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Titre « De la démocratie en Amérique » et l'intraduisibilité de l'anglais
Auteur Michaël Oustinoff
Mir@bel Revue Hermès (Cognition, Communication, Politique)
Numéro no 56, 2010 Traduction et mondialisation
Rubrique / Thématique
II. La traduction et les nouvelles formes de la communication multilingue
Page 71-76
Résumé Tocqueville avait inclus dans son ouvrage majeur, De la démocratie en Amérique, un chapitre entier dont le titre parle de lui-même : « Comment la démocratie américaine a modifié la langue anglaise. » Effectivement, il n'existe plus une seule forme d'anglais, mais plusieurs, ou, pour reprendre une formule célèbre, l'Angleterre et les États-Unis sont séparés par la même langue. Autrement dit, l'intraduisibilité est au cœur de chaque langue. Aux yeux de Tocqueville, Britanniques et Américains ne parlent pas la même langue car ils vivent dans des sociétés différentes. La question des langues ne saurait se réduire à leur dimension uniquement linguistique ou purement abstraite à l'heure de la mondialisation. Il faut étendre la perspective à ses aspects sociétaux et politiques, en procédant à toutes les recontextualisations culturelles sans lesquelles la communication risque d'être irrémédiablement faussée : la traduction passe aussi par cette ligne de partage au sein de chaque langue, à commencer par l'anglais.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais “Democracy in America” and the Untranslatability of English
As discussed by Tocqueville in an entire chapter of his major work, “Democracy in America”, whose title speaks for itself – “How American Democracy has Modified the English Language” – there is not a single English language, but several. Or, to quote George Bernard Shaw's well-known aphorism, “England and America are two countries divided by a common language”. In other words, in language, the untranslatable is central. In Tocqueville's view, the British and the Americans do not speak the same language because they live in different societies. The question of language, especially in our globalised world, goes far beyond the purely linguistic or purely abstract dimension. Languages have to be considered also from their societal and political angles, with cultural recontextualisation at every step : failing this, communication can irremediably break down. Translation also has to take this divide within each language on board, in English first of all.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=HERM_056_0071