Contenu du sommaire : La circulation internationale des idées
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales |
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Numéro | no 145, décembre 2002 |
Titre du numéro | La circulation internationale des idées |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
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La circulation internationale des idées
- Les conditions sociales de la circulation internationale des idées. - Pierre Bourdieu Les conditions sociales de la circulation internationale des idées. Les textes circulent sans leur contexte; ils n'importent pas avec eux le champ de production dont ils sont le produit, et les récepteurs, étant eux-mêmes insérés dans un champ de production différent, les réinterprètent en fonction de leur position dans le champ de réception. Une science des relations internationales en matière de culture devrait dans chaque cas prendre pour objet la série d'opérations sociales impliquées, et notamment le processus de sélection (qu'est-ce qu'on publie, qui traduit, qui publie?) et de marquage (maison d'édition, collection, préface, etc.)- De telles analyses constituent un instrument indispensable pour combattre les malentendus de l'importation et pour favoriser une véritable internationalisation de la vie intellectuelle.The social conditions of the international circulation of ideas. Texts circulate without their context; they don't carry with them the field of production they come from, and the receivers, themselves integrated in a different field of production, reinterpret them in accordance with their position in. the field of reception. A science of international relations in matters of culture should in each case take as its object the whole series of social operations involved and, in particular, the processes of selection (what is published, who translates, who publishes?) and marking (publishing house, series, préfacer, etc.). Such analyses are an indispensable tool for combating misunderstandings stemming from importation and for promoting a true internationalization of intellectual life.
- Le prophète, le pèlerin et le missionnaire. - François Denord Le prophète, le pèlerin et le missionnaire. La circulation internationale du néo-libéralisme et ses acteurs. Bien que le néo-libéralisme soit sans doute l'une des doctrines économiques les plus puissantes aujourd'hui, son histoire reste paradoxalement peu connue. Cet article retrace la genèse et l'évolution de la Société du Mont-Pèlerin, organisation créée par Friedrich Hayek et Wilhelm Rôpke en 1947, qui est au coeur d'un réseau international visant à garantir la circulation et la diffusion des idées néo-libérales. Destinée à promouvoir ce qui dans un contexte de Guerre froide était une «utopie» (Hayek), cette société savante, composée d'économistes, de patrons et d'hommes politiques, est l'un des lieux qui ont fait du néo-libéralisme un ensemble de «solutions» politiquement acceptables, sans jamais pour autant avoir recouru à une forme directe et visible de propagande. La Société du Mont-Pèlerin est l'héritière d'une association née en France peu avant la Seconde Guerre mondiale, le Centre international d'études pour la rénovation du libéralisme (CIRL), mis en place pour lutter contre le «planisme» et le collectivisme, mais qui, du fait de la situation internationale, n'a pu avoir qu'une brève existence. Le capital social collectif accumulé durant cette période a permis la formation après la guerre d'une organisation qui, malgré les conflits qui l'ont divisée, a donné au néo-libéralisme un point d'ancrage durable dans l'espace des doctrines économiques. En appliquant strictement un principe de division du travail (sur le plan international et entre think tanks et «maison mère») et en offrant à ses membres débouchés éditoriaux et prestige, la Société du Mont-Pèlerin constitue, depuis le milieu des années 1970, l'un des plus efficaces vecteurs du néo-libéralisme. Elle contribue ainsi, aux côtés d'autres instances non étatiques, à l'unification matérielle et symbolique du champ économique mondial.Pilgrims, merchants and missionaries. Although neo-liberalism is no doubt one of today's most powerful economic doctrines, its history is paradoxically not all that well known. The present article traces the birth and development of the Mont-Pelerin Society, an organization created by Friedrich Hayek and Wilhelm Röpke in 1947, which is at the center of an international network dedicated to ensuring the circulation and diffusion of neo-liberal ideas. Set up to promote what was, in a cold war context, an «Utopia» (Hayek), this learned society made up of economists, businessmen and political figures, is one of the places that turned neo-liberalism into a set of politi-cally acceptable «solutions» without ever having had to rely on direct, visible propaganda. The Mont-Pelerin Society is the successor to an association born in France shortly before the Second World War: the Centre international d'études pour la rénovation du libéralisme (CIRL), established to combat planned economy and collectivism; owing to the international situation, however, the association was short lived. The collective social capital accumulated during this short time enabled a postwar organization to be formed which, despite being riven by conflicts, provided neo-liberalism with a durable anchor point within the space of economic doctrines. By sticking to a strict principle of division of labor (at the international level and between think-tanks and the parent society) and by offering its members opportunities for publication and prestige, the Mont-Pelerin Society has become, since the mid 1970s, one of the most effective vehicles of neo-libera- lism, contributing in this way alongside other non-governmental organizations, to the material and symbolic unification of the global economic field.
