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Titre Le sociologue et le prophète. Weber et le destin des modernes
Auteur Bruno Karsenti
Mir@bel Revue Tracés
Numéro Hors-série no 13, 2013/3 Philosophie et sciences sociales
Rubrique / Thématique
Articles
Page 167-188
Résumé Dans les sociétés modernes, le statut de fondement normatif qu'on peut accorder à une autorité qui soit spécifiquement intellectuelle constitue, pour la philosophie comme pour la sociologie, une question décisive. La thèse ici défendue est qu'elle est une question de sociologie avant d'être une question de philosophie. Plus exactement, comme le montre l'œuvre wébérienne, elle se détache sur fond d'une sociologie comparée des religions, et s'éclaircit tout particulièrement dans l'opposition, qui est au centre de la conférence La vocation de savant de 1917, entre une certaine figure dévoyée du prophétisme, celle du « prophète de la chaire », et le savant en possession d'une éthique professionnelle bien fondée. Sous cet angle, la lecture critique qui est faite de ce texte célèbre s'efforce de montrer que, loin d'abolir toute référence à la religion en contexte sécularisé, la réflexion de Weber culmine en une redéfinition de ce qu'elle peut signifier pour les modernes, si tant est qu'ils sont encore en mesure de se porter à la hauteur du destin singulier qui les caractérise.
Résumé anglais In modern societies, the fact that a specifically intellectual authority acts as a normative basis is a crucial question, in philosophy as in sociology. This paper argues that it is primarily a sociological question, before being a philosophical one. More precisely, as Max Weber's work shows, it can be approached in the context of a comparative sociology of religions, a dimension well brought to light by the opposition between a corrupted figure of the prophet – the « chair prophet » –, and that of the scientist endowed with well-established professional ethics – an opposition central to his 1917 conference Science as a Vocation. In that regard, Weber's text is viewed in a critical way, as this paper shows that, far from abandoning all reference to religion in a secularized context, Weber's thinking eventually redefines what it may mean for social scientists in the Modern era, if however they are able to measure up to its singular fate.
Article en ligne http://traces.revues.org/5743