fundamental institutional questions about each democracy. By empirically investigating the effects of the introduction of managerialism on democratic accountability in Britain and Germany, the article aims to further our understanding of the link between the managerial and political dimensions of accountability in the welfare delivery state.Points for practitionersSocial policy practitioners, including secondary schools'teachers, and nurses and doctors in public hospitals, are accountable to their peers through a mechanism which is fundamentally different from the hierarchical form of accountability. Professional accountability is essentially a horizontal and internal type of control. Managerialism has challenged clinical and pedagogical autonomy in many ways, reasonably lowering the morale of practitioners, who have traditionally perceived their function well beyond the achievement of objective targets and performance outputs. Yet, it is easier to dismiss such managerial attempts and overlook the fact that public managers are themselves part of the same medical and teaching profession, with which they share often common interests. However, there is an important distinction to be made between professional and managerial functions, namely that public managers in a democratic and representative government are accountable also to elected officials through external mechanisms of control. One of the key challenges for public managers, thus, is the acknowledgment of what managerial accountability entails and also in practice what it may exclude, when aimed at replacing political accountability. This may run against the very foundations of the welfare State. Social policy practitioners are inextricably located at the heart of a complex web of political mechanisms of accountability, which make the welfare delivery State one of the greatest contributors to our democratic institutions, and far from being only a machinery for satisfying material needs.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RISA_733_0403