- (Re) traductions. - Louis Pinto (Re)traductions. Phénoménologie et «philosophie allemande» dans les années 1930. L'importation de la phénoménologie husserlienne en France au cours des années 1930-1950 ne peut être comprise qu'en relation avec la constitution, dans le champ philosophique, de la «philosophie allemande» en (quasi) label théorique. Depuis le début du siècle, ce champ avait été dominé par une orientation, l'idéalisme rationaliste incarné par une figure centrale de la «nouvelle Sorbonne», Léon Brunschvicg: il s'agissait d'une alliance entre la tradition académique, la science et la démocratie. Pour les médiateurs qui ont favorisé l'importation de la phénoménologie et de la philosophie allemande, la dimension «anti-scientiste» était essentielle: à l'objet construit par l'intelligence, ils opposaient le «concret», les «choses mêmes», Г «originaire». Par là, d'autres aspects de l'œuvre de Husserl allaient se voir ignorés ou minimisés. C'est ce que montrent bien les discours de figures majeures dans ce travail d'importation, qui, d'origine étrangère et/ou occupant des positions marginales, combinaient un capital linguistique spécifique avec un capital philosophique ne leur permettant pas d'escompter une pleine reconnaissance académique: ces outsiders étaient, de ce fait, prédisposés à accomplir en philosophie une «révolution conservatrice» dans une version, il est vrai, atténuée, et ajustée aux conditions nationales d'ordre intellectuel autant que politique. La position de Husserl dans l'espace de la «philosophie allemande» demande, en outre, à être rapportée à celle de Hegel qui, au même moment, était prédisposée à en incarner le pôle profane davantage ouvert à des questions existentielles et historiques.(Re)translations France's importation of Husserlian phenomenology between 1930 and 1950 can be understood only against the background of the constitution of «German philosophy» as a (quasi) theoretical label. Since the turn of the century, this field had been dominated by a single orientation: «rationalistic idealism», embodied by a key figure of the «New Sorbonne», Léon Brunschvicg: this was an alliance between academic tradition, science and democracy. For the mediators who fostered the importation of phenomenology and German philosophy, the «anti-scientistic» dimension was essential: to the object constructed by the intellect, they opposed the «concrete», «things themselves», the -originaire; because of this, other aspects of Husserl's work were ignored or minimized. This can be seen in the discourses of major figures of this labor of importation who, being of foreign origin and/or occupying marginal positions, combined a specific linguistic capital with a philosophical capital which did not permit them to expect full academic recognition: these outsiders were therefore predisposed to instigate a «conservative revolution» in philosophy, to be sure in an attenuated version adapted to the conditions of an intellectual as well as political order then reigning in France. Husserl's position in the space of «German philosophy», moreover, needs to be compared with that of Hegel, who at the same moment was predisposed to embody the secular pole, more open to existential and historical questions.
