Titre | L'anamnèse du colonialisme allemand | |
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Auteur | Johannes WENDT | |
Revue | L'Homme et la société | |
Numéro | no 175, 1er trimestre 2010 Adieux aux colonialismes | |
Rubrique / Thématique | Adieux aux colonialismes (II) |
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Page | 57-80 | |
Résumé |
« Seuls ceux qui connaissent le passé ont un avenir ». Wilhelm von Humboldt s'est servi de ce lieu commun pour souligner la signification morale de l'historiographie. Cependant, la plupart des représentants de la discipline se sont abstenus de faire affleurer à la conscience historique le génocide perpétré dans les colonies allemandes. Et lorsque les soixante-huitards ont confronté la génération de leurs pères aux massacres de masse de l'époque nazie, ils ont épargné leurs grands-pères et les atrocités commises en territoire usurpé sur d'autres continents. Malgré son engagement contre le néocolonialisme et pour la solidarité internationale, la gauche allemande a négligé d'affronter l'impérialisme et le racisme dans les colonies perdues lors de la première guerre mondiale. Ce n'est que ces dernières décennies que s'est affirmée une demande forte pour que soient clarifiés les crimes coloniaux. Mais cette clarification n'est pas encore parvenue jusqu'aux manuels scolaires et jusqu'à l'enseignement universitaire. Et la commémoration officielle masque les faits historiques derrière de pieuses paroles. Le mot d'ordre de Humboldt est inscrit depuis l'automne 2009 au cimetière de la garnison à Berlin, avec un hommage global rendu aux victimes du régime colonial allemand, sur une plaque de granit placée devant la pierre « Afrique » dédiée jusqu'à présent uniquement à 27 « héros » des « troupes de protection » allemandes tombés en Namibie. Pas un mot du génocide perpétré contre les Hereros, Nama, Damara et San. Les initiatives pour éradiquer les noms de criminels coloniaux des plaques de rues de Berlin sont jusqu'à présent restées vaines, à deux exceptions près. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
« Only those knowing the past have a future. » Thus did Wilhelm von Humboldt emphasise the fundamental importance of a moral sense in history. Nevertheless, most students of German history have so far avoided mention of the existence of génocide in the colonies of Imperial Germany. When the 1968 movement confronted their fathers with the mass murders of the Nazi era, they failed to face their grandfathers with the cruelties they perpetrated on more than one continent in the conquered territories of the German Empire. Regardless of their dislike of neo-colonialism and their commitment to international solidarity, the German Left did not acknowledge the problems created by imperialistic and racist attitudes in the colonies lost in World War I. Only in past décades has there been a demand for a thorough clarification of colonial crimes. Unfortunately, the results of this clarification have yet to reach textbooks and history courses. Furthermore, pious official commémorations tend to hide historical facts. Only since the autumn of 2009 at the Berlin Garrison Cemetery (Garnisonfriedhof) have Humboldt's slogan and a common acknowledgment of the victims of Germany's colonial rule been recorded on a granite slab in front of the African Stone. Prior to then, this stone was dedicated only to 27 « heroes », members of the German « protection force » in Namibia. Not a single word about the génocide of Herero, Nama, Damara and San. So far, with but two exceptions, all initiatives to erase from Berlin street signs tne names of German war criminals have proved unsuccessful. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LHS_175_0057 |