Titre | Mutation financière : Les déterminants structurels de la mutation financière récente | |
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Auteur | Jacques Delmas-Marsalet | |
Revue | Revue d'économie financière | |
Numéro | no 2, septembre 1987 L'Europe financière | |
Page | 9-24 | |
Résumé |
Déterminants structurels de la mutation financière récente
Le système financier des pays industrialisés connaît des évolutions rapides et de grande ampleur : désintermédiation du crédit, diversification croissante des instruments de financement, décloisonnement et intégration des marchés, déspécialisation des intermédiaires.
Les déterminants de ces mutations sont à rechercher dans l'adaptation des agents économiques à une nouvelle donne économique et technologique. Les changements de comportement induits par cette nouvelle donne sont à leur tour les facteurs d'une dynamique des mutations.
La dernière décennie a été caractérisée par la montée des déficits à financer par appel au crédit et surtout aux marchés de capitaux :
- au plan mondial avec le déficit des pays en voie de développement financé par crédits bancaires et plus récemment celui des États-Unis financé par appel au marché ;
- au plan interne avec le niveau atteint par les déficits publics, même si un reflux est aujourd'hui perceptible.
Parallèlement, l'aggravation des incertitudes en matière d'inflation, de taux d'intérêt et de taux de change a stimulé un important mouvement d'innovations financières.
Enfin, l'essor de l'informatique et des communications, puis de la micro-informatique, élargissant considérablement le champ du possible, a bouleversé les instruments et les méthodes du milieu financier.
Les politiques d'ajustement suivies pour remédier à la crise ont amené une hausse des taux d'intérêt réels et une modification du partage de la valeur ajoutée au profit des entreprises et au détriment des particuliers.
Les entreprises ont eu tendance à se désendetter et à gérer plus efficacement leur trésorerie et leur dette en faisant appel à toutes les possibilités offertes par les marchés.
Les particuliers ont diminué leur taux d'épargne et modifié l'orientation de leurs placements en faveur des produits les mieux rémunérés, permettant le développement rapide des formes de gestion collective de l'épargne.
Confrontées à l'affaiblissement de la demande de crédits des entreprises et à la diminution en volume et au renchérissement de leurs dépôts, les banques commerciales ont développé leurs activités de marché au service des entreprises ainsi que leurs activités de gestion de portefeuilles individuels ou collectifs.
La concurrence à l'intérieur du système bancaire au sens large s'est accrue, la diversification des activités estompant les frontières.
Les banques se sont également efforcées de réduire leurs coûts d'intermédiation et de limiter les risques inhérents à leur activité, par l'utilisation de nouveaux produits et la mobiliérisation. Ce mouvement trouve toutefois ses limites dans le développement rapide de l'activité hors bilan.
Dans ce contexte, les autorités publiques ont été contraintes ou désireuses de déréglementer pour assurer l'égalité des conditions de concurrence entre intermédiaires financiers, et pour favoriser la baisse du coût de l'intermédiation financière et la compétitivité des places financières nationales.
Toutefois, une re-réglementation semble inéluctable afin de retrouver une maîtrise de la politique monétaire et de continuer à assurer la stabilité du système financier et la protection des épargnants.
À cet égard, le projet d'un marché européen des services financiers doit s'appuyer à la fois sur une libéralisation progressive et équilibrée et sur des règles de jeu communes.
La libre circulation des produits financiers doit s'accompagner d'une harmonisation minimale des règles de surveillance et des normes prudentielles : la sécurité du système financier est à ce prix. Source : Éditeur (via Persée) |
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Résumé anglais |
Changes in Financial Systems and Determining Factors
The financial system of industrial countries is experiencing rapid changes of a great magnitude: reduction in credit intermediation, growing diversification of financial instruments, opening and integration of markets, despecialization of intermediaries.
The determinants of these changes are to be inquired into in the adaptation of economic forces to a new economic and technological deal. The behavioral changes induced by this new deal are in their turn factors in an evolutionary dynamic.
The last decade has been characterized by mounting financial deficits, by appeals for credit and above all to capital markets:
- on the world plane with the deficit of developing countries financed by credit banks and more recently that of the USA financed by appeal to the market;
- on the internal plane with the level attained by the public deficits, even if a reflux is perceptible today.
Coincidentally, the aggravation of uncertainties in inflation in the interest rate and in the exchange rate has stimulated an important movement of financial innovations.
Finally, the rise of information and communications, then micro-informational systems, considerably widening the range of possibilities, has upset the instruments and methods of financial middlemen.
The adjustment policies of followed for remedying the crisis have lead to an increase in real interest rates and a modification of the value added to the profit of enterprises and have certain detrimental characteristics.
The enterprises have tended to remove their debt and to mange more efficiently their treasury and their debt in appealing to all the possibilities offered by the markets.
The characteristics have diminished their savings rate and modified the orientation of their investments in favour of producing better returns, permitting the rapid development of forms of collective management of savings.
Confronted with the weakening of credit demand by enterprises and by the diminution in volume and by the increase in the cost of their deposits, the commercial banks have developed their market activities to serve enterprises as well as their management activities for individual or collective portfolios.
Competition in the internal banking system is in the large sense spreading within, while the diversification of activities is widening the frontiers.
The banks are equally forced to reduce their costs of intermediation to limit the risks inherent in their activity, by the utilization of new products and by mobilization. This movement nevertheless finds its limits in the rapid development of off-balance sheet activity.
In this context, the public authorities have been constrained or desirious of deregulating to assure the equality of competitive conditions between financial intermediaries, and to favour the decrease of the cost of financial intermediation and the competitiveness of national financial positions.
Nevertheless, a re-regulation seems inescapable in order to recover control of monetary policy and to continue to assure the stability of the financial system and the protection of savers.
In this respect, the project of a European market of financial services must rest at once on the progressive liberalization and equilibrium and on common rules of the game.
The free circulation of financial producers must be accompanied by a minimal harmonization of rules of surveillance and by prudent standards: the security of the financial system is at stake. Source : Éditeur (via Persée) |
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Article en ligne | http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecofi_0987-3368_1987_num_2_2_1496 |