Titre | La règle de majorité en démocratie : équité ou vérité ? | |
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Auteur | Charles Girard | |
Revue | Raisons Politiques | |
Numéro | no 53, mars 2014 Décider à la majorité. Pourquoi ? | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 107-137 | |
Résumé |
Les procédures de prise de décision peuvent être justifiées en démocratie en invoquant soit leur caractère équitable, soit leur aptitude à produire de bonnes décisions. La théorie politique contemporaine tend à privilégier la première voie, car elle n'oblige pas à distinguer entre bonnes et mauvaises décisions, et donc à départager les opinions politiques en fonction de leur justesse ou de leur fausseté. La principale vertu de la règle de majorité serait ainsi de donner un poids égal à toutes les opinions exprimées dans le vote, indépendamment de leur contenu. Contre cette thèse, cet article montre qu'une justification démocratique cohérente du recours à la règle de majorité ne peut pas faire l'économie de considérations épistémiques. Si le vote majoritaire doit être préféré aux autres modes de prise de décision disponibles, c'est parce qu'il permet seul de satisfaire en même temps, autant qu'ils peuvent l'être, le souci de l'équité et le souci de la vérité. Le vote à la majorité est plus équitable que la négociation, le concours ou d'autres règles de vote, mais il ne l'est pas autant que le tirage au sort pondéré par le vote. Il est toutefois plus sensible que cette procédure à la valeur assignée par les électeurs aux options en présence. Ces deux soucis, en outre, ne sont pas contradictoires, car le traitement égal des opinions individuelles ne présuppose pas une épistémologie politique relativiste, mais plutôt faillibiliste. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
Majority rule in democracy: truth or fairness?
Decision-making procedures can be justified in democracy by invoking either their fairness or their ability to produce good outcomes. Recent political theory has often favored the first approach, since it does not require to discriminate between good and bad decisions, and thus to decide between political opinions. In such a view, the main advantage of majority rule is that it treats all expressed opinions fairly by giving each an equal weight, without any regard for their content. Against such a claim, this article contends that one cannot justify the use of majority rule without referring to epistemic considerations. If majority rule is to be favored over other available procedures, it is because it alone can meet simultaneously – as much as this is possible – concerns for fairness and for truth. It is fairer than decision-making via bargaining or contest, but it is also more responsive than lottery voting to the value assigned to the competing options. Furthermore, concerns for fairness and for truth are not incompatible, since the principle of equal treatment of all opinions does not rest on relativism, but on faillibilism. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=RAI_053_0107 |