Titre | « Produire l'être singe ». Langage du corps et harmonies spirituelles | |
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Auteur | Claude Blanckaert | |
Revue | Annales historiques de la Révolution française | |
Numéro | no 377, juillet-septembre 2014 L'animal en révolution | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 9-35 | |
Résumé |
Vers 1800, les grands singes sont méconnus dans leurs espèces et leurs aptitudes réelles. On les dénomme encore orangs-outangs, terme générique repris du malais désignant les « hommes des bois ». Les monographies savantes accentuent l'équivoque des représentations. À l'image de l'homme de nature du siècle des Lumières, le singe reste une créature intermédiaire, identique à l'homme physique dont il partage la sensibilité et les excès. Il appartiendra à l'anatomie fonctionnelle de mesurer l'étendue de son intelligence et les conditions de la perfectibilité pour définir les voies de production de l'« être singe » et sa place dans l'échelle du vivant. Les projections anthropomorphiques brouilleront durablement toutes les barrières symboliques instaurées entre les deux règnes humain et animal. Pourtant, à partir des années 1820-1830, la découverte des formes adultes de l'orang fera justice de cette ambivalence. Frappé d'arrêt de développement cérébral à la puberté, le singe subit une métamorphose régressive qui le fait déchoir. Alors que l'homme s'élève et s'ennoblit, l'orang rétrograde vers la vie bestiale. Fascination et répulsion n'ont cessé d'accompagner cette fiction savante. Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Résumé anglais |
?In 1800, little was known about the great apes and their actual aptitudes. They were still called «orangs-outangs», a generic term taken from Malay designating «woodsmen».The scientific monographs of the day reinforced an ambiguity in their representations. Like the natural man of the century of the Enlightenment, the ape remained an intermediate creature, identical to physical man with whom it shares sensibilities and excesses. It would be the task of functional anatomy to measure the extent of the apes' intelligence, no less than to assess the conditions of its perfectibility and its place in hierarchy of living animals. The anthropomorphic depictions lastingly obscured all the symbolic borders between the realms of humans and animals. However, beginning in the years from 1820 to 1830, the discovery of adult orang would rectify this ambivalence. Arrested in its cerebral development at puberty, the ape underwent a regressive metamorphosis that caused its decline. While man rose, ennobled, the orang regressed towards a bestial existence. Fascination and repulsion never ceased to accompany this scholarly fiction. ? Source : Éditeur (via Cairn.info) |
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Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=AHRF_377_0009 |