Titre | Esquisse d'une morphologie kénotique du rite religieux (1re partie) | |
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Auteur | Philippe Oliviéro | |
Revue | Sociétés | |
Numéro | no 92, 2006/2 Religiosités et initiations | |
Rubrique / Thématique | Dossier |
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Page | 35-59 | |
Résumé |
Dans cet article, nous reprenons à nouveaux frais une analyse du rite religieux en explorant l'hypothèse de la morphologie kénotique (vide) de ce système adaptatif complexe. Cette analyse intègre deux précédentes recherches sur le rite religieux, l'analyse pragmatique, l'Homme rituel étant analysé en tant que créateur et expérimentateur de solutions immédiatement efficaces en réponse aux problèmes de l'existence, et l'analyse sémiologique de la structure référentielle du rite religieux, l'Homme rituel y étant analysé en tant que créateur et herméneute, crypteur et décrypteur de signes (Oliviéro et Orel, 1990). L'hypothèse kénotique souhaite dépasser le constat de l'universalité anthropologique de l'existence des rites et de la variabilité de leurs explications rituelles (l'autoréférentialité rituelle), afin d'analyser précisément l'articulation de deux séries de kénoses, de vides, sur lesquelles reposent l'efficience universelle du rite religieux, les vides de la subjectivité et les vides des référents extra-rituels, la figure de Dieu pour l'essentiel. Notre analyse se situe dans l'horizon phénoménologique de la subjectivité qui expérimente dans le rite la dialectique de l'absence d'une présence plénière au niveau ontologique (vides du sujet) et de la présence des kénoses dans le dispositif rituel (mises en signes, en scènes et en expérience des vides de Dieu). La morphologie kénotique du rite ne fonctionne cependant que dans l'horizon ontologique que le rite lui-même déploie, l'ontologie locale rituelle. La fragilité et la précarité des fonctionnalités adaptatives des vides de la réponse rituelle nécessitent leur adossement à de puissants processus immunologiques protecteurs et défenseurs. L'analyse kénotique tente un dépassement des théorisations apophatiques, impuissantes à penser la permanence anthropologique d'expériences religieuses rituelles créatrices d'ontologies positives adaptatives (sémiotique, éthique, philosophie, politique, etc.) fondées sur les vides, en raison non seulement de leur théorisation du discours comme épuisement du dire ? de l'être, du non-être, ou du faire ? mais encore plus profondément de leur théorisation de l'être humain trop exclusivement pensé sous la seule dimension du Logos, du discours, du « parlêtre » (J. Lacan) ou du signe (Saussure et structuralisme), aveugle ou oublieuse des autres dimensions de l'existence subjective et intersubjective, comme la dimension pathique (émotion, sensation, esthétique) (Pathos) ou la dimension de la volonté (maîtrise, contrôle, intention) (Kratos) (Oliviéro, 2001, a, b), qui développent leurs propres modalités et horizons de phénoménalisation de l'existence subjective et d'attente de réponses. Dans une première partie, nous décrivons les propriétés du rite en tant que système adaptatif complexe. Dans une seconde partie, nous décrivons trois kénoses majeures (cf. note 1), la néantisation, la symbolisation et le concept de Dieu. Les troisième et quatrième parties, qui feront l'objet d'une publication ultérieure, décrivent les processus immunologiques rituels protecteurs et défenseurs des kénoses et les fonctions adaptatives des kénoses. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=SOC_092_59 |