Titre | (Re) traductions. | |
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Auteur | Louis Pinto | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 145, décembre 2002 La circulation internationale des idées | |
Rubrique / Thématique | La circulation internationale des idées |
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Résumé | (Re)traductions. Phénoménologie et «philosophie allemande» dans les années 1930. L'importation de la phénoménologie husserlienne en France au cours des années 1930-1950 ne peut être comprise qu'en relation avec la constitution, dans le champ philosophique, de la «philosophie allemande» en (quasi) label théorique. Depuis le début du siècle, ce champ avait été dominé par une orientation, l'idéalisme rationaliste incarné par une figure centrale de la «nouvelle Sorbonne», Léon Brunschvicg: il s'agissait d'une alliance entre la tradition académique, la science et la démocratie. Pour les médiateurs qui ont favorisé l'importation de la phénoménologie et de la philosophie allemande, la dimension «anti-scientiste» était essentielle: à l'objet construit par l'intelligence, ils opposaient le «concret», les «choses mêmes», Г «originaire». Par là, d'autres aspects de l'œuvre de Husserl allaient se voir ignorés ou minimisés. C'est ce que montrent bien les discours de figures majeures dans ce travail d'importation, qui, d'origine étrangère et/ou occupant des positions marginales, combinaient un capital linguistique spécifique avec un capital philosophique ne leur permettant pas d'escompter une pleine reconnaissance académique: ces outsiders étaient, de ce fait, prédisposés à accomplir en philosophie une «révolution conservatrice» dans une version, il est vrai, atténuée, et ajustée aux conditions nationales d'ordre intellectuel autant que politique. La position de Husserl dans l'espace de la «philosophie allemande» demande, en outre, à être rapportée à celle de Hegel qui, au même moment, était prédisposée à en incarner le pôle profane davantage ouvert à des questions existentielles et historiques. | |
Résumé anglais | (Re)translations France's importation of Husserlian phenomenology between 1930 and 1950 can be understood only against the background of the constitution of «German philosophy» as a (quasi) theoretical label. Since the turn of the century, this field had been dominated by a single orientation: «rationalistic idealism», embodied by a key figure of the «New Sorbonne», Léon Brunschvicg: this was an alliance between academic tradition, science and democracy. For the mediators who fostered the importation of phenomenology and German philosophy, the «anti-scientistic» dimension was essential: to the object constructed by the intellect, they opposed the «concrete», «things themselves», the -originaire; because of this, other aspects of Husserl's work were ignored or minimized. This can be seen in the discourses of major figures of this labor of importation who, being of foreign origin and/or occupying marginal positions, combined a specific linguistic capital with a philosophical capital which did not permit them to expect full academic recognition: these outsiders were therefore predisposed to instigate a «conservative revolution» in philosophy, to be sure in an attenuated version adapted to the conditions of an intellectual as well as political order then reigning in France. Husserl's position in the space of «German philosophy», moreover, needs to be compared with that of Hegel, who at the same moment was predisposed to embody the secular pole, more open to existential and historical questions. | |
Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2002_num_145_1_2795 |