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Titre Le massacre de Nankin : mémoire et oubli en Chine et au Japon
Auteur Rana Mitter
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 94, avril-juin 2007 Mémoires Europe-Asie
Rubrique / Thématique
Mémoires Europe-Asie
Page 11
Résumé La polémique autour des événements qui se déroulèrent à Nankin pendant l'hiver 1937-1938 est devenue une pierre d'achoppement des relations sino-japonaises au 21e siècle. Cet article soutient que la capacité de la Chine et du Japon à dépasser la controverse actuelle ne dépend pas seulement d'exercices d'interprétation historique. Au contraire, le « devoir de mémoire » exige que les deux parties se demandent pourquoi les événements de 1937-1938 furent si longtemps dissimulés en Chine, et pourquoi émerge un nouvel enthousiasme parmi les Japonais qui demandent que leur rôle en Asie avant 1945 soit considéré comme positif. L'article examine en outre dans quelle mesure l'histoire du massacre fut éludée durant la guerre froide et, à partir des années 1980, la république populaire de Chine donna une priorité plus haute à la réunification avec Taiwan, cherchant ainsi une nouvelle source de légitimité politique après le déclin du maoïsme. Au Japon, la controverse sur les années de guerre fut à nouveau déclenchée par des enquêtes d'historiens et de journalistes de gauche, suscitant des réactions à droite. Le massacre de Nankin prit une nouvelle importance dans cette discussion alimentée par la construction du musée qui lui est consacré et par l'émergence, en Chine, d'un genre inédit de littérature sur le massacre. En reconnaissant publiquement les raisons pour lesquelles le massacre fut dissimulé pendant tant d'années, la transparence des Chinois sur la partialité de leur propre historiographie peut représenter un défi pour les Japonais qui faussèrent les points de vue sur un massacre qu'ils condamnent aujourd'hui à juste titre.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The controversy over what happened in Nanjing in the winter of 1937-1938 has become a stumbling block in Sino-Japanese relationships in the 21th century. This article argues that the ability of China and Japan to move beyond the current controversy does not simply depend on exercises in historical interpretation alone. On the contrary, the “duty of memory” demands that both sides ask why in China the events of 1937-1938 were concealed for so long itself, and why there is such a new enthusiasm in Japan for claiming that their role in Asia before 1945 was a positive one. The paper examines to what extent the history of the massacre was eluded during the Cold War, and how, from the 1980s on, the People's Republic of China gave higher priority to the reunification with Taiwan, seeking in it a new source of political legitimacy after the decline of Maoism. In Japan, controversy over the war years was ignited again by investigations carried out by historians and journalists from the left, provoking reactions from the right. The Nanjing massacre gained a new prominence in this discussion, fuelled by the building of the Nanjing massacre memorial museum, and the development of a new genre of literature in China concerning the massacre. In acknowledging publicly the reasons why the massacre, and its context, were concealed from view for so long, the new Chinese openness about the partiality of their own historiography can be seen as a challenge to the Japanese who now rightly condemn their own biased views of the massacre.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_094_0011