Titre | Les islamistes à l'épreuve du printemps arabe et des urnes : une perspective critique | |
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Auteur | Haoues Seniguer | |
Revue | L'année du Maghreb | |
Numéro | Vol. VIII, 2012 Dossier : Un printemps arabe ? | |
Rubrique / Thématique | Dossier de recherche : Printemps arabe : une « révolution » pour les sciences sociales ? |
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Page | 67-86 | |
Résumé |
Les révoltes sociales du monde arabe qui débutèrent en décembre 2010 en Tunisie constituèrent un puissant révélateur, outre des frustrations socioéconomiques et des attentes démocratiques des peuples arabes dans leur majorité favorable à la chute des régimes autoritaires, des ambivalences, voire des contradictions des mouvements de l'islam politique vis-à-vis de ces mêmes régimes. Certes, les mouvements ou partis islamistes n'ont ni initié ni rallié tout de suite les mobilisations collectives mais leur retenue a cependant mis au jour deux éléments nouveaux : d'une part, contrairement à ce qui peut être avancé parfois, dans la littérature consacrée aux islamistes, la répression qui les a certes le plus souvent visés, ne les a pour autant définitivement privés de transactions collusives avec les régimes autoritaires dont ils ont même fini, quelquefois, par accepter la longévité et s'accommoder. C'est pourquoi, durant les premiers jours de révoltes, ils se sont longuement interrogés sur les éventuels coûts d'un engagement prématuré auprès des manifestants, allant jusqu'à refuser, comme pour le Parti de la justice et du développement marocain (PJD), de les rejoindre, au moins en tant qu'acteur collectif ; d'autre part, ces révoltes sociales ont permis de mettre en évidence, l'existence de clivages au sein des mouvements islamistes, aussi bien entre les dirigeants et la base, au sein de chacun des deux groupes respectifs, mais également, entre les « anciens » et les plus « jeunes ». Enfin, ces révoltes sociales ont montré, dans certains pays tels que le Maroc, que des islamistes légalistes peuvent très bien jouer le jeu de l'autoritarisme et partager avec lui, une forme d'obsession du contrôle social de la population, ainsi que la préservation d'un certain ordre moral. Ce qui n'a pas empêché ces acteurs, au Maroc, en Tunisie et en Égypte, de remporter des élections, non seulement à cause du discrédit frappant la classe politique en général, mais aussi, en particulier, grâce à leurs réseaux sociaux et à une forme de discours prônant la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
The Arab world's social revolts that began in Tunisia in December 2010 were a clear indicator not only of the socio-economic frustrations and democratic expectations of Arab peoples, most of whom were in favor of the fall of authoritarian regimes, but also of ambivalent, even contradictory positions in political Islamist movements vis-à-vis these regimes. Although Islamist movements or parties neither initiated nor joined collective mobilizations right away, their restraint revealed two new aspects : on the one hand, contrary to what certain literature about Islamists may have theorized, the repression that had most often affected them had not deprived them permanently of engaging in collusive transactions with authoritarian regimes, whose longevity they even had ended up accepting and getting accustomed to. That is why, during the early days of revolt, they carefully reflected upon the possible drawbacks of a premature commitment to the protesters and sometimes refused to join them, as did Morocco's Party of Justice and Development (PJD), at least as a collective player ; on the other hand, these social uprisings brought to light the existence of rifts within Islamist movements, both between the leaders and the base in each of the two groups respectively, and between the “older” and the “younger” generations. Finally, these social uprisings showed, in a number of countries such as Morocco, that legalistic Islamists may well play the game of authoritarianism and share in a form of obsession of social control of the population, as well as preservation of moral order. That did not stop them from winning elections in Morocco, Tunisia and Egypt, not only because of the patently discredited political class in general, but also, more specifically, through their social networks and a form of campaign against corruption and moralization of public life. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://anneemaghreb.revues.org/1404 |