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Titre L'injustifiable majorité ? Loi naturelle et logiques majoritaires dans la pensée politique de John Locke Christopher Hamel et Juliette Roussin
Auteur Christopher Hamel, Juliette Roussin
Mir@bel Revue Raisons Politiques
Numéro no 53, mars 2014 Décider à la majorité. Pourquoi ?
Rubrique / Thématique
Dossier
Page 81
Résumé Le présent article se propose d'analyser la justification de la règle de majorité dans les quelques paragraphes qu'y consacre John Locke dans le Second traité du gouvernement civil. Partant de l'interprétation ingénieuse qu'en a récemment donnée Jeremy Waldron, nous montrons que le pouvoir de la majorité ne doit sa légitimité que dans les conditions morales définies par la loi de nature dans l'univers lockéen, et suggérons que le concept contemporain de « circonstances de la politique » sur lequel Waldron entend fonder sa reconstruction ne parvient pas à saisir la spécificité, et indissociablement la limite, de la justification de la règle de majorité dans ces paragraphes du Second traité. L'étude détaillée du texte nous permet en effet d'établir que les différents arguments qu'y développe Locke ne fournissent pas de justification véritablement satisfaisante de la règle de majorité. Nous examinons enfin le sens de la mention de la majorité du peuple dans le contexte de la résistance, pour montrer que la logique majoritaire qui s'affirme au moment de la dissolution du gouvernement et de l'entrée des individus en résistance ne saurait être identifiée à celle qui opère lors de la création de la société politique.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais The Unjustifiable Majority? Natural law and majority rule in John Locke's political thought This article considers the justification of majority rule found in John Locke's Second Treatise on Civil Government. We first consider Jeremy Waldron's recent interpretation, showing that, in Locke's thought, the power of the majority owes its legitimacy only to moral conditions defined by natural law. We then suggest that the contemporary notion of “circumstances of politics”, upon which Waldron grounds his reconstruction, fails to grasp the specificity and, inextricably, the limits of the defense of majority rule in these sections of the Second treatise. Detailed analysis of the text shows that the different arguments Locke develops do not provide a genuinely satisfactory justification of majority rule. Finally, we consider the reasons Locke makes mention of the majority of the people in the context of resistance, and show that the majoritarian scheme which takes place when the governement is dissolved and individuals go into resistance should not be identified with the scheme that operates when a political society is created.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_053_0081