Contenu du sommaire : L'Europe financière
Revue | Revue d'économie financière |
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Numéro | no 2, septembre 1987 |
Titre du numéro | L'Europe financière |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Olivier Pastré p. 1 page
Articles
- Allocution d'ouverture - F.A. Cockfield p. 5 pages
- Mutation financière : Les déterminants structurels de la mutation financière récente - Jacques Delmas-Marsalet p. 16 pages Déterminants structurels de la mutation financière récente Le système financier des pays industrialisés connaît des évolutions rapides et de grande ampleur : désintermédiation du crédit, diversification croissante des instruments de financement, décloisonnement et intégration des marchés, déspécialisation des intermédiaires. Les déterminants de ces mutations sont à rechercher dans l'adaptation des agents économiques à une nouvelle donne économique et technologique. Les changements de comportement induits par cette nouvelle donne sont à leur tour les facteurs d'une dynamique des mutations. La dernière décennie a été caractérisée par la montée des déficits à financer par appel au crédit et surtout aux marchés de capitaux : - au plan mondial avec le déficit des pays en voie de développement financé par crédits bancaires et plus récemment celui des États-Unis financé par appel au marché ; - au plan interne avec le niveau atteint par les déficits publics, même si un reflux est aujourd'hui perceptible. Parallèlement, l'aggravation des incertitudes en matière d'inflation, de taux d'intérêt et de taux de change a stimulé un important mouvement d'innovations financières. Enfin, l'essor de l'informatique et des communications, puis de la micro-informatique, élargissant considérablement le champ du possible, a bouleversé les instruments et les méthodes du milieu financier. Les politiques d'ajustement suivies pour remédier à la crise ont amené une hausse des taux d'intérêt réels et une modification du partage de la valeur ajoutée au profit des entreprises et au détriment des particuliers. Les entreprises ont eu tendance à se désendetter et à gérer plus efficacement leur trésorerie et leur dette en faisant appel à toutes les possibilités offertes par les marchés. Les particuliers ont diminué leur taux d'épargne et modifié l'orientation de leurs placements en faveur des produits les mieux rémunérés, permettant le développement rapide des formes de gestion collective de l'épargne. Confrontées à l'affaiblissement de la demande de crédits des entreprises et à la diminution en volume et au renchérissement de leurs dépôts, les banques commerciales ont développé leurs activités de marché au service des entreprises ainsi que leurs activités de gestion de portefeuilles individuels ou collectifs. La concurrence à l'intérieur du système bancaire au sens large s'est accrue, la diversification des activités estompant les frontières. Les banques se sont également efforcées de réduire leurs coûts d'intermédiation et de limiter les risques inhérents à leur activité, par l'utilisation de nouveaux produits et la mobiliérisation. Ce mouvement trouve toutefois ses limites dans le développement rapide de l'activité hors bilan. Dans ce contexte, les autorités publiques ont été contraintes ou désireuses de déréglementer pour assurer l'égalité des conditions de concurrence entre intermédiaires financiers, et pour favoriser la baisse du coût de l'intermédiation financière et la compétitivité des places financières nationales. Toutefois, une re-réglementation semble inéluctable afin de retrouver une maîtrise de la politique monétaire et de continuer à assurer la stabilité du système financier et la protection des épargnants. À cet égard, le projet d'un marché européen des services financiers doit s'appuyer à la fois sur une libéralisation progressive et équilibrée et sur des règles de jeu communes. La libre circulation des produits financiers doit s'accompagner d'une harmonisation minimale des règles de surveillance et des normes prudentielles : la sécurité du système financier est à ce prix.Changes in Financial Systems and Determining Factors The financial system of industrial countries is experiencing rapid changes of a great magnitude: reduction in credit intermediation, growing diversification of financial instruments, opening and integration of markets, despecialization of intermediaries. The determinants of these changes are to be inquired into in the adaptation of economic forces to a new economic and technological deal. The behavioral changes induced by this new deal are in their turn factors in an evolutionary dynamic. The last decade has been characterized by mounting financial deficits, by appeals for credit and above all to capital markets: - on the world plane with the deficit of developing countries financed by credit banks and more recently that of the USA financed by appeal to the market; - on the internal plane with the level attained by the public deficits, even if a reflux is perceptible today. Coincidentally, the aggravation of uncertainties in inflation in the interest rate and in the exchange rate has stimulated an important movement of financial innovations. Finally, the rise of information and communications, then micro-informational systems, considerably widening the range of possibilities, has upset the instruments and methods of financial middlemen. The adjustment policies of followed for remedying the crisis have lead to an increase in real interest rates and a modification of the value added to the profit of enterprises and have