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Titre Système d'information et pratiques sociales
Auteur Pierre Cam
Mir@bel Revue Droit et société
Numéro no 16, septembre 1990 Droit et médias.
Rubrique / Thématique
Dossier. Droit et Médias
Page 259-267
Résumé Cet article analyse les conséquences, sur le comportement des salariés, de l'émergence, à côté des leaders d'opinion attachés traditionnellement à la classe ouvrière, de techniciens et de professionnels de l'information dans le domaine du droit social. L'un des premiers effets de cette professionnalisation est que les salariés recourent plus volontiers aujourd'hui pour se défendre ou s'informer à l'inspection du travail ou à un avocat qu'au syndicat ou au délégué syndical. Cette disqualification, chez les salariés, de leurs porte-parole habituels, est à mettre en relation avec l'étatisation des sources du droit. La formation, l'interprétation et l'application du droit social échappent de plus en plus, en France, au monopole des partenaires sociaux. Un autre effet de cette apparition d'un savoir "abstrait" — parce que devenu étranger et non contrôlé par les représentants de la classe ouvrière — , est le développement, chez les salariés, d'un imaginaire juridique qui se nourrit de leurs illusions quant aux possibilités d'une société conforme à leurs attentes. Ces désirs et ces illusions sont naturellement entretenus et renforcés par la multiplicité des services de l'information en droit social. Le salarié, sollicitant tour à tour ces différents services, se forge au bout du compte une idée contradictoire de la norme applicable. Ici comme ailleurs, la multiplicité des sources d'information et leur concurrence acharnée ne peut conduire à terme qu'à une désinformation progressive du public et à un scepticisme de plus en plus marqué des individus vis-à-vis des médias et de l'information qu'ils véhiculent.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais This article analyses the effects on employee's behaviour of the emergence of professional and technicists in labour law beside the traditional opinion's leaders of the working classes. The first effect of this professionalization is that workers have recourse easier today to labour 's inspection or barrister than to trade union or syndical counsel. This disqualification, among the employees, of traditional opinion's leaders, is not unconnected with the state interventionism in the source of the labour law. The fashioning, the interpreting and the applying of the labour law escape more and more, in France, from "social partners". One other effect in the manifestation of this "abstract" knowledge of law — abstract because alien and uncontrollable — is the development of a legal imagination that feeds with the worker's fantasms about a society fitted with their aspirations. These hopes and wishes are nursed and fostered by the multiplication and the multiplicity ofthe information services in matter of labour law. Corning from a service going to another, the worker procures and gets finally an inconsistent information about the appropriate rule. Here as in any other domain of the information, the proliferation of the knowledge sources and their competition is driving at last to a progressive disinformation of the general public and a people scepticism about media and news.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dreso_0769-3362_1990_num_16_1_1087