Contenu de l'article

Titre « Masonic Inborn » : Jazz, sociétés initiatiques et afrocentrisme
Auteur Raphaël Imbert
Mir@bel Revue Cahiers d'études africaines
Numéro no 216, 2014 Musiques dans l'« Atlantique noir »
Page 999-1026
Résumé Le saxophoniste Albert Ayler enregistre en 1969 « Masonic Inborn », une longue et intense improvisation à la cornemuse. C'est, à notre connaissance, le seul titre de l'histoire du jazz faisant ouvertement référence à la tradition maçonnique. Cette rareté ne doit pourtant pas occulter que le fait maçonnique demeure un sujet passionnant et méconnu de l'histoire du jazz. De très nombreux jazzmen d'avant-guerre ont appartenu activement à la maçonnerie noire américaine, dite de « Prince Hall », sans pour autant l'afficher dans leurs œuvres artistiques. Après la Seconde Guerre mondiale, la maçonnerie est délaissée par les musiciens au profit de mouvements jugés plus actifs politiquement. Paradoxalement, l'utilisation de symboles maçonniques — au même titre que toute une mythologie égyptienne, afro-centrique, orientale, contre-culturelle — s'affiche beaucoup plus ouvertement sur les pochettes de disques, affiches, tracts de cette époque. En étudiant des personnalités telles que Duke Ellington, Sun Ra, Cab Calloway, Ayler mais aussi Martin Delany, Lewis Hayden, Prince Hall, nous découvrirons comment les sociétés initiatiques afro-américaines, dont la franc-maçonnerie, ont finalement porté la gestation d'une symbolique afro-centrique primordiale. Fait essentiel, constitutif mais méconnu de l'Atlantique noir, cette symbolique s'affichera, par un phénomène d'extériorisation inédit, sur les scènes musicales américaines avant de devenir le paradigme intellectuel et politique que l'on sait.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Résumé anglais “Masonic Inborn” : Jazz, Initiation Societies and Afrocentrism
In 1969 the late saxophonist Albert Ayler recorded “Masonic Inborn”, a long and intense improvisation on the bagpipe. As far as we know, this tune is the only one in the history of jazz that clearly mentions the masonic tradition. This rarity should not hide the fact that the masonic occurrence is a fascinating but unknown subject of history of jazz. Many pre-war jazzmen actively belonged to the Black American masonry—called Prince Hall Masonry—but without displaying it in their artistic works. After WWII, masonry is neglected by musicians in favor of some others movements considered more politically active. Paradoxically, in the same time, the use of masonic symbols—just like Egyptian, afrocentric, Eastern, and counter cultural mythologies— appears more openly on album covers, posters and leaflets. While studying such personalities as Duke Ellington, Sun Ra, Cab Calloway, Ayler but also Martin Delany, Lewis Hayden, Prince Hall, this article will analyze how African-American initiation societies—including freemasonry—carried the gestation of a primordial afrocentric symbolism. Key, constitutive but disregarded fact of The Black Atlantic, this symbolism will appear first, by an unusual externalizing phenomenon, on American musical stages before becoming the intellectual and political paradigm we know.
Source : Éditeur (via Cairn.info)
Article en ligne http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CEA_216_0999