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Titre L'esthétique sociale entre philosophie et sciences sociales
Auteur Barbara Carnevali
Mir@bel Revue Tracés
Numéro Hors-série no 13, 2013/3 Philosophie et sciences sociales
Rubrique / Thématique
Articles
Page 29-48
Résumé Cet article propose une réflexion sur le rapport entre philosophie et sciences sociales dans une perspective philosophique. Il prend pour point de départ un programme de recherche nommé « esthétique sociale », dans lequel convergent différentes disciplines telles que la sociologie, la littérature et l'histoire des arts. La validité problématique de cette recherche est illustrée par une série d'exemples de phénomènes esthético-sociaux, tels que le style de vie, le prestige, le luxe, tous situés à l'intersection des domaines de compétence des sciences sociales et de l'esthétique entendue aussi bien comme théorie de la perception (aisthesis) que comme théorie des arts. Une fois l'esthétique sociale définie comme un savoir ayant pour objet « la manifestation sensible du social », l'article s'interroge sur le modèle de connaissance particulier produit par cette collaboration entre disciplines ainsi que sur le rôle qu'y joue la philosophie. Dans le respect de la légitimité des frontières comme des compétences spécifiques des sciences sociales, sans prétendre exercer un quelconque magistère sur elles, bien au contraire, la philosophie se veut ici un « savoir de synthèse » : elle se donne pour tâche de connecter entre elles et de structurer en un tout cohérent les connaissances empiriques offertes par les sciences sociales. Cet effort de problématisation, d'homogénéisation et d'articulation, propre à la démarche philosophique, est complété par le recours à une approche historico-généalogique, illustrée par l'exemple de l'histoire de la partition disciplinaire entre esthétique et économie qui remonte au XVIIIe siècle. Dans cette analyse, la philosophie démontre son potentiel critique : elle permet de remettre en question des a priori qui organisent la conception actuelle du savoir, notamment les oppositions entre utile et inutile, nécessité et gratuité, de même qu'elle relie des sphères de réalité apparemment très distantes les unes des autres.
Résumé anglais This paper investigates relations between philosophy and social science in the field of social aesthetics, which brings together such disciplines as sociology, literature, and art history, from a philosophical prospective. The main problems of social aesthetics are illustrated by a series of social and aesthetic phenomena (such as lifestyle, prestige, and luxury) at the intersection of social science and aesthetics (interpreted both as theory of perception and theory of arts). Social aesthetics is defined as the study of appearance in the society. The paper investigates the knowledge model and theoretical foundations of this interdisciplinary field. Respecting legitimacy and disciplinary boundaries of social science, the papers reminds us that the domain of philosophy is synthesis, ability to bring together and to give a coherent structure to empirical knowledge derived from social science. Philosophy is concerned with problematisation, homogenisation, and articulation, and also with history and genealogy: these domains are illustrated by a history of the divide between aesthetics and economy, which dates back to the 18th century. The example demonstrates critical potential of philosophy, since it allows us to question several a priori concepts that frame our idea of knowledge (such as opposition between useful and useless, necessary and gratuitous), to connect, and to find analogies between seemingly distant spheres of reality.
Article en ligne http://traces.revues.org/5685