certain detrimental characteristics. The enterprises have tended to remove their debt and to mange more efficiently their treasury and their debt in appealing to all the possibilities offered by the markets. The characteristics have diminished their savings rate and modified the orientation of their investments in favour of producing better returns, permitting the rapid development of forms of collective management of savings. Confronted with the weakening of credit demand by enterprises and by the diminution in volume and by the increase in the cost of their deposits, the commercial banks have developed their market activities to serve enterprises as well as their management activities for individual or collective portfolios. Competition in the internal banking system is in the large sense spreading within, while the diversification of activities is widening the frontiers. The banks are equally forced to reduce their costs of intermediation to limit the risks inherent in their activity, by the utilization of new products and by mobilization. This movement nevertheless finds its limits in the rapid development of off-balance sheet activity. In this context, the public authorities have been constrained or desirious of deregulating to assure the equality of competitive conditions between financial intermediaries, and to favour the decrease of the cost of financial intermediation and the competitiveness of national financial positions. Nevertheless, a re-regulation seems inescapable in order to recover control of monetary policy and to continue to assure the stability of the financial system and the protection of savers. In this respect, the project of a European market of financial services must rest at once on the progressive liberalization and equilibrium and on common rules of the game. The free circulation of financial producers must be accompanied by a minimal harmonization of rules of surveillance and by prudent standards: the security of the financial system is at stake.
- Innovations financières, agrégats monétaires, politique monétaire - Yves Ullmo p. 12 pages Innovations financières, agrégats monétaires, politique monétaire Les innovations financières seront liées à l'évolution de la réglementation, correspondant plus fondamentalement à l'évolution des besoins des agents emprunteurs et prêteurs dans un contexte de variabilité des taux de change et des taux d'intérêt. Elles ont une incidence sur les modalités de la politique monétaire. On constate d'abord que l'innovation financière rend plus instables les agrégats monétaires et déforme leur relation avec les grandeurs réelles. Là où l'innovation est parvenue à maturité, les agrégats sur-représentent la réalité monétaire et là où elle est dans une phase d'essor, ils la sous-représentent. Par ailleurs, elle vide progressivement de leur contenu les agrégats du crédit. Les autorités monétaires ont réagi dans les grands pays en redéfinissant les agrégats monétaires au profit d'agrégats plus larges et en les diversifiant ce qui a quelque peu brouillé leur valeur. Dans les petits pays, ces agrégats ont pris moins d'importance. Dans ces conditions, la politique monétaire a eu de moins en moins recours au contrôle quantitatif direct du crédit et a de plus en plus joué sur le coût de la monnaie centrale, le taux de change prenant globalement plus d'importance. Les agents financiers s'engagent de leur côté plus activement dans les procédures de financement; la croissance des avoirs internationaux des agents économiques, mal suivis, le rôle croissant des taux variables et l'expansion des marchés à terme ont tendance à rendre moins efficace et moins précise la politique monétaire. Au plan de l'Europe, le développement de l'ECU privé plaide en faveur d'une harmonisation très forte des politiques monétaires nationales et la diminution du rôle des agrégats exige une coordination renforcée au sein du SME.Financial Innovation, Monetary Masses, Monetary Policy Financial innovation will be linked to those changes in regulations which correspond more fundamentally to the changes in borrowing and lending needs in a context of exchange rate and interest rate variation. Financial innovation has repercussion on monetary policy methods. First, we observe that financial innovation renders monetary masses more instable and distorts them in relation to real orders of size. Where innovating practices have matured, masses over-represent monetary reality; where these practices are developing, masses under-represent monetary reality. In addition, innovation is gradually depriving credit masses of their importance. In the main large countries, monetary authorities have reacted by redefining monetary masses in favour of wider, more diversified concepts. This has made their value somewhat less clear. In smaller countries, monetary masses have become less significant. In these conditions, monetary policy has been less and less oriented towards direct control of the quantity of credit and more and more towards control of central money rates, with exchange rates taking pride of place. Financial agents are for their part engaging more actively in financing procedures : the ill-mastered growth of their international assets, the increasing role of variable rates and the expansion of future markets, all tend to render monetary policy less precise and less effective. In Europe, the development of the ECU pleads in favour of tight harmonisation of national monetary policies. The fading role of monetary masses underlies the need for reinforced coordination within the EMS.
