Titre | De l'honneur de la corporation à l'honneur de la patrie : Les étudiants de Göttingen dans l'Allemagne de la Première Guerre mondiale | |
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Auteur | Marie-Bénédicte Daviet-Vincent | |
Revue | Le Mouvement social | |
Numéro | no 194, janvier-mars 2001 Varia | |
Page | 39-65 | |
Résumé |
L'Université de Göttingen fournit un prisme privilégié d'observation des corporations
étudiantes allemandes à la fin de l'Empire. De recrutement social fermé et caractérisées par
une certaine éthique, ces dernières veulent faire de leurs membres de véritables hommes
d'honneur. Un des fondements de « l'éducation corporative » est notamment la nécessité de
réparer l'honneur individuel par les armes en cas d'offense. Proposant la protection des anciens
envers les plus jeunes et préparant les étudiants à leur vie tant professionnelle que sociale, les
corporations étudiantes peuvent être envisagées comme système de recrutement et de formation des élites allemandes. La célébration du centenaire de la bataille de Leipzig en 1913
commémore la victoire du peuple allemand contre Napoléon et réactive le patriotisme des
étudiants : ces derniers s'engagent ensuite massivement dans l'armée comme volontaires en
août 1914. La Première Guerre mondiale est l'occasion pour eux de mettre directement en
pratique les valeurs de l'engagement corporatif. La guerre apparaît comme un commerce de
l'honneur au niveau international, où il convient de réparer l'honneur de l'Allemagne que l'on
croit outragé. La manière dont est vécu le conflit peut être reconstituée à partir de lettres du
front et de journaux de guerre internes aux corporations : l'exigence de se montrer exemplaires au front apparaît pour les étudiants comme un « devoir » envers leur corporation avec qui
ils restent majoritairement en contact. Mais confrontés à la réalité du conflit, ils connaissent
des désillusions à partir de 1916 et déchantent face à une conception traditionnelle de
l'héroïsme guerrier qui semble archaïque dans la guerre de tranchées : si les étudiants ont
toujours le sentiment de former une élite au sein de leurs divisions militaires, celle-ci ne peut
être que d'ordre moral. Le traumatisme d'une défaite largement imputée à « l'arrière » les
conduit à désavouer la République de Weimar dès 1918 et à considérer les corporations
étudiantes comme fers de lance d'une restauration de la « vraie patrie allemande ». Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=LMS_194_0039 |