- Transactions statistiques au XIXe siècle. - Eric Brian Transactions statistiques au XIXe siècle. Mouvements internationaux de capitaux symboliques. La seconde moitié du xixe siècle est une période d'intensification des échanges scientifiques internationaux, alors même que les États-nations européens se consolident et développent, pour les principaux d'entre eux, des stratégies économiques et militaires impériales. Ce processus est décrit à partir du cas des statisticiens qui, dès les années 1850, ont stabilisé des réunions internationales propres à leur spécialité à la fois scientifique et administrative. L'intensification de la circulation concrète des personnes et des biens et le succès de l'idéologie libre-échangiste dans une Europe pourtant formée pour l'essentiel de gouvernements néo-absolutistes, ont encouragé la formation d'un réseau de spécialistes qui, de congrès internationaux en expositions universelles, a accumulé une forme d'autorité particulière, transnationale, entre 1850 et 1870. La génération suivante de ces spécialistes a renationalisé ce capital international dans chaque pays pendant les deux décennies suivantes, tout en renouvelant leurs échanges internationaux. La circulation des ouvrages, leur conservation et leur catalogage sont autant d'indices d'un processus long, complexe et localement différencié.Statistical transactions during the 19th century. International movements of symbolic capitals. During the second half of the 19th century, the level of international scientific transactions increased when the European nation-states became stronger and more involved in imperial strategies combining military and economic means. This article analyzes the process by which statisticians have since the 1850s shaped a stable body of scientific and administrative knowledge. An intense circulation of persons and goods together with the success of free trade ideology in many European countries under neo-absolutist rule, facilitated the building of a specialized network that met in international congresses and universal exhibitions. Between 1850 and 1870, this network acquired a transnational form of social authority. The next generation renationalized this capital and reconsidered the forms of their international exchanges. The material circulation of books, their keeping and their cataloguing are clues to such a longterm, complex and locally differentiated process.
- La migration internationale d'étudiants en Europe, 1890-1940. - Victor Karady La migration internationale d'étudiants en Europe, 1890-1940. La croissance spectaculaire des effectifs d'étudiants étrangers dans les universités occidentales autour de 1900 et jusqu'aux années 1930 renvoie à une série de logiques très divergentes. Contrairement aux pérégrinations historiques antérieures, la nouvelle «république des lettres et des sciences» remplissait des fonctions fort différenciées pour ses publics variés. On compte, parmi ces fonctions, la modernisation universitaire et la légitimation «intellectuelle» des classes dirigeantes des nouveaux États-nations, le transfert massif de nouvelles élites en formation d'Est à l'Ouest dans les milieux en forte mobilité ascendante (Juifs de l'Est), la compensation des handicaps éducatifs des exclu(e)s des marchés universitaires sous-développés (les femmes en particulier), l'autopromotion des institutions universitaires afonctionnelles en Occident (facultés de province en France), et enfin la compétition symbolique des puissances occidentales en termes de «rayonnement culturel».The international migration of students in Europe, 1890-1940. The spectacular growth of the amount of foreign students in western universities from the end of the nineteenth century to the 1930s was the result of a series of highly divergent dynamics. Contrarily to the previous historical peregrinations, the new «republic of letters and sciences» fulfilled quite different functions for its various audiences. Among these functions was the university modernization and the «intellectual» legitimization of the dominant classes of the new nation-states; the massive transfer of newly emerging elites from east to west in upwardly mobile groups (jews from the east); the compensation of educational handicaps for those who were excluded from underdeveloped university markets (especially women); the self-promotion of peripheral universities in the west (provincial faculties in France); and, finally, the symbolic competition between western powers for «cultural prestige».
