Contenu du sommaire : Le journalisme et l'économie.
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales |
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Numéro | no 131-132, mars 2000 |
Titre du numéro | Le journalisme et l'économie. |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Le journalisme et l'économie.
- Le médiateur entre deux Monde. - Patrick Champagne. Le médiateur entre deux Monde Lorsque, en 1994, le journal Le Monde, à l'occasion de la mise en place de sa nouvelle ligne rédactionnelle, se dote, le premier de la presse française, d'un « médiateur », il le fait à un moment et dans des conditions tels que celui-ci va gérer, en fait, moins des problèmes de déontologie professionnelle que le passage de l'ancien vers le nouveau Monde. Sans vraiment l'avoir voulu, le journal a, en effet, mis en place un lieu de révélation de ses reniements déniés dans sa manière de concevoir l'information. Les « avis du médiateur » constituent ainsi un matériel sociologique remarquable dans la mesure où il laisse voir, semaine après semaine, plus explicitement qu'à l'ordinaire, le travail symbolique de gestion du capital journalistique qu'il doit opérer. Au-delà de ce cas singulier, ce matériel permet de s'interroger sur les transformations internes qui travaillent le champ journalistique et sur les effets qu'elles induisent sur le fonctionnement des autres champs sociaux.Mediating between two Monde In 1994, when it brought in its new editorial line, the newspaper Le Monde ("The World") became the first French paper to engage a "mediator". This was done at a time and under conditions such that this mediator had to manage not so much the problem of a professional code of ethics as the transition from the old "World" to the new. Without actually intending to, the paper had in effect set up a site that would reveal its denied denials concerning its conception of news reporting. The "mediator's opinions" therefore constitute a remarkable sociological resource inasmuch as, week after week, he reveals more explicitly than usual the symbolic work he is obliged to do in managing the papers journalistic capital. Beyond the individual case, this material raises questions about the transformations that fashion the field of journalism and on their side-effects on the workings of the other social fields.
- Les révélations du journalisme d'investigation. - Dominique Marchetti. Les révélations du « journalisme d'investigation » Depuis les années 70 et 80, les médias nationaux d'information générale et politique vantent régulièrement les mérites du « journalisme d'investigation » et son rôle dans les « affaires ». Pour comprendre l'émergence de ce nouveau modèle d'excellence professionnelle, bien qu'il ne concerne qu'un faible nombre de professionnels, il faudrait montrer dans quelle mesure il est d'abord largement le symptôme d'une série de changements externes au champ journalistique, notamment ceux qui ont affecté les univers politique et judiciaire, et de l'état des relations que ces différents espaces entretiennent entre eux. Il faudrait notamment faire apparaître à quel point l'espace médiatique est devenu stratégique mais demeure très faiblement autonome. Ce qu'il médiatise est largement le produit de rapports de forces internes à différents espaces sociaux qu'il retraduit selon ses logiques propres. Ainsi, le «journalisme d'investigation » repose souvent moins sur des enquêtes journalistiques que sur des enquêtes d'État (rapports, enquêtes judiciaires, etc.). Mais cet article s'attache à montrer comment et pourquoi les « affaires » n'ont pu émerger que dans la mesure où ces transformations externes ont aussi trouvé des échos au sein du champ des médias nationaux d'information générale et politique, notamment auprès d'un groupe de journalistes politisés qui fonde une nouvelle spécialité journalistique. En effet, l'essor du «journalisme d'investigation » et son succès dans les discours professionnels est le produit et le révélateur de transformations qui ont affecté l'espace journalistique. Il représente un enjeu autant professionnel que commercial dans la mesure où à travers les « affaires » se jouent des réputations individuelles (les journalistes) et collectives (les médias). Participant d'un mouvement de « professionnalisation », les «journalistes d'investigation» ont contribué à introduire et à révéler de nouvelles formes de concurrences internes, qui obéissent moins à des logiques politiques que professionnelles, une homogénéisation des pratiques entre les différents types de presse et une définition plus professionnelle du métier (faisant émerger une nouvelle figure, celle de « justicier ») face à la montée des contraintes économiques mais plus encore de l'information spécialisée. Le succès de cette nouvelle représentation publique dominante du journalisme doit aussi beaucoup aux usages externes qu'en font les journalistes : elle est un des supports privilégiés d'autocélébration professionnelle qui permet de réaffirmer publiquement la légitimité et le rôle social des journalistes à une période où ils sont de plus en plus critiqués. Enfin, rompant avec deux genres traditionnels du journalisme français, le journalisme politique et la chronique judiciaire, le «journalisme d'investigation » a eu des effets sur le traitement de l'information en contribuant à imposer une conception plus critique du traitement de l'information politique et judiciaire, politisant le fait divers et « fait diversifiant » l'actualité politique.The revelations of "investigative journalism" Since the 1970s and 1980s, both the general and the political national newspapers have regularly praised "investigative journalism" and its role in unveiling "scandals". To gain an understanding of how this new model of professional excellence arose, even though it concerns only a small number of journalists, requires showing the