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Titre Mémoires et patrimonialisation d'un passé antéislamique : Mubârak al-Mîlî et l'ethnogenèse du peuple algérien
Auteur Aomar Hannouz
Mir@bel Revue L'année du Maghreb
Numéro No 10, 2014 Dossier : Besoins d'histoire
Rubrique / Thématique
Dossier : Besoins d'histoire
 II. Écritures et réécritures de l'histoire
Page 115-141
Résumé Dès les débuts de l'indépendance de l'Algérie, les nationalistes ont insisté sur son identité arabo-musulmane. L'islamisation de l‘Afrique du Nord était au fondement de la nation algérienne. Le passé antique de la région en devenait quasiment exclu de l'histoire temporelle et écrite. Grâce aux travaux de James MacDougall, on connaît bien l'importance de l'œuvre de Tawfîq al-Madanî (m. 1983) dans la construction d'une identité nationale algérienne. Or, celle d'un autre historien proche de l'Association des oulémas musulmans algériens, Mubârak al-Mîlî (m. 1945), n'était pas moindre. Son Histoire de l'Algérie dans les temps anciens et modernes, rédigée à la fin des années 1920, aborde l'histoire ancienne du Maghreb avec un point de vue original. Contrairement à l'historiographie nationaliste qui s'impose après l'indépendance, elle témoigne de la formalisation de mémoires concurrentes en matière d'ethnogenèse et d'histoire culturelle, conséquences de compétitions sociales et politiques. Son discours sur l'histoire antique de l'Algérie ne renverse pas seulement les valeurs du discours colonial, mais assimile les catégories ethniques et les théories scientifiques élaborées au XIXe siècle par les sociétés savantes françaises. Les ethnogenèses des peuples européens servent de modèle pour la construction d'une mémoire collective du peuple algérien. Notre contribution entend analyser cette ingénierie de l'ethnicité, et les modes de réactivation ou de réinvention d'une ethnie dans le contexte de renaissance culturelle d'une « communauté imaginée » socialement et politiquement dominée.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais From the very beginnings of Algerian independence, Algerian nationalists emphasized the country's Arab-Moslem identity. The islamization of North Africa was the very foundation upon which the Algerian nation was to be built. The region's ancient past was almost entirely excluded from oral memory and written history. Thanks to James McDougall's work, History and Culture of Nationalism in Algeria, the foundational work on national construction by Tawfiq al-Madanî (d. 1983) is well documented. Yet the writings of another historian close to the Association of Algerian Ulemas, Mubârak al-Milî (d. 1945) were no less important. His Histoire de l'Algérie dans les temps anciens et modernes, written at the end of the 1920s, deals with the Maghreb's classic and pre-Islamic history, exposing a peculiar and original viewpoint. Contrary to nationalist historiography, imposed following independence, al-Milî's work bears witness to the crystallisation of parallel and competing narratives for the ethnogenesis and cultural history, this very process being the consequence of social and political rivalry. His ideas and discourse on the ancient history of Algeria not only overturns the values and arguments advanced in the colonialist discourse, but assimilates the ethnic categories and scientific theories advanced by French scholarly societies of the 19th century. The European narrative of ethnogenesis provided a model for conceptualization of the Algerian people's collective memory. Our contribution is an attempt to analyse this ethnic engineering, and so to examine the modes by which this ethnic group was reactivated to culturally express an ethnic group and “imagined community”, which was itself dominated socially and politically.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://anneemaghreb.revues.org/2050