- Un échange dénié. - Gustavo Sora Un échange dénié. La traduction d'auteurs brésiliens en Argentine. Buenos Aires fut le premier lieu de traduction et d'édition d'une partie importante des auteurs consacrés comme des représentants des lettres du Brésil. Tout au long du XXe siècle l'Argentine disputa ainsi à la France la première place en ce qui concerne la traduction d'auteurs brésiliens. Mais alors que la perspective d'être édité à Paris a toujours représenté la plus haute reconnaissance à laquelle pouvaient aspirer les intellectuels, la traduction-édition en Argentine est passée sous silence, et n'est pas prise en considération par la critique, l'historiographie ou la sociologie littéraire. Cet article analyse certains développements du monde du livre et du champ intellectuel en Argentine qui ont sous-tendu la traduction et l'édition de littérature brésilienne. En partant d'une ébauche de périodisation historique de la traduction d'auteurs brésiliens en Argentine, ce travail propose une analyse plus approfondie des données relatives aux décennies de 1930 et 1940, période de différenciation maximale des classes d'agents intellectuels et des principes pratiques qui sont intervenus dans ce processus.A disavowed exchange. Translation of Brazilian authors in Argentina. Buenos Aires was the first place an important share of the authors recognized as representatives of Brazilian letters were translated and published. Throughout the 20lh century, Argentina thus rivaled France as the translation capital for Brazilian authors. But whereas the prospect of publication in Paris has always represented the crowning recognition to which intellectuals could aspire, no mention is made of translation-publication in Argentina, nor is it taken into account in criticism, historiography or the sociology of literature. The present article analyzes certain developments in Argentina's book world and its intellectual field which underpinned the translation and publication of Brazilian literature. Beginning with an attempt at periodizing the translation of Brazilian authors in Argentina, the author proposes a more detailed analysis of the material on the 1930s and 40s, a period of maximal differentiation in the categories of intellectual agents and the principal practices involved in this process.
- L'internationale des images. - Dominique Marchetti L'internationale des images. Le marché des images dites «internationales», diffusées dans les rubriques «étranger» des journaux télévisés, a connu une expansion, sans précédent dans les années 1980 et 1990 en raison de l'augmentation du nombre de chaînes de télévisions commerciales et du développement de technologies qui permettent de produire et de traiter de plus en plus d'images, de plus en plus rapidement. Contre toute attente, cette double évolution n'a pas favorisé une diversification des sujets d'actualité consacrés aux pays étrangers. À partir d'une première analyse des conditions de production, de sélection et de circulation des images de l'actualité internationale diffusées dans les pays d'Europe de l'Ouest et aux États-Unis, cet article se propose d'expliquer ce paradoxe. L'auteur montre tout d'abord que l'accès du grand public à des images internationales tend à se réduire, les chaînes nationales de grande audience ayant diminué la part accordée à l'actualité étrangère. Celle-ci est aujourd'hui essentiellement traitée par les chaînes d'information en continu, notamment transnationales, qui s'adressent à des publics restreints. Ensuite, les images internationales sont produites par un nombre de plus en plus faible d'agences et de médias, du fait de la restructuration du marché des producteurs d'images essentiellement au profit des agences audiovisuelles privées. Enfin, ce marché a été également affecté par les transformations des conditions mêmes de production de ces images sous l'effet de l'emprise croissante des logiques économiques : l'information internationale est de plus en plus une information produite au moindre coût (réduction du personnel permanent, externalisation de la production, etc.). Ces trois phénomènes ont contribué à homogénéiser fortement la sélection et le traitement de l'actualité internationale.International images. The market of the so-called «international» images diffused in the «foreign news» slot of TV news programs soared to unprecedented levels in the 1980' s and 90' s owing to the rise in the number of commercial television channels and the development of technologies making it possible to produce and process more and more images faster and faster. Contrary to all expectations, this twin development did not favor diversification of the subjects devoted to foreign countries. Using a preliminary analysis of the conditions of production, selection and circulation of the images of international news items diffused in Western Europe and the United States, the present article undertakes to explain this paradox. The author shows first of all that general-public access to international images is falling because big-audience national channels have cut the time devoted to foreign news, which is now shown for the most part on continuous and notably transnational news channels aimed at more restricted audiences. Secondly, international images are produced by an ever smaller number of agencies and media owing to the restructuring of the image-producer market essentially to the benefit of private audiovisual agencies. And finally this market has also been hit by changes in the conditions of production of these images under the impact of the growing grip of economic logics: international news is increasingly news produced at the least cost (continual reduction of personnel, outsourcing of production, etc.). These three things have contributed to strongly homogenize the selection and treatment of international news.
