Titre | Le Goulag contre la Shoah : mémoires officielles et cultures mémorielles dans l'Europe élargie | |
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Auteur | Emmanuel Droit | |
Revue |
20 & 21. Revue d'histoire Titre à cette date : Vingtième siècle, revue d'histoire |
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Numéro | no 94, avril-juin 2007 Mémoires Europe-Asie | |
Rubrique / Thématique | Mémoires Europe-Asie |
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Page | 101 | |
Résumé |
Cet article entend mettre en lumière le « rideau de fer mémoriel » entre l'Europe occidentale et l'Europe postsocialiste. D?un côté, l'extermination des juifs constitue en Occident le crime le plus abominable dans l'échelle des horreurs du 20e siècle, si bien qu?Auschwitz est devenu depuis la fin des années 1970 le symbole du mal absolu. De l'autre, les anciens pays du bloc de l'Est, et plus particulièrement les candidats à l'entrée dans l'Union européenne, mettent en avant la mémoire douloureuse de l'occupation soviétique. Le poids de la mémoire de la Shoah est critiqué par les Européens de l'Est qui pensent que les Occidentaux relativisent les crimes du communisme. En retour, les Occidentaux dénoncent l'antisémitisme des Européens de l'Est. Sous la pression de l'Union européenne, de nombreux pays d?Europe de l'Est ont entamé une phase d?anamnèse. Toutefois, en dépit d?une politique officielle visible, la place de la Shoah dans la mémoire collective des sociétés civiles de ces pays est encore limitée. Au sein même de l'ancien bloc de l'Est, les anciennes républiques soviétiques proches de la Russie continuent de célébrer la « Grande Guerre patriotique » et d?occulter plus ou moins le travail de mémoire sur la Shoah. Ce dialogue de sourds entre Europe de l'Ouest et Europe de l'Est est une réalité durable. C?est pourquoi des intellectuels comme Jorge Semprun appellent à la reconnaissance mutuelle des mémoires de la Shoah et du Goulag, base d?une future mémoire européenne. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
This article sheds light on the Iron Curtain which divides collective memory in Western Europe and postsocialist Europe. In Western Europe, the extermination of the Jews during World War 2 represents the most abominable crime on the scale of 20th-century horrors, to such an extent that since the end of the 1970s Auschwitz has become a symbol of absolute evil. However, in the former Soviet countries, and especially those who are currently European Union candidate countries, the stress is put above all on the very painful memory of Soviet occupation. Eastern Europeans are critical of the weight given to the memory of the Shoah as they believe that Western Europeans minimize the crimes of communism in relation to the extermination of the Jews. In return, Western Europeans denounce Eastern European anti-Semitism. Under pressure from the European Union, many Eastern European countries have begun a phase of anamnesis. However, in spite of official policy, collective memory of the Shoah among civil society in these countries is still limited. Within the former communist bloc the former Soviet republics which remain close to Russia continue to celebrate the ?Great Patriotic War? masking attempts to cultivate collective memory of the Shoah. This dialogue of the deaf between Western and Eastern Europe is a enduring reality. It is for this reason that intellectuals like Jorge Semprun are calling for the establishment of a mutual recognition of memories of both the Shoah and the Gulag throughout Europe which would serve as a basis for a future common European memory. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=VING_094_0101 |