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Titre La marque du père : Sur une notation de Pu Songling à propos de sa naissance
Auteur Rainier Lanselle
Mir@bel Revue Extrême-Orient, Extrême-Occident
Numéro Hors-série no 2, 2012 Père institué, Père questionné
Rubrique / Thématique
Le père comme nom et comme fonction
Page 83
Résumé Pour la théorie psychanalytique, le père n'est pas qu'une personne réelle. C'est d'abord une place, une fonction, qui ouvre au sujet l'accès au domaine du symbolique. Opérateur clé dans l'ordre du langage, il est ce par quoi s'effectuent la nomination et l'avènement de l'Autre, subjectif et sexuel. Son nom est partie prenante du désir de la mère et de la manière dont le sujet y répond, en en passant par ce processus de perte d'un objet imaginaire qui a pour nom castration. À cause de son rôle qui en fait l'agent du manque, la présence du père, dans cette acception, n'est pas toujours facile à repérer – c'est qu'elle relève du signifiant plus que d'un acteur réel. Elle n'en est pas moins opérante. Le Liaozhai zhiyi de Pu Songling (1640-1715), avec sa fantasmatique de femmes toutes-puissantes et « phalliques », d'horreur et d'innommable, ne cesse d'évoquer la défaillance possible de ce nom. Faute de se rappeler l'inscription en filigrane de ce dernier, bien des contes de la collection restent incompréhensibles. L'importance de cette inscription n'est pas le fruit d'une imagination post-moderne : elle est très expressément portée à notre connaissance par Pu Songling lui-même, qui nous dit qu'il porte sur son corps cette marque du manque, qui est la marque du père.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais For psychoanalytical theory, the father is not a real person only. He is, first of all, a place, a function, by means of which the subject is given access to the realm of the symbolic. As a key operator in the order of language, the father is what brings about naming and the advent of the subjective and sexual Other. His name is involved in the desire for the mother and in the way the subject is to deal with it, passing through a process of loss of an imaginary object called castration. Because of his role as an agent of loss, the father's presence, in this understanding, is not always easy to spot, as it is more of a linguistic signifier than a true person. It exists and acts nonetheless. Pu Songling's (1640-1715) Liaozhai zhiyi, with its fantasies of all-powerful and “phallic” women, of horror and of the unspeakable, never stops evoking the possible failure of the father's name. If one does not recall the implicit presence of its inscription, many stories in the collection are incomprehensible. The importance of this inscription is not due to some post-modern imagination: it is explicitly evoked by Pu Songling himself, who tells us how he bears on his own body this mark of the lack, which is the mark of the father.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=EXTRO_HS01_0083