- Pratiques - Les enjeux de la traduction. - Jean-Louis Fournel Les enjeux de la traduction. Traduire les penseurs politiques florentins de l'époque des guerres d'Italie. La réflexion qui guide cet article découle d'une pratique de traducteurs qui nous a amenés à procurer des éditions françaises commentées de Savonarole, de Francesco Guicciardini et de Machiavel. Nous partons de l'hypothèse que ces textes s'interprètent dans une conjoncture historique pré- cise: Florence qui a «goûté» au Grand Conseil au moment où se déroulent les guerres d'Italie. Notre travail de traduction tire son sens de cette «qualité des temps»; en parallèle, la mise à disposition de cet ensemble de textes permet de les lire différemment en leur redonnant leur épaisseur historique. Notre approche vise donc à la fois à les mettre en situation et en relation les uns aux autres. La question de la langue que nos auteurs emploient et celle de la façon dont ils l'emploient est centrale pour notre propos. La langue et les termes qu'utilisent nos auteurs sont à interpréter en fonction de la «qualité des temps» et des enjeux que les acteurs politiques déterminent, ce qui signifie que leur sens peut être différent de celui qu'ils eurent antérieurement ou qu'ils prendront par la suite. Par ailleurs, nous estimons que l'usage terminologique ne peut être dissocié des analyses politiques ou historiques qui donnent sens à l'écriture et qu'il faut, en parallèle, considérer le discours où est perpétuellement à l'œuvre une dialectique des «noms» et des «choses». Cette double approche, du sens précis à accorder au lexique et des modes d'écriture, nous la nommons «philologie politique». C'est en fonction de cette démarche intellectuelle que nous avons défini nos concepts de traduction, ce que nous nommons notre «règle générale»: donner un texte français qui soit porteur, pour le lecteur, sinon d'autant de sens que le texte original, du moins du plus de sens possible. Cette «règle générale» implique des «règles partielles» empiriques; ainsi, nous estimons que les redites, la fréquence des termes utilisés, leur polysémie sont importantes, de même que l'est le style : les accroches, la mise en valeur de tel ou tel mot, de telle ou telle expression, le ton, le passage d'un ton à l'autre, l'usage de tel ou tel niveau de langue, les allusions. Nous examinons, à partir de quelques exemples (lexicaux, syntaxiques, stylistiques), les effets de sens de ces principes «extravagants».The issues involved in translation. Translating the Florentine political thinkers of the Italian Wars. The central reflection of this article stems from a fréquentation of translators which led us to procure the annotated French editions of Savonarole, Francesco Guicciardini and Macchiavelli. We start from the hypothesis that these texts are to be interpreted in a specific historical setting: Florence, which had had a taste of the Great Council during the Italian Wars. Our work on these translations derives its meaning from this «quality of the times»; at the same time, the availability of these texts makes it possible to read them differently and so to restore their historical depth. Our approach thus aims to place these texts both in their setting and in relation to each other. The question of the language our authors use and the way they use it is central. The language and the terms used by our authors should be interpreted in accordance with the «quality of the times» and the issues determined by the political actors, which means that the meaning they have may be different from the one they had earlier or the one they will have at some later time. In addition, we feel that terminological use cannot be separated from the political or historical analyses which endow the written word with meaning, and that we must also consider the discourse, in which a dialectic of «names» and «things» is constantly at work. We have called this twofold approach to the precise mea- ning that should be given to vocabulary and to modes of writing, « political philology». In accordance with this intellectual method, we have defined our concepts of translation, what we call our « general rule»: to provide a French text which carries, for the reader, if not as much meaning as the original text, at least the most meaning possible. This «general rule» implies some empirical « partial rules » ; for instance we believe that repetirions, frequency of the terms used, their polysemy are all important, as is style : catch phrases, emphasis on such and such a word, on such and such an expression, tone, shifts from one tone to another, use of a particular level of language, allusions. Using examples of vocabulary, syntax and style, we examine the effects of these «extravagant» rules on meaning.
- Les conditions sociales de la circulation internationale des idées. - Pierre Bourdieu