Titre | De l'enracinement et du déracinement | |
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Auteur | Paul A. Silverstein | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 150, décembre 2003 Regards croisés sur l'anthropologie de Pierre Bourdieu | |
Rubrique / Thématique | Regards croisés sur l'anthropologie de Pierre Bourdieu |
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Résumé | De l'enracinement et du déracinement. Les thèmes de l'enracinement et du déracinement ont une longue histoire dans le discours concernant les cultures et les nations. Si les métaphores d'enracinement relient les personnes à des lieux dans une «métaphysique nationale», les situations d'exil, de migration et de «déplacement» ont tendance à être constituées avec le mot de «déracinement» en situation tragique de rupture morale. L'appropriation par Bourdieu et Sayad des figures de l'enracinement et du déracinement, jusque-là surtout utilisés par le discours conservateur, permet d'esquisser le portrait d'une Kabylie culturellement unifiée telle qu'elle était avant la guerre. La réalisation de l'enquête de terrain dans des conditions de guerre s'accompagne d'une dévalorisation de la notion de culture kabyle «pure» constituée et délimitée en un objet de «nostalgie structurelle» - une forme moderne de souvenir social largement partagée par Bourdieu et ses informateurs. Après la colonisation, la maison kabyle est aussi figée comme un trait culturel identitaire au point de nourrir la nostalgie d'un «temps avant le temps» dans le mouvement culturel berbère. | |
Résumé anglais | On roots and uprooting. The themes of roots and uprooting have a long history in the political discourse on cultures and nations. The metaphor of the roots that tie people to places in a «national» or even nationalistic «metaphysics» contributes to «pathologizing» situations of exile, migration and movement as «uprootings» and situations of moral rupture. Bourdieu's and Sayad's appropriation of the figures of roots and uprooting, previously used in conservative discourse, enables them to sketch the portrait of a culturally unified Kabylia such as it was before the war. The conduct of the field study in exceptional conditions of wartime is accompanied by a disvaluing of the notion of «pure» Kabyle culture, which is made into and restricted to an object of «structural nostalgia» - a modern form of social memory widely shared by Bourdieu and his informants. After colonization, the Kabyle house thus became a sort of testimonial to a bygone feature of cultural identity even to the extent of fuelling nostalgia for «a time before time» in the Berber cultural movement. | |
Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2003_num_150_1_2769 |