Titre | Ouvrir les camps, fermer les yeux | |
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Auteur | Georges Didi-Huberman | |
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Revue | Annales. Histoire, Sciences Sociales |
Numéro | vol. 61, no 5, octobre 2006 Innovation, marché, culture technique | |
Rubrique / Thématique | Falkenau 1945 |
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Page | 1011-1049 | |
Résumé |
Au moment même où il est devenu possible de commémorer en grande pompe la libération
d'Auschwitz, la connaissance historique des camps se heurte encore à un problème de
méthode : il demeure très difficile d'articuler la lisibilité de l'histoire à la visibilité des
documents, photographiques ou cinématographiques, qui témoignent de cette période,
depuis juillet 1944 (l'ouverture de Majdanek par l'armée soviétique, filmée par Roman
Karmen) jusqu'en mai 1945 (l'ouverture de Falkenau par l'armée américaine, filmée par
Samuel Fuller). Les exigences théoriques formulées par Walter Benjamin à l'endroit de la
connaissance historique permettent cependant de mieux articuler le constat au récit, l'état
des lieux à l'« état du temps », l'image à sa « légende ». Le film réalisé par Samuel Fuller
à Falkenau, puis recontextualisé par Emil Weiss en 1988 nous montre exemplairement
comment des images de l'horreur peuvent être rendues à une certaine condition ? esthétique, éthique ? de lisibilité, afin que soit reconnue avec dignité de quelle indignité les
hommes sont capables. Façon de montrer à l'?uvre une très ancienne coalescence de
l'imago avec la dignitas civile. « Brève leçon d'humanité en vingt et une minutes » d'images
tremblantes, comme disait l'auteur même de ces images. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=ANNA_615_1011 |