- Bourses et valeurs mobilières : Bourses et autres institutions des marchés de valeurs mobilières - Yves Flornoy p. 6 pages Bourses et autres institutions des marchés de valeurs mobilières La mise en place progressive du réseau IDIS qui permettra aux douze bourses de la Communauté de confronter en temps réel les éléments de marché (cours, quantités, offres, demandes) des 250 valeurs européennes cotées simultanément sur au moins deux bourses, se heurte à différents obstacles tenant aux spécificités existant encore sur chacune des douze bourses en matière de : - méthodes de confrontation de l'offre et de la demande (marchés d'enchères, marchés continus) ; - modes de négociation (au comptant ou à terme) ; - systèmes de cotation (marchés à la criée, procédure écrite, relevé des ordres sur support informatique approprié) ; - statut des intermédiaires de bourse (agents, principals, market makers, courtiers, banquiers). Pour atteindre dès que possible l'objectif assigné au réseau IDIS : permettre de savoir à chaque instant à quelle bourse on peut négocier aux meilleures conditions, il a été convenu que chaque bourse conserverait son identité propre, l'adaptant aux disciplines du réseau, et, si besoin, mettrait en place les interfaces provisoires nécessaires. S'il est devenu évident que seules les techniques de marché continu permettront aux bourses de soutenir la concurrence dans le cadre d'un marché tendant à se globaliser, la question reste posée de savoir si la formation de la succession des cours cotés en marché continu doit être dirigée par le flux des ordres des clients au fur et à mesure qu'ils sont exprimés, ou bien si elle doit être dirigée par les prix d'achat et de vente proposés par les market makers.Stock Exchanges and Other Institutions in the Securities Field The progressive installation of the IDIS network, which will permit the twelve stock exchanges of the Community to sort quickly the elements of the market (prices, quantities, offers and bids) of the 250 European securities that are quoted simultaneously on at least two exchanges, is encountering various obstacles flowing from the peculiarities of each of the twelve stock exchanges in the areas of: - methods of matching bids and offers (bidding markets, continuous markets); - methods of negotiation (cash payment or forward transactions); - systems of quotation (oral markets, written procedure, calling up orders on appropriate informational systems); - rules governing stock exchange intermediaries (agents, principals, market makers, brokers, bankers). In attaining as soon as possible the objective assigned to the IDIS network, allowing one to know at each instant on which stock exchange one can negotiate on better terms, it has been agreed that each stock exchange will retain its proper identity, while adapting to the network rules, and, if necessary, will put in place the necessary provisional interfaces. If it becomes evident that only the techniques of a continuous market will permit the stock exchanges to remain competitive in the framework of a globalising market, the remaining question is whether the formation of a series of side quotations must be directed by the flux of clients' orders at the rate and the amount at which they are expressed, or if it must be directed by the buying and selling price asked by the market makers.
