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Titre Le sang du corps du droit canon ou des acceptions de l'adage « Ecclesia abhorret a sanguine »
Auteur Michèle Bordeaux
Mir@bel Revue Droit et société
Numéro no 28, septembre 1994 Le sang : les veines du social.
Rubrique / Thématique
Dossier. Le sang : les veines du social
Page 543-563
Résumé La doctrine canonique enseignée et transmise donne à l'adage « Ecclesia abhorret a sanguine » une signification restreinte. Elle valorise les vertus de paix et de douceur de l'Institution et la juste sanction dont elle frappe les actes personnels de violence homicide entre chrétiens. Or l'extension des exonérations accordées (légitime défense contre les hérétiques, office public des Princes libérateurs et de leurs soldats) montre les limites de l'habituelle traduction de l'adage latin : « L'Église déteste faire couler le sang. » Le statut du sang dans le corps du droit canon doit au contraire être restitué lato sensu : « L'Église hait le sang qui coule. » Le sang est un agent polluant et toujours contaminant (ainsi que le sperme, autre liquide vital). La « communion des sangs » lors d'une relation charnelle (dans ou hors mariage) communique une parenté consanguine d'affinité porteuse d'interdit incestueux. L'hérésie... et la foi catholique... se transmettent par le sang (statuts espagnols de pureté du sang). Le sang (comme le sperme) pollue les lieux saints où il serait émis (accouchement, menstrues) et contribue à exclure les femmes du Sacré.
Source : Éditeur (via Persée)
Résumé anglais Canon Law's Blood : On some Meanings of the Adage « Ecclesia abhorret a sanguine ». Canonical legal scholars taught and passed on a strict sense for the adage « Ecclesia abhorret a sanguine ». It highlights the Church's virtues of peace and kindness and its fair punishment of personal acts of homicidal violence amongst Christians. However, the number of exonerations granted (self-defence against heretics, public office of Liberator Princes and their soldiers) points to the limits of the traditional translation of the adage : « The Church abhors shedding blood. » The status of blood in the Canon Law corpus must be understood, rather, in a broad sense : « The Church abhors flowing blood. » Blood pollutes and always contaminates (as does sperm, another vital liquid). «Communion of blood » during the carnal act (between married or non-married people) creates a consanguine connection and consequently an incestuous interdict. Heresy as well as Catholic faith are transmitted through blood (Spanish statutes of « blood purity »). Blood (like sperm) would pollute holy places were it flow there (childbirth, menses) and thus contributes to the exclusion of women from the Sacred.
Source : Éditeur (via Persée)
Article en ligne http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dreso_0769-3362_1994_num_28_1_1292