extent to which it is first of all largely symptomatic of a series of changes that have occurred outside the field of journalism, especially in the areas of politics and justice, and the state of the relations these spaces entertain with each other. In particular it is important to show that the media space has become highly strategic notwithstanding its relative lack of autonomy. What is mediatized is largely the outcome of power relations within different social spaces that are then translated according to media logics. Thus "investigative journalism" is often based less on journalists investigations than on State-sponsored studies : reports, inquests, etc. The present article endeavors to show how and why these "scandals" have come out only insofar as these external changes have also found an echo in the field of the general and political national papers, in particular with a group of politicized journalists comprising a new journalistic speciality. In effect, the rise of "investigative journalism" and its success in professional discourses results from and reveals transformations affecting the space of journalism. It is both a professional and commercial issue, for scandals both make and break individual and collective reputations : journalists and newspapers. Investigative journalists play a role in the trend towards "professionalization", and have been instrumental in introducing and revealing new forms of internal competition, governed less by political than by professional logic, a homogenization of the practices in various types of newspapers and a more professional definition of the occupation (giving rise to a new figure, the righter of wrongs), in the face of increasing economic pressures but even more of specialized reporting. The success of this new dominant public representation of journalism owes much to the way journalists use it vis-a-vis the outside world : it is one of the favorite supports for professional self-celebration which enables journalists to publicly assert their legitimacy and the social role they play at a time when they are coming under increasing criticism. Lastly, breaking with two traditional genres of French journalism - political journalism and the legal-affairs column - investigative journalism has affected the way news is processed by helping impose a more critical conception of the way political and legal news are handled, politicizing the human-interest story and making political events "humanly interesting".
- Le journalisme au service de l'économie. - Philippe Riutort. Le journalisme au service de l'économie L'ensemble des transformations rencontrées par le journalisme économique depuis les années 70 et surtout 80 permet de saisir a posteriori la particularité des conditions d'émergence de cette forme de journalisme après 1945. L'instauration de relations entre des journalistes qui, en raison de leurs caractéristiques sociales, demeurent éloignés d'une logique strictement «professionnelle», investissent leur activité sur un mode essentiellement « moral » et militant. Ils entretiennent des relations de subordination consentie avec des hauts fonctionnaires et des dirigeants syndicaux, engagés dans la « modernisation » économique. C'est ce qui tend à conférer, en effet, une « originalité » profonde au journalisme économique français (tourné davantage vers l'État que vers les entreprises, les syndicats que le patronat, enclin au réformisme social, à la distanciation critique envers le monde des entreprises...) mais ne doit cependant pas faire oublier la contingence de ces relations ainsi que des ressorts qui les rendaient possibles, et qui soulignent, en creux, les limites de l'autonomie journalistique. Cet état du journalisme économique n'a pu voir le jour et s'étendre, en effet, que grâce aux affinités qui régnaient alors entre journalistes « pionniers » au sujet de « leur » définition de l'information économique ainsi qu'au discrédit subi par la presse financière, aux relations de confiance instaurées avec leurs sources, dont les manières de voir, largement partagées par les journalistes, s'imposaient « naturellement » à ces derniers et enfin à l'absence de pression d'un public qui restait largement à inventer et à mobiliser autour de la « cause » que constituait la modernisation économique du pays.Journalism at the service of the economy A look back over changes in economic journalism since the 1970s and 80s sheds light on the specific conditions governing the emergence of this form of journalism after 1945 : namely the establishment of relations between certain journalists who, because of their social characteristics, remain removed from a strictly "professional" logic and experience, their activity as something essentially "moral" and militant. They consent to entertain relations of subordination with government officials and union leaders engaged in "modernizing" the economy. This accounts in effect for the profound "originality" of French economic journalism (more attuned to the State than to business, to unions than to management, inclined to social reform and to maintaining a critical distance from the business world), but it should not make us forget the contingency of these relations or the forces that make them possible ; it also implicitly points to the limits of the journalist's autonomy. The present state of economic journalism could not have come about without the affinities shared by "pioneering" journalists of the day concerning "their" definition of economic news, without the discrediting of the financial press, without the confidential relations they entertained with their sources, whose outlook was largely shared by journalists and therefore appeared altogether "natural" to them, and without the absence of pressure from a public that was still to be invented and rallied to the "cause" of modernizing the country's economic system.
