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Titre Günter Grass et la Waffen-SS : la mémoire maudite d'un prix Nobel allemand
Auteur Thomas Serrier
Mir@bel Revue 20 & 21. Revue d'histoire
Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire
Numéro no 94, avril-juin 2007 Mémoires Europe-Asie
Rubrique / Thématique
Mémoires Europe-Asie
Page 87
Résumé Devançant de quelques jours la publication de sa nouvelle autobiographie Beim Häuten der Zwiebel (En épluchant les oignons), Günter Grass, prix Nobel de littérature 1999, a créé la sensation en révélant, dans un entretien accordé au Frankfurter Allgemeine Zeitung le 11 août 2006, qu'il avait servi dans la Waffen-SS à la fin de la seconde guerre mondiale, contrairement au récit flou et édulcoré qu'il avait jusqu'alors fait de son expérience du front. Les débats intenses que ces aveux tardifs et embarrassés ont suscités en Allemagne et à l'étranger ont d'une part pris la forme d'un retour complexe sur la spécificité de la Waffen-SS en 1945. Ils ont d'autre part mis l'accent sur le long délai de ce refoulement et sur le paradoxe essentiel de la vie et de l'œuvre littéraire et politique de Grass, combinant un mensonge d'une durée de soixante ans et un engagement inlassable pour faire advenir la parole sur le Troisième Reich et assumer tout le passé nazi. Si cette affaire, à partir du cas individuel d'une personnalité centrale des débats publics allemands, montre le poids du traumatisme de la honte propre à cette génération, elle est aussi l'occasion d'une réinterprétation nuancée de la gestion allemande de la mémoire du nazisme depuis 1945.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais On August 11, 2006, just a few days before the publication of his new autobiography, Beim Häuten der Zwiebel (Peeling the Onion), Günter Grass, the 1999 winner of the Nobel Prize in literature, dramatically revealed, that he had served in the Waffen-SS during the last months of World War 2, in an interview published in the Frankfurter Allgemeine Zeitung. This was in complete contradiction with the somewhat vague and toned down he had previously painted of his experiences during the war. The intense discussions that these late and uneasy confessions have started in Germany and elsewhere have raised two different questions. On the one hand, the debate has led to a complex questioning about the specific nature of the Waffen-SS in 1945. On the other hand, it has highlighted the length of time it has taken for this repressed memory to come to the fore and the essential paradox of the life, literary and political work of Günter Grass which combined a sixty years lie with a tireless crusade for the truth about the Third Reich and the Nazi past of his country. This affair, which concerns someone who has been central to public debate in Germany on this question, has had two important outcomes: it shows how heavily the trauma of shame lies on the shoulders of this generation and it also provides the occasion for a balanced re-interpretation of the way in which Germany has managed the memory of Nazism since 1945.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_094_0087