Titre | Cent ans d'hétérosexualité. | |
---|---|---|
Auteur | Alain Giami. | |
Revue | Actes de la recherche en sciences sociales | |
Numéro | no 128, juin 1999 Sur la sexualité. | |
Rubrique / Thématique | Sur la sexualité. |
|
Résumé | Cent ans d'hétérosexualité L'apparition de l'hétérosexualité s'inscrit dans le mouvement de dissociation de la fonction erotique de la sexualité par rapport à sa fonction reproductive, c'est-à-dire la « modernisation de la sexualité». À la fin du XIXe, les «pionniers de la sexologie » ont classé « l'hétérosexualité » comme une forme de sexualité visant à l'obtention du plaisir parmi les « aberrations sexuelles ». À l'autre extrême, Kinsey et Masters et Johnson ont fait de l'hétérosexualité, et de l'activité sexuelle visant à l'obtention de l'orgasme dans le cadre du couple conjugal, le modèle « normal et naturel » de la sexualité. Mais ce modèle de la normalité sexuelle a été remis en cause par Masters et Johnson eux-mêmes qui ont instauré, dans une deuxième période de leur œuvre, le principe de l'équivalence généralisée de toutes les pratiques sexuelles. Par la suite, au milieu des années 70, dans le contexte de l'émergence du mouvement féministe américain, la dissociation des fonctions procréatrices et erotiques de l'activité sexuelle s'est amplifiée avec : la remise en cause du rôle central du coït pour l'obtention de l'orgasme féminin; l'affirmation selon laquelle le coït serait une forme de violence sexuelle à l'égard des femmes ; et l'apparition du sida qui a associé le coït avec la possibilité d'une contamination. Le caractère normal et naturel de l'hétérosexualité s'est donc trouvé remis en cause sous l'influence de découvertes scientifiques, de l'action de mouvements sociaux et de l'émergence d'une épidémie. | |
Résumé anglais | A hundred years of heterosexuality The notion of heterosexuality appears as part of the gradual dissociation between the erotic function of sexuality and its reproductive function, in other words it stems from the "modernization of sexuality". At the end of the 19th century, the "pioneers of sexology" placed "heterosexuality" as a form of sexuality practiced for the purpose of achieving orgasm in the category of sexual deviancies. At the other extreme, Kinsey and Masters and Johnson made heterosexuality and sexual activity for the purpose of pleasure in the context of the married couple the "normal and natural" model of sexuality. But this model of sexual normalcy was later challenged by Masters and Johnson themselves, who initiated, in the second phase of their work, the principle of the generalized equivalence of all sexual practices. Subsequently, in the mid 1970s, in the context of the newborn American feminist movement, dissociation of the procreative and the erotic functions of sexual activity was exacerbated, with the resulting challenge to the central role of coitus in the female orgasm; the affirmation that coitus was a form of sexual violence to women ; and the appearance of Aids, which associated coitus with the possibility of contamination. The normal and natural character of heterosexuality was thus thrown into question under the influence of scientific discoveries, the action of social movements and the emergence of an epidemic. | |
Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1999_num_128_1_3292 |