- Concessions et conversions à l'économie. - Julien Duval. Concessions et conversions à l'économie En posant la question de l'autonomie du sous-espace journalistique constitué par les rubriques économiques dans les médias français à la fin des années 90, l'article discute le problème de l'indépendance du journalisme par rapport à l'économie. La question centrale est moins la possibilité pour les rédactions d'informer « librement » sur ceux qui, annonceurs ou actionnaires, financent la presse écrite ou les médias audiovisuels, que celle de savoir si les journalistes peuvent adopter dans leurs articles et reportages sur le champ économique un point de vue qui ne soit pas entièrement déterminé par celui-ci. Ce sous-espace apparaît comme un lieu où s'exercent des forces à la fois économiques et journalistiques. Le journalisme économique s'apparente, sous ce rapport, aux champs de production culturelle, mais l'ambiguïté des logiques journalistiques y est particulièrement intense, comme le montre notamment la référence très fréquente aux intérêts du lecteur qui peut manifester une revendication d'autonomie mais peut aussi évoquer les professions commerciales. Sur cette base, on dégage la structure du sous-espace à l'aide d'une analyse des correspondances multiples. La position dominante occupée par un journalisme qui cumule les signes de professionnalisme tout en s'exerçant dans le cadre d'entreprises privées dépendantes du champ économique, s'avère l'une des caractéristiques les plus importantes de l'espace. Des analyses complémentaires qui font appel à la technique des éléments supplémentaires et à l'exploration post-factorielle, confirment ce que la structure de l'espace faisait déjà apparaître : le contenu des pages et des rubriques économiques dans les médias doit énormément à la demande d'informations pratiques émanant d'« agents économiques », particulièrement des cadres et des décideurs. Une dernière partie met en évidence l'effet de transformations récentes qui, intervenues ces vingt dernières années, dans des journaux affectés d'un poids important dans l'espace, contribuent à rendre compte de l'état actuel du journalisme économique, caractérisé par sa faible autonomie.Concessions and conversions to the economy The question posed in this article of the autonomy of the journalistic sub-space comprised by the economy sections in the French newspapers of the late 1990s leads to a dis- cussion of the problem of journalists' independence with respect to the economic sector. The central question is not so much whether or not editors can "freely" write about those who, advertisers or shareholders, finance the written press or audiovisual media, as whether or not journalists can express in their articles on the economic field a point of view that is not entirely determined by it. This sub-space appears as the site where both economic and journalistic forces operate. In this respect, economic journalism is related to the fields of cultural production, but the ambiguity of the journalistic logics is particularly intense here, as shown in particular by their frequent references to the interests of the reader, which may be a sign of insistence on autonomy, but may also recall the selling professions. Using multiple correspondence analysis, the author shows the structure of this sub-space. One of the most important features of this space turns out to be the dominant position occupied by a style of journalism that gives every sign of professionalism while working within the framework of private companies that depend on the economic field. Complementary analyses using the technique of supplementary elements and post factorial exploration confirm the initial image given by the structure of the space : the content of the newspapers' economic sections strongly reflects the demand for practical information on the part of "economic agents", particularly cadres and decision-makers. The last part of the article underscores the effects of the changes in last twenty years in newspapers reputed to carry influence in the space ; these help account for the present state of economic journalism, characterized by its low degree of autonomy.