- Structures économiques et innovations financières - Michel Aglietta p. 16 pages Structures économiques et innovations financières Les innovations financières se sont accélérées dans les années quatre-vingts sous l'effet des politiques monétaires de lutte contre l'inflation et des répercussions de la crise de l'endettement. Elles ont pris leur essor dans le marché mondial des actifs financiers en dollars. Elles ont affecté les systèmes financiers des autres pays en y transmettant de nouvelles conditions de concurrence caractérisées par des taux d'intérêt réels élevés et par la hausse du dollar. Dans la perspective de construire un marché européen des services financiers, ces évolutions, qui ont été plus subies que décidées, posent des problèmes si l'on veut en tirer parti. Trois ordres de préoccupation se détachent : les incidences sur le financement de l'industrie, l'hétérogénéité des structures financières entre les pays européens, le contrôle monétaire et le degré de coopération que les autorités nationales sont prêtes à accepter. Pour combler son relatif retard technologique, l'Europe doit augmenter sensiblement ses investissements d'innovation. Or ces investissements, souvent spécifiques, à risques élevés et horizons longs, appellent des relations solides et durables entre les entreprises et leurs financiers, au service d'une prospective. Telle n'est pas l'orientation des marchés financiers internationaux. L'anonymat des relations financières, le souci primordial de la liquidité, la recherche des plus-values en capital par l'arbitrage généralisé, ne favorisent pas l'évaluation du risque de l'innovation industrielle et le financement de la modernisation des petites et moyennes entreprises. D'ailleurs rien n'indique, dans un univers économique incertain, que la mobiliérisation systématique des actifs financiers soit l'idéal vers lequel toutes les structures financières doivent se diriger. L'option allemande donne la prépondérance à l'intermédiation bancaire, à l'autofinancement élevé des entreprises, aux relations étroites et stables entre la finance et l'industrie. Le modèle britannique privilégie les marchés de capitaux perméables aux opérateurs étrangers, mais largement déconnectés de l'industrie nationale. Entre ces modèles polaires, il existe des traditions nationales d'organisation financière, établissant des combinaisons différentes de l'intermédiation bancaire et des marchés des capitaux. La formation d'un espace européen des services financiers devra compter avec ces préférences de structure qui créeront des difficultés plus tenaces que la résistance à établir la liberté des mouvements de capitaux. Parmi ces difficultés se trouvent les différences dans les dispositifs du contrôle monétaire qui sont étroitement liés aux types d'organisation financière. Ainsi l'efficacité de la politique monétaire en Allemagne doit- elle beaucoup à sa transmission par les banques et à une action conjointe par les quantités et les taux. Au contraire, une politique exclusive par le taux d'intérêt monétaire, dans un exemple de marchés ouverts où les banques peuvent toujours emprunter pour financer des accroissements d'actifs, peut entraîner un conflit d'objectifs entre le taux de change et les agrégats internes. Il se pourrait donc que la plus grande coordination monétaire impliquée par la marche vers l'intégration financière européenne rencontre des obstacles à cause d'une perte d'efficacité du contrôle monétaire dans certains pays. Si l'on n'y prend garde, les conflits se résoudront par une plus grande variabilité des taux de change, donc par une régression des acquis du système monétaire européen.Economic Structures and Financial Innovation Financial innovations have been accelerating during the nineteen eighties under the influence of anti-inflationary monetary policies and the repercussions of the debt crisis. They first made their appearance in the world market for financial assets in dollars. They have had an effect on the financial systems of other countries by introducing there new conditions of competition, characterised by high real interest rates and by the strength of the dollar. In the context of constructing a European market in financial services, these developments, which have been more inflicted on us than decided upon, pose problems to achieve what is required. Three types of preoccupation can be identified: the effects on the financing of industry, the heterogeneity of financial structures as between European countries, and monetary control, including the degree of cooperation which the European national authorities are prepared to accept. In order to make up for its relative backwardness in technology, Europe must significantly increase its investment in innovation. But these investments, often very specialised, carry high risks and long completion dates and they require supportive and durable relationships between the enterprises and their financiers. This kind of relationship is not encouraged by the orientation of the international financial markets. The anonymity of financial relationships, the overriding concern for liquidity, the search for capital growth through arbitrage, do not encourage a positive evaluation of industrial innovation risks and the financing of small and medium sized enterprises. Moreover there is no reason why, in an economically uncertain world, the pattern of securization of financial assets should be an ideal towards which all the financial structures should steer themselves. The German choice has emphasised the intermediation of banks, a high level of self-financing by enterprises and close, stable relationships between finance and industry. The British model gives privileges to capital markets open to foreign participants, but largely separated from the national industry. Between these two extreme models, there are several national traditions of financial organisation, with different combinations of intermediation by banks and capital markets. The formation of a European financial space should take into account these structural preferences, which may create more enduring difficulties than the resistance against allowing free movement of capital. Amongst these difficulties there are the differences between the mechanisms of monetary control, which are closely linked with the various structures of financial organisation. Thus, the effectiveness of monetary policy in Germany owes much to the part played by the banks in its transmission and to a mechanism based on both money supply and rates of interest. Conversely a policy which relies entirely on rates of interest, in a setting of open markets where banks can always borrow to finance an increase in their assets, can lead to a conflict between the objectives of exchange rates and internal aggregates. It may therefore be that the greater monetary coordination implied by the movement towards European financial integration might encounter some obstacles due to the loss of effectiveness in monetary control in certain countries. Care will have to be taken lest these conflicts should result in greater volatility of exchange rates, and thus in a step backwards from the achievements of the European Monetary System.
