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Titre Le journalisme au service de l'économie.
Auteur Philippe Riutort.
Mir@bel Revue Actes de la recherche en sciences sociales
Numéro no 131-132, mars 2000 Le journalisme et l'économie.
Rubrique / Thématique
Le journalisme et l'économie.
Résumé Le journalisme au service de l'économie L'ensemble des transformations rencontrées par le journalisme économique depuis les années 70 et surtout 80 permet de saisir a posteriori la particularité des conditions d'émergence de cette forme de journalisme après 1945. L'instauration de relations entre des journalistes qui, en raison de leurs caractéristiques sociales, demeurent éloignés d'une logique strictement «professionnelle», investissent leur activité sur un mode essentiellement « moral » et militant. Ils entretiennent des relations de subordination consentie avec des hauts fonctionnaires et des dirigeants syndicaux, engagés dans la « modernisation » économique. C'est ce qui tend à conférer, en effet, une « originalité » profonde au journalisme économique français (tourné davantage vers l'État que vers les entreprises, les syndicats que le patronat, enclin au réformisme social, à la distanciation critique envers le monde des entreprises...) mais ne doit cependant pas faire oublier la contingence de ces relations ainsi que des ressorts qui les rendaient possibles, et qui soulignent, en creux, les limites de l'autonomie journalistique. Cet état du journalisme économique n'a pu voir le jour et s'étendre, en effet, que grâce aux affinités qui régnaient alors entre journalistes « pionniers » au sujet de « leur » définition de l'information économique ainsi qu'au discrédit subi par la presse financière, aux relations de confiance instaurées avec leurs sources, dont les manières de voir, largement partagées par les journalistes, s'imposaient « naturellement » à ces derniers et enfin à l'absence de pression d'un public qui restait largement à inventer et à mobiliser autour de la « cause » que constituait la modernisation économique du pays.
Résumé anglais Journalism at the service of the economy A look back over changes in economic journalism since the 1970s and 80s sheds light on the specific conditions governing the emergence of this form of journalism after 1945 : namely the establishment of relations between certain journalists who, because of their social characteristics, remain removed from a strictly "professional" logic and experience, their activity as something essentially "moral" and militant. They consent to entertain relations of subordination with government officials and union leaders engaged in "modernizing" the economy. This accounts in effect for the profound "originality" of French economic journalism (more attuned to the State than to business, to unions than to management, inclined to social reform and to maintaining a critical distance from the business world), but it should not make us forget the contingency of these relations or the forces that make them possible ; it also implicitly points to the limits of the journalist's autonomy. The present state of economic journalism could not have come about without the affinities shared by "pioneering" journalists of the day concerning "their" definition of economic news, without the discrediting of the financial press, without the confidential relations they entertained with their sources, whose outlook was largely shared by journalists and therefore appeared altogether "natural" to them, and without the absence of pressure from a public that was still to be invented and rallied to the "cause" of modernizing the country's economic system.
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_2000_num_131_1_2664