- Une information précaire. - Gilles Balbastre. Une information précaire Les pigistes, qui ont vu leur nombre littéralement exploser en l'espace d'une dizaine d'années, sont certainement la catégorie de journalistes pour qui l'augmentation des contraintes économiques et la concurrence exacerbée ont eu eu le plus de conséquences sur leur travail. La précarité économique dans laquelle se trouvent les pigistes les oblige littéralement à se transformer en vendeur de reportages. Ils doivent pour gagner leur vie trouver continuellement des sujets conformes au marché et les proposer aux différents acheteurs pour lesquels ils travaillent en espérant que d'autres concurrents n'ont pas eu la même idée. Cette nouvelle situation de travail, qui ressemble à certains égards à ce que peuvent vivre des journalistes titulaires sans pour autant atteindre ce degré de marchandisation, a de nombreuses incidences sur les pratiques professionnelles. Cette précarisation de la profession n'aurait cependant pas pu se développer aussi facilement sans l'adhésion des acteurs. Un certain nombre de raisons qui tiennent à la fois à l'histoire du champ journalistique et à certaines dispositions des journalistes font que le statut de pigiste possède un pouvoir d'attraction pour la profession. La transformation du pigiste en une sorte de « VRP » de l'information n'est pas nécessairement perçue comme telle et ne pose pas formellement problème à la majorité d'entre eux. reportages et le contrôle que les journalistes ont progressivement exercé sur ce même travail ont des effets sur les modes de traitement des documents. Contrairement à l'idée commune selon laquelle les reportages télévisés dépendraient d'abord des images, on montre que plus les journalistes jugent un sujet important et plus son montage est guidé, dès le départ, par les paroles enregistrées. En effet, bien que les documents récoltés ou diffusés soient audiovisuels, l'organisation des actualités télévisées repose sur une division et une hiérarchisation des modes de traitement selon la nature, sonore ou visuelle, du matériel. Le montage d'actualité a longtemps consisté à assembler des journalistes font que le statut de pigiste possède un pouvoir d'attraction pour la profession. La transformation du pigiste en une sorte de «VRP» de l'information n'est pas nécessairement perçue comme telle et ne pose pas formellement problème à la majorité d'entre eux.Precarious news The number of free-lance journalists has literally exploded in the space of ten years ; meanwhile they are surely the category most hard-hit by the increased economic pressures and exacerbated competition. The economically precarious situation of free-lance journalists turns them literally into news sellers. If they are going to make a living, they must constantly find subjects that appeal to the market and offer them to the various buyers they work for in the hope that their competitors have not had the same idea. This new work situation, which in some ways resembles the experience of salaried journalists, though they are not as given to marketing their wares, has a number of impacts on professional practices. Yet such precariousness could not have developed as easily as it has without the cooperation of the actors. A number of reasons having to do both with the history of the field of journalism and with certain pre-dispositions of journalists make free-lancing an attractive proposition. The change-over from free-lancer to a sort of information "sales rep" is not necessarily perceived as such and is not formally a problem for most journalists.
- Le plateau et le terrain. - Béatrice Joinet. Le « plateau » et le « terrain » L'analyse des représentations de la guerre en ex-Yougoslavie par la télévision (Antenne 2-France 2), qui s'inscrit dans le cadre de l'étude de la production de l'information sous contraintes, fait apparaître la division du travail entre les journalistes de « plateau » et les journalistes de « terrain » et ses effets sur le traitement de l'information. Malgré l'existence de positions différentes au sein des rédactions et donc de perceptions différentes de l'événement, la production télévisée autour de ce conflit s'est finalement avérée relativement homogène, privilégiant de fait une lecture humanitaire de la guerre qui satisfait à la fois les contraintes politiques et les contraintes économiques qui pèsent sur le travail des journalistes."In the studio" and the "on the scene" Analysis of television representations of the war in ex-Yugoslavia (Antenne 2 - France 2), which comes under the heading of the study of the production of information under duress, shows the division of labor between "studio" journalists and those in the "field", and the effects of this division on the way the information is handled. Despite the existence of different positions on the editorial staff, and therefore different perceptions of the event, the televised material produced on this conflict proved to be relatively homogeneous, actually favoring a humanitarian reading of the war which was satisfies the political demands as well as the economic constraints under which journalists must work.
