Contenu du sommaire : Varia
Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 194, janvier-mars 2001 |
Titre du numéro | Varia |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- D'une bureaucratie asiatique à la bourgeoisie cubaine... - Daniel Hémery p. 3-5
- L'infrabureaucratie vietnamienne au Bac Ky (Tonkin) de l'indépendance au protectorat : (fin du XIXe siècle-début du XXe siècle) - Emmanuel Poisson p. 7-24 Les employés des bureaux mandarinaux dans le Nord du Viêtnam constituent le « parent pauvre » d'historiographies fascinées par la figure majestueuse du mandarin. Cet article se propose donc de rendre compte de l'importance de cette infrabureaucratie placée entre les mandarins et les pouvoirs villageois. Toutefois l'étude du rôle de cette dernière conduit à s'interroger sur ses dysfonctionnements, fruits de l'ambivalence de la position des employés : indispensables relais du pouvoir mandarinal, ils étaient sociologiquement très proches de la notabilité villageoise.
- Les calculs politiques de la bourgeoisie face à la révolution de Fidel Castro - Marcos Winocur p. 25-37 Fidel et Raúl Castro ? ainsi que d'autres cadres tel Abel Santamaría, second chef lors de la prise de la caserne de Moncada en 1953, année qui marque le début de la lutte armée contre la dictature ? provenaient d'un mouvement dont le centre résidait au sein de l'Université. La rencontre avec la majorité de la population se produit ? une fois incorporé le Che Guevara, également d'origine universitaire ? à partir de 1956 lorsque la scène de la lutte armée se situe avec les paysans de la Sierra Maestra. Deux ans après, virtuellement toute l'île de Cuba prend le parti de Fidel Castro et de son Armée Rebelle, sans exclure la riche bourgeoisie du sucre qui assume une « neutralité » dans les faits favorable à la révolution, laissant ainsi sans soutien social le dictateur Fulgencio Batista. Opportunisme politique ? Peut-être, mais seulement en tant que résultante de facteurs de base ? concurrence avec les producteurs de sucre américains, saturation du marché mondial, etc. ? dont l'étude fait l'objet de cet article fondé sur des sources originales.
- De l'honneur de la corporation à l'honneur de la patrie : Les étudiants de Göttingen dans l'Allemagne de la Première Guerre mondiale - Marie-Bénédicte Daviet-Vincent p. 39-65 L'Université de Göttingen fournit un prisme privilégié d'observation des corporations étudiantes allemandes à la fin de l'Empire. De recrutement social fermé et caractérisées par une certaine éthique, ces dernières veulent faire de leurs membres de véritables hommes d'honneur. Un des fondements de « l'éducation corporative » est notamment la nécessité de réparer l'honneur individuel par les armes en cas d'offense. Proposant la protection des anciens envers les plus jeunes et préparant les étudiants à leur vie tant professionnelle que sociale, les corporations étudiantes peuvent être envisagées comme système de recrutement et de formation des élites allemandes. La célébration du centenaire de la bataille de Leipzig en 1913 commémore la victoire du peuple allemand contre Napoléon et réactive le patriotisme des étudiants : ces derniers s'engagent ensuite massivement dans l'armée comme volontaires en août 1914. La Première Guerre mondiale est l'occasion pour eux de mettre directement en pratique les valeurs de l'engagement corporatif. La guerre apparaît comme un commerce de l'honneur au niveau international, où il convient de réparer l'honneur de l'Allemagne que l'on croit outragé. La manière dont est vécu le conflit peut être reconstituée à partir de lettres du front et de journaux de guerre internes aux corporations : l'exigence de se montrer exemplaires au front apparaît pour les étudiants comme un « devoir » envers leur corporation avec qui ils restent majoritairement en contact. Mais confrontés à la réalité du conflit, ils connaissent des désillusions à partir de 1916 et déchantent face à une conception traditionnelle de l'héroïsme guerrier qui semble archaïque dans la guerre de tranchées : si les étudiants ont toujours le sentiment de former une élite au sein de leurs divisions militaires, celle-ci ne peut être que d'ordre moral. Le traumatisme d'une défaite largement imputée à « l'arrière » les conduit à désavouer la République de Weimar dès 1918 et à considérer les corporations étudiantes comme fers de lance d'une restauration de la « vraie patrie allemande ».
- Le don comme rituel en R.D.A. 1949-1989 : Instrument de domination et pratiques quotidiennes - Sandrine Kott p. 67-83 Travaillant sur les archives de grandes entreprises étatisées berlinoises, j'ai été frappée par l'omniprésence d'une rhétorique et d'une pratique officielle du don, qui s'apparente à un véritable rituel. C'est cette dimension ritualisée du don que j'ai choisi d'étudier ici. J'analyse d'abord comment se construit le rite du don en R.D.A.; il se fonde sur le sacrifice des héros auquel doit répondre la gratitude des individus. En ce sens, le don est bien, comme tout rituel politique, un instrument de pouvoir. Mais le don est aussi consubstantiel du projet socialiste de solidarité et de fraternité et c'est de cette manière qu'il est pratiqué officiellement dans les entreprises. Je m'interroge alors sur l'« efficacité » réelle de ces gestes rituels quotidiens et dans quelle mesure ils ont pu, progressivement, contribuer à asseoir la domination du parti et à modeler la société en prenant la forme de comportements partagés par les individus qui la composent. Ce faisant, c'est donc finalement la dimension intégratrice du don qui est mise en évidence.
- Notes de lecture - p. 84-109