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Titre Ernest Gaines : les deux autobiographies de Miss Jane Pittman, ou le père fondateur retrouvé et perdu
Auteur Marie Liénard
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 24, novembre 2006 Les pères fondateurs refoulés
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 79-98
Résumé L'article traite des deux versions de L'Autobiographie de Miss Jane Pittman. Il examine les différences entre le roman d'Ernest J. Gaines et le film, en explorant le cultural work opéré par le film et le côté « refoulé » de l'?uvre de Gaines. Roman et film correspondent en effet à des projets très différents. Gaines cherche à donner voix à un passé et une histoire ? celle du peuple noir ? et rappelle, pour les renouveler, les principes fondamentaux qui président à la fondation des États-Unis : égalité, liberté et unité. Il pourrait ainsi être appelé père fondateur : en médiateur entre l'individu (le citoyen) et le collectif (la nation), il articule la tension entre ces deux protagonistes de l'histoire. Le film oublie, en le gommant, cet héritage et la démarche fondatrice de Gaines. Le film fait en effet ?uvre d'histoire différente, témoigne d'une autre histoire ? orchestrant le refoulement de l'« autre » histoire ; il est destiné à résoudre en l'exprimant ? même implicitement ? ce qui a été appelé la « culpabilité blanche » (white guilt). Alors que le roman s'attachait à traduire l'imaginaire de la parole collective, le film vise d'abord à rassurer un public blanc. En nouveau père fondateur, Gaines invite à trouver le sens commun du « e pluribus unum », dans l'adhésion à projet, à une vision initiale de l'Amérique comme promesse et expérience plutôt que l'illusion homogénéisante donc hégémonique de l'expérience américaine. Or les pères fondateurs restent pour Gaines à la fois un lieu de mémoire à habiter et un espace mémoriel à imaginer.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_024_0079