- Le montage de l'information télévisée. - Jacques Siracusa. Le montage de l'information télévisée L'analyse du point de vue des monteurs d'actualité montre que la division technique du travail de fabrication des reportages et le contrôle que les journalistes ont progressivement exercé sur ce même travail ont des effets sur les modes de traitement des documents. Contrairement à l'idée commune selon laquelle les reportages télévisés dépendraient d'abord des images, on montre que plus les journalistes jugent un sujet important et plus son montage est guidé, dès le départ, par les paroles enregistrées. En effet, bien que les documents récoltés ou diffusés soient audiovisuels, l'organisation des actualités télévisées repose sur une division et une hiérarchisation des modes de traitement selon la nature, sonore ou visuelle, du matériel. Le montage d'actualité a longtemps consisté à assembler des séquences muettes. Le son a d'abord complété cet assemblage, puis des changements technologiques et la professionnalisation du journalisme télévisé ont eu pour conséquences de faire remonter son traitement dans la chaîne de production. Qui, du technicien ou du journaliste, prend en charge la manipulation du matériel, et selon quelle priorité, varie selon qu'il s'agit de sonores (interviews filmées) ou d'images muettes, cette différenciation reposant d'ailleurs sur un pré-découpage réalisé dès le tournage. Dans la logique dominante, le savoir-faire des monteurs est aujourd'hui au service d'une forme d'écriture audiovisuelle linéaire, définitive et rythmée par un mode de production rigide où la parole enregistrée (sonore et commentaire du journaliste) et l'angle prédéterminé (une définition professionnelle et a priori du phénomène à traiter) occupent un rôle central et directif. Par la standardisation de quelques opérations, des techniciens, absents des étapes précédentes, peuvent alors exécuter un travail rapide d'illustration. En ce sens, l'évolution des conditions de travail a permis aux journalistes, spécialistes de l'interview, de monopoliser la maîtrise du type d'information jugé le plus sérieux et qui est donc le plus contrôlé par la hiérarchie professionnelle. Mais, profitant de conditions plus souples ou sur des sujets jugés moins importants et donc moins contrôlés par les responsables de la rédaction, les monteurs peuvent aussi mettre en œuvre leur conception du « travail bien fait » et prendre en charge eux-mêmes une bonne part de la fabrication. Ainsi, la sélection des images muettes ou leur assemblage a posteriori sont parfois laissés au savoir-faire technico-artistique, à l'improvisation ou au bon sens des seuls techniciens.Editing television news Analysis of the videotape editor's viewpoint shows that the technical division of the tasks involved in putting together news reports and the increasing control that journalists have acquired over this process affect the way the documents are handled. Contrary to the widespread idea that television reporting is image driven, the author shows that the more important journalists feel a subject to be, the more the editing is guided by the words recorded. Although what is gathered or diffused are audiovisual documents, the organization of TV news is based on a division and a ranking of their handling determined by whether the document focuses on sound or on images. Videotape editing of the news long consisted of putting together silent sequences and then adding the sound ; with the advent of new technologies and the professionalization of journalism, the sound was added earlier and earlier in the production chain. The decision as to who, the technician or the journalist, is responsible for handling the material, and in what order, varies according to the material - sound (filmed interviews) or silent images - and this is in turn determined by a division of tasks agreed upon before actually filming. According to the dominant logic, the present-day videotape editor's know-how serves a linear audiovisual script, definitive and paced by a rigid production style in which the recorded word (sound and the journalists commentary) and the preset angle (a professional and a priori definition of the phenomenon to be dealt with) play a central, directive role. Using a few standardized operations absent from the previous stages, technicians can then quickly put together an illustration. In this sense, the evolution of working conditions has enabled journalists, who are interview specialists, to retain control of what is supposed to be the most important information and therefore the most closely monitored by the professional hierarchy. But videotape editors can also take advantage of more flexible conditions or what are seen to be less important subjects, and therefore less closely controlled by the news editors, to implement their own conception of "good work" and themselves take charge of assembling much of the report. For example, the choice of silent images or their a posteriori assembly are some times left to technical-artistic know-how to the improvisation improvisation or the good sense of the technicians .
