Titre | La mise en oeuvre de « Plus d'espace pour le fleuve » : les discours positifs et négatifs à Kampen, aux Pays-Bas | |
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Auteur | Jeroen Warner, Arwin van Buuren | |
Revue | Revue Internationale des Sciences Administratives | |
Numéro | volume 77, no 4, décembre 2011 Varia | |
Page | 813-836 | |
Résumé |
Dans le présent article, nous analysons les stratégies discursives qui entourent la mise en œuvre du programme néerlandais de protection contre les inondations intitulé « Ruimte voor de River » (Plus d'espace pour le fleuve). Lorsque ce programme a été adopté, on l'a présenté comme un changement de paradigme s'inscrivant dans la transition en cours vers la « cohabitation avec l'eau ». L'annonce d'un changement de paradigme ne correspondait cependant pas à la réalité. Lorsqu'une politique est définie, elle est encore une lettre morte. Pour qu'elle soit mise en œuvre, les gens doivent y donner suite comme s'il s'agissait d'une réalité. Elle doit être socialement produite — et reproduite. Dans le présent article, nous analysons comment cette nouvelle initiative stratégique est « traduite » au niveau local, comment des coalitions discursives « négatives » et « positives » se développent et comment elles défendent leurs revendications sur le plan discursif. Dans ce « processus de traduction », des éléments du discours stratégique sont sélectionnés et réinterprétés pour cadrer avec les objectifs propres aux parties prenantes locales. Tandis que ses partisans n'ont eu de cesse de promouvoir le programme en le présentant comme un « changement de paradigme » positif, d'autres ont contesté cette affirmation. Notre article dresse l'inventaire des différents discours positifs et négatifs à propos de Plus d'espace pour le fleuve en se penchant sur une étude de cas révélatrice. Nous allons voir comment les éléments du discours stratégique officiel sont utilisés, élargis, remis en question ou réinterprétés par les acteurs locaux afin de défendre leur point de vue. Leurs discours tentent de créer des alliances discursives entre des dispositifs rhétoriques accrocheurs, des valeurs normatives et des sources d'expertise. Ils font un usage sélectif du discours prédominant d'alors en matière de gestion des rivières et recherchent, dans les tribunes scientifiques et politiques, les idées qui leur permettront d'appuyer leurs revendications. Les idées et autres appellations stratégiques sont inévitablement traduites et modifiées lorsqu'elles « atterrissent » sur la scène locale. Les appellations « positives » peuvent avoir une influence sur l'acceptation et la mise en œuvre locales d'une politique, mais elles ne peuvent la déterminer. Au niveau local, les appellations sont susceptibles de s'enchevêtrer peu à peu dans d'autres appellations et interprétations. Les politiques à objectifs multiples s'avèrent particulièrement exposées aux critiques des « puristes » et des adversaires focalisés sur une question unique. Les gestionnaires de projets doivent anticiper la dynamique de la reformulation et être en mesure d'adapter le discours et les appellations le cas échéant, lorsqu'ils craignent qu'ils ne deviennent des fardeaux. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article analyzes the discursive strategies surrounding the implementation of the Dutch water safety program ‘Room for the River'. When this program was announced, it was heralded as a paradigm shift fitting in with the ongoing transition to ‘living with water'. Yet announcing a paradigm shift is not the real thing. When a policy is made, it is still a dead letter. For it to become implemented, people have to act on it as if it is a reality. It needs to be socially produced – and reproduced. The present article looks at how the new river policy initiative is ‘translated' to the local level, how discourse coalitions ‘pro' and ‘contra' develop and how they discursively defend their claims. In this ‘translation process' elements of the original policy narrative are selected and reinterpreted to fit into the specific purposes of local stakeholders. While its protagonists have been active in promoting the program as a successful ‘paradigm shift', others have questioned this claim. This contribution inventories the different narratives of success and failure on Room for the River, by homing in on an indicative case study. We show how elements of the official policy narrative are used, broadened, questioned or reinterpreted by local actors to defend their specific point of view. Their narratives try to weld discursive alliances between catchy rhetorical devices, normative values and sources of expertise. They make selective use of the dominant narrative of current river management speak, and ‘shop' between scientific and policy venues to support these claims.Points for practitionersPolicy ideas and labels are inevitably translated and modified as they ‘land' in the local arena. A ‘success' label may influence but cannot determine local acceptance and implementation of a policy. Locally, labels are likely to become tangled with other labels and interpretations.Multi-objective policies prove particularly vulnerable to criticism from ‘purist' and one-issue opponents. Project managers should anticipate the dynamics of reframing and be able to adjust that discourse and labeling where necessary lest they become burdens. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RISA_774_0813 |