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Titre V.V. Pokhlëbkin and the search for culinary roots in late Soviet Russia
Auteur Adrianne K. Jacobs
Mir@bel Revue Cahiers du monde russe
Numéro volume 54, no 1, janvier-mars 2013 L'expérience soviétique à son apogée. Culture et société des années Brežnev I
Rubrique / Thématique
Mobiliser le passé : encadrement de la mémoire collective vs. pratiques sociales de conservation
Page 165-186
Résumé Cet article s'appuie sur les écrits de V.V. Pohlëbkin (1923-2000), influent expert soviétique en gastronomie, pour explorer les interconnections de la culture alimentaire avec l'identité nationale et les conceptions de l'autorité en Russie à la fin de l'époque soviétique. Dans les années Brežnev, Pohlëbkin a commencé à détacher la culture alimentaire russe de certains des grands principes de la pratique culinaire soviétique. Prenant ses distances avec les modèles « scientifiques » de repas approuvés par les médecins et nutritionnistes soviétiques, Pohlëbkin a insisté pour inscrire les décisions culinaires de base dans la tradition et les coutumes historiques. Son travail a ainsi représenté le volet gastronomique d'un « tournant historique » plus important qui marqua alors la culture à la fin de l'époque soviétique. Cette quête de continuité historique exprimait un désir de racines culturelles et nationales stables et une réaction aux bouleversements survenus pendant la première moitié du siècle. Après 1991, Pohlëbkin s'est engagé davantage encore dans les visions nationalistes du renouveau culturel de la Russie. Cet « historicisme gastronomique » n'a pas été le fait des seules années Brežnev, il a perduré au cours des décennies, passant au travers des ruptures de la perestroïka et de l'effondrement. Plus globalement, les vues de Pohlëbkin avaient leurs parallèles dans les discours publics contemporains sur l'alimentation aux États-Unis et partout en Europe. Ceci laisse à penser qu'à la fin du XXe siècle, la Russie partageait avec d'autres sociétés industrialisées un malaise postmoderne qui trouvait partiellement son expression dans la quête de cultures alimentaires traditionnelles nationales historiquement stables.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais This article uses the writings of influential Soviet food expert V.
V. Pokhlëbkin (1923-2000) to explore the intersection of food culture, national identity, and conceptions of authority in late Soviet Russia. Pokhlëbkin began in the Brezhnev years to push Russian food culture away from some of the central conventions of accepted Soviet culinary practice. Eschewing “scientific” modes of dining approved by Soviet nutritional and medical experts, Pokhlëbkin insisted on rooting culinary decisions in historical tradition and custom. His work thus represented the gastronomic side of a larger “historical turn” taking place in late Soviet culture. This search for historical continuity embodied a desire for stable national and cultural roots, and a reaction against the upheavals of the previous half-century. After 1991, Pokhlëbkin committed more fully to nationalist visions for Russia's cultural renewal. Not solely a product of the Brezhnev years, then, this gastronomic historicism persisted through the decades, cutting across the ruptures of perestroika and collapse. More broadly, Pokhlëbkin's views found parallels in contemporaneous public discourses about food in the US and across Europe. These commonalities suggest that, in the late twentieth century, Russia shared with other industrialized societies a late-modern malaise that expressed itself in part through a search for historically stable, nationally rooted food cultures.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CMR_541_0165