- La logique du profit dans les médias américains. - Rodney Benson. La recherche du profit et ses effets dans les médias américains Le débat traditionnel dans la presse américaine sur le mur « entre Église et État », c'est-à-dire entre les services de la publicité et du marketing d'une part et les activités journalistiques d'autre part, montre que les relations entre recherche du profit et production de l'information sont depuis les origines de la presse une source de conflits potentiels. La volonté de certains patrons de médias de « faire tomber » ce mur témoigne de la pression de plus en plus forte exercée par les pouvoirs économiques sur l'activité journalistique, comme l'illustre l'exemple du Los Angeles Times où a été menée l'enquête. Mais ce débat rituel masque en même temps la dépendance déjà extrêmement forte des groupes de presse à l'égard des propriétaires de titres et des ressources publicitaires et plus largement des intérêts commerciaux, ainsi que ses effets sur la presse. Les forces commerciales contribuent en effet de plus en plus à définir le contenu rédactionnel d'un journal, ses orientations, l'évolution de sa qualité intellectuelle, etc. La dérive vers le sensationnalisme s'accroît rapidement, y compris dans la presse la plus attachée à la « qualité ». Même si des différences notables subsistent au sein du champ journalistique américain, entre un pôle « professionnel » plus réticent à la soumission complète du métier aux impératifs commerciaux, qu'incarne encore aujourd'hui le Los Angeles Times, et un pôle directement dépendant du marketing, illustré par VOrange County Register, la dépendance de la presse à l'égard des ressources publicitaires est nettement plus accentuée aux États-Unis qu'en France.The profit motive and its effects on the media in America The traditional debate in American newspapers on the separation between "Church and State", in other words between the advertising and marketing departments, on one hand, and the journalists, on the other, shows that the relations between profit and news have been a source of potential conflict ever since newspapers began. The efforts of certain media publishers to "topple" this wall reflects the growing pressure of economic forces on journalistic activities, as illustrated by the present study carried out at the Los Angeles Times. At the same time, however, this ritual debate masks both the already extreme dependence of newspaper groups on their owners, on advertising income and more generally on commercial interests, as well as the effects of this dependence on the papers. Commercial forces, in effect, increasingly define the contents of a newspaper, its policies, the evolution of its intellectual quality, etc. The trend towards sensationalism is gaining speed, even in the "quality" press. But if there are still appreciable differences within the field of American journalism between a "professional" pole more reticent about the professions complete submission to commercial demands, embodied today by the Los Angeles Times, and a pole under the direct control of marketing concerns, illustrated by the Orange County Register, newspaper dependence on advertising is significantly stronger in the United States than in France. At the same time however this ritual debate masks both the already extreme dependence of newspaper groups on their owners on advertising income and more generally on commercial interests as well as the effects of this dependence on the papers Commercial forces in effect increasingly define the contents of a newspaper its policies policies the evolution of its intellectual quality etc The trend towards sensationalism is gaining speed even in the quality press But if there are still appreciable differences within the field of American journalism between a professional pole more reticent about the professions complete submission to commercial commercial demands embodied today by the Los Angeles Times and a pole under the direct control of marketing concerns illustrated by the Orange County Register newspaper dependence dependence on advertising is significantly stronger in the United States than in France
- Note sur les journalistes de l'Ancien Régime. - Sylvie Truc, Jean Sgard.
- L'actualité de Karl Kraus. - Jacques Bouveresse, Pierre Bourdieu.
- Le médiateur entre deux Monde. - Patrick Champagne.