Titre | Comment l'entreprise nationale survivra-t-elle à l'Europe ? | |
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Auteur | Jean Ruffat | |
Revue | Politiques et management public | |
Numéro | vol. 8, no 3, septembre 1990 | |
Rubrique / Thématique | Articles |
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Page | 65-84 | |
Résumé |
Principal vecteur d'une volonté économique nationale, "l'entreprise publique nationale" est confrontée à d'autres volontés nationales lorsqu'elle passe les frontières et risque de se voir déstabilisée par la dilution progressive de l'Etat dont elle est l'expression.
Certains, les plus pragmatiques, considèrent que le problème n'est pas d'être nationalisé ou privé. Ce qui importe, c'est la santé économique et financière des entreprises. D'autres cependant posent le problème en termes de rapport de forces entre puissances économiques (dont les Etats-nations) et considèrent, dans ce contexte, que l'Etat constitue le seul rempart contre les OPAs amicales ou inopportunes.
En réalité, le problème dépasse aujourd'hui les frontières de l'hexagone et c'est à l'échelle de l'Europe, puis de la communauté des nations qu'il faut s'interroger sur la place de l'entreprise publique nationale. En fait, dans la pratique, les pays membres ne sont déjà plus libres de jouer à leur guise du meccano industriel. Ils doivent rendre des comptes à Bruxelles et le contexte communautaire tendrait, de fait, à placer tous ces organismes devant l'alternative de la banalisation ou de la marginalisation.
L'Angleterre, en particulier, qui a fait l'effort de remettre ses structures industrielles et beaucoup de ses services publics dans le marché, voit d'un mauvais œil l'appétit des entreprises nationalisées françaises outre-manche et les incidents se sont multipliés. Mais c'est peut-être du côté des Etats-Unis que pourraient se poser les prochains problèmes de légitimité pour l'entreprise nationale française.
Pourtant, si l'on considère que nous sommes effectivement engagés dans une forme de guerre où tous les coups (ou presque) seraient permis face à des acteurs qui ne jouent pas toujours le jeu du marché (en particulier au niveau des structures : impossibilité pratique de lancer des OPAs au Japon, en Allemagne ou en Suisse), alors la France aurait peut-être opté pour la bonne solution en nationalisant les plus beaux fleurons de son économie.
Mais, sur le long terme, il sera vraisemblement difficile de conserver le contrôle public national sur les entreprises publiques de France et d'ailleurs, dans une Europe qui serait vraiment intégrée et où les Etats nationaux se seraient fortement dilués dans un véritable système de gouvernement (politique et économique) à dominante fédérale, s'il devait se concrétiser ; ce qui n'apparaît plus acquis. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1990_num_8_3_2953 |