- Banque européenne : Une banque monétaire européenne dotée de fonctions de banque centrale - Robert Triffin p. 10 pages Une banque monétaire européenne dotée de fonctions de banque centrale L'objectif ultime d'une union monétaire européenne complète ne peut être atteint que par une voie radicalement différente de celle que proposait le Premier Plan Werner. La suppression totale des marges et fluctuations du taux de change entre monnaies a cédé la priorité à un objectif plus immédiat, consistant en la transformation de l'ECU en une monnaie parallèle, destinée aux règlements internationaux et à l'accumulation de réserves, et devant remplacer progressivement l'eurodollar. Cette priorité immédiate, qui semble admise largement par les populations de la Communauté selon des sondages récents d'opinion, paraît également politiquement viable. La croissance de l'ECU en tant que monnaie parallèle nécessite certaines mesures officielles visant à accroître sa liquidité par rapport à celle des monnaies nationales, à garantir que les dettes en ECU n'engendreront pas de tensions inflationnistes inacceptables. La Banque européenne qui gérerait les ECU devrait avoir les pouvoirs d'ajuster les émissions d'ECU en fonction des exigences d'une croissance non-inflationniste des États membres et de veiller sur la parité entre l'ECU et le dollar des États-Unis, le tout dans un cadre institutionnel susceptible d'éviter que des pressions politiques à court terme ne menacent les intérêts à plus long terme de la Communauté. Dans cette perspective, l'union monétaire européenne complète sera plus perçue comme une extension progressive de l'utilisation de l'ECU dans les transactions intérieures et extérieures que comme une stabilisation des taux de change entre monnaies des pays membres.A European Monetary Bank Endowed with Central Bank Functions The ultimate aim for complete European monetary union can be achieved only by radically different means than those put forward in the First Werner Plan. Total suppression of exchange rate margins and fluctuations between currencies has been superceded as a priority in favour of a more immediate goal consisting in the transformation of the ECU into a parallel currency, designed for international payment and as a reserve currency in gradual replacement of the Eurodollar. According to recent opinion polls among the population of the E.E.C., this seems to be a widely accepted priority and it also appears to be politically viable. The growth of the ECU as a parallel currency presupposes certain official measures being taken aiming at its increased liquidity, in relation to national currencies and at guaranteeing that debts in ECU will not engender unacceptable inflationist tension. A European Bank set up to manage the ECU would have to have the power to adjust ECU issues in accordance with non-inflationary growth requirements fo member States and to watch over parity between the ECU and the U.S. Dollar. The legal status of the Bank would have to be such that short-term political pressures could not threaten the long term interests of the E.E.C. In this light, complete European monetary union can be seen as the gradual growth of the use of the ECU in internal and external transactions rather than as a system of exchange rate stabilization between the currencies of member States.
- Innovation financière et croissance économique - Jean-Paul Abraham p. 24 pages Innovation financière et croissance économique L'innovation financière est un concept apparu récemment mais qui s'insère assez bien dans le cadre conceptuel offert depuis longtemps par Schumpeter. Toutefois, elle a des effets indirects sur la croissance économique. L'innovation financière se caractérise comme une forme de progrès technique endogène et incorporé. Elle peut présenter un caractère aussi disruptif que continu, est induite par la demande au moins autant que par l'offre, économise la main-d'oeuvre et accroît l'intensité capitalistique dans le secteur des services financiers, a un temps de diffusion relativement court et se révèle sensible aux mouvements de réglementation et de déréglementation entrepris par les pouvoirs publics. Une analyse de la législation adoptée en 1982 par la Belgique, qui créait de nouveaux produits financiers par la voie d'innovations fiscales, supporte les conclusions suivantes : l'innovation financière sous-tend la croissance des services financiers dont elle modifie la fonction de production; la concurrence est propice à l'innovation financière, mais la réglementation peut également inciter à des innovations visant à la contourner; l'innovation financière a essentiellement des effets vers l'amont sur la croissance du secteur de l'informatique et des télécommunications ; vers l'aval, ses efforts sont plus indirects. Lorsque la réduction des coûts suscitée par l'innovation financière n'est pas retenue au sein du secteur des services financiers, mais répercutée sur les clients, elle influe sur l'activité économique et la croissance à une double condition : il faut que les autres facteurs de croissance jouent dans les entreprises simultanément et que l'environnement général économique, social et institutionnel soit favorable. L'innovation financière ne peut être un moteur exclusif de la croissance économique.Financial Innovation and Economic Growth Financial innovation is a recent notion but it lies well within the conceptual framework established by Schumpeter. Nevertheless, its effects on economic growth are indirect. Financial innovation is a self-generating form of technical progress. It can be as disruptive as it can be enduring. It is induced as much by demand as by supply, it economises on manpower and it increases capitalistic intensity in the financial services sector. The transmission period of innovation is relatively short and practices are seen to be sensitive to regulatory and deregulatory measures. Analysis of the Belgian legislation adopted in 1982 creating new financial products by way of fiscal innovation, points to the following conclusions: financial innovation underlies the growth of financial services modifying their production; competition is propitious to financial innovation but regulatory measures may also provoke innovation aimed at avoidance of these measures; the requirements of financial innovation essentially affect the growth of the computer and telecommunications sectors, innovation produces less direct after effects on the economy as a whole. When innovation results in reduced costs which are not retained in the financial services sector but are redistributed to its clients, this can influence economic activity and growth. However, this is true on two conditions only: that other growth factors come into play in enterprise simultaneously and that the general economic, social and legal environment be favourable. Financial innovation cannot be the sole motor of economic growth.
- Les services financiers : Politique des pouvoirs publics et concurrence internationale - Rinaldo M. Pecchioli p. 13 pages Ouverture ou protectionnisme ? Trois développements, actuellement en cours et qui sont liés entre eux, influenceront profondément l'évolution future du secteur des services financiers : l'adoption d'une démarche de marketing dans le secteur financier, la « titrisation » de l'intermédiation financière et l'intégration des marchés. Dans ce contexte, la viabilité des établissements dépendra de deux éléments fondamentaux : leur capacité à ne pas se laisser distancer dans les innovations et les développements sur le marché et leur capacité à réagir de manière rapide et efficace aux exigences des clients, qui se modifient sans cesse. Notamment en ce qui concerne ce dernier facteur, l'attitude qu'adopteront les autorités face au problèmeOpenness or Protectionism ? Three interrelated developments are currently at work which will affect profoundly the future evolution of the financial services industry: the marketisation of finance; the securitisation of financial intermediation; and the globalisation of markets. Against this background, the viability of individual institutions will depend on two basic elements: the capacity to keep abreast of innovations and market developments and the capacity to respond quickly and efficiently to the changing requirements of customers. It is with regard to this latter factor that the attitude of authorities towards the general issue of competitive equality, both domestically and internationally, will prove of crucial importance in determining the actual degree of competitiveness of the various groups of financial institutions in the global market. In this context, the paper considers briefly three major policy issues that have acquired growing prominence in international discussions in recent years: deregulation and reregulation; levelling the playing field; and the desirability of international rules of the game. The broad interpenetration of markets worldwide and consideration relating to the international competitiveness of national financial structures militate strongly in favour of further deregulation of financial markets. But the process of reregulation of institutions - mainly, but not exclusively, from the point of view of prudential supervision - is a necessary condition for preserving the safety and soundness of institutions operating in the more competitive financial environment. There is a broad consensus about the desirability of policies which would reduce the existing heterogeneity of institutional arrangements and regulatory standards across the world. But the prospects for a move towards greater compatibility of such arrangements and standards seem to be rather mixed. Indeed, the risk exists that the growing intermingling of instruments and intermediaries may exacerbate competitive inequalities and make more difficult the adoption of a global policy approach towards financial system management. The de facto integration of financial markets needs to be accompanied by the establishment of internationally acceptable ground rules for strengthening the foundations of a liberal trading system in financial services and for establishing a solid framework for international cooperation in this area. Broadly-based action in this field is indispensable in order to limit the risks of the re- emergence of protectionist attitudes, which would reduce the overall efficiency of the global financial system as well as lead to further distortions and incompatibilities between institutional arrangements and market realities.
- Consommateurs et services financiers : les services financiers en Europe dans la perspective des consommateurs - Jeremy Mitchell p. 12 pages Consumer Protection In the context of the breaking down of barriers between different types of financial institutions, of the extension of new communication technologies to service delivery to consumers and of the growing internationalisation of personal financial services, the Community's policies should take account of the interests of European consumers by including the following components: 1. The encouragement of competition between different types of financial institution and the promotion of greater transparency in the market for personal financial services. 2. An examination of the wide variations between Community countries in the provision of new, technologically based financial services, such as A.T.Ms and E.F.T.- P.O.S., and of whether the needs of European consumers are being adequately met, by comparison with comparable non-Community countries. 3. The development of a Community-wide legal framework for electronic transactions which extends more widely than D.G. XI 's welcome but limited initiative in relation to E.F.T.P.O.S., and which covers the important issue of personal privacy. 4. The phased reduction and, in due course, abandonment of existing national regulations of Community member states which block the free flow of personal financial services, while ensuring that the Community does not itself adopt a protectionist stance in relation to the rest of the world.
L'histoire au présent
- L'Europe sans barrière de Jacques Cœur, cinq siècles avant le Traité de Rome - Jean-Marie Thiveaud p. 6 pages
Indicateurs
- Indicateurs financiers. Commentaire - Raymond Courbis p. 4 pages
- Indicateurs de comportements d'épargne. Commentaire - André Babeau p. 8 pages
Sélection d'articles et de livres
- De l'intégration financière à l'unification monétaire européenne - Jean-Paul Pollin p. 7 pages
- Abstracts - p. 4 pages
- Résumés - p. 3 pages
- Éditorial - Olivier Pastre p. 3
- Allocution d'ouverture - Lord F.A. Cockfield p. 4-8
- Mutation financière : Les déterminants structurels de la mutation financière récente - Jacques Delmas-Marsalet p. 9-24 Déterminants structurels de la mutation financière récente Le système financier des pays industrialisés connaît des évolutions rapides et de grande ampleur : désintermédiation du crédit, diversification croissante des instruments de financement, décloisonnement et intégration des marchés, déspécialisation des intermédiaires. Les déterminants de ces mutations sont à rechercher dans l'adaptation des agents économiques à une nouvelle donne économique et technologique. Les changements de comportement induits par cette nouvelle donne sont à leur tour les facteurs d'une dynamique des mutations. La dernière décennie a été caractérisée par la montée des déficits à financer par appel au crédit et surtout aux marchés de capitaux : - au plan mondial avec le déficit des pays en voie de développement financé par crédits bancaires et plus récemment celui des États-Unis financé par appel au marché ; - au plan interne avec le niveau atteint par les déficits publics, même si un reflux est aujourd'hui perceptible. Parallèlement, l'aggravation des incertitudes en matière d'inflation, de taux d'intérêt et de taux de change a stimulé un important mouvement d'innovations financières. Enfin, l'essor de l'informatique et des communications, puis de la micro-informatique, élargissant considérablement le champ du possible, a bouleversé les instruments et les méthodes du milieu financier. Les politiques d'ajustement suivies pour remédier à la crise ont amené une hausse des taux d'intérêt réels et une modification du partage de la valeur ajoutée au profit des entreprises et au détriment des particuliers. Les entreprises ont eu tendance à se désendetter et à gérer plus efficacement leur trésorerie et leur dette en faisant appel à toutes les possibilités offertes par les marchés. Les particuliers ont diminué leur taux d'épargne et modifié l'orientation de leurs placements en faveur des produits les mieux rémunérés, permettant le développement rapide des formes de gestion collective de l'épargne. Confrontées à l'affaiblissement de la demande de crédits des entreprises et à la diminution en volume et au renchérissement de leurs dépôts, les banques commerciales ont développé leurs activités de marché au service des entreprises ainsi que leurs activités de gestion de portefeuilles individuels ou collectifs. La concurrence à l'intérieur du système bancaire au sens large s'est accrue, la diversification des activités estompant les frontières. Les banques se sont également efforcées de réduire leurs coûts d'intermédiation et de limiter les risques inhérents à leur activité, par l'utilisation de nouveaux produits et la mobiliérisation. Ce mouvement trouve toutefois ses limites dans le développement rapide de l'activité hors bilan. Dans ce contexte, les autorités publiques ont été contraintes ou désireuses de déréglementer pour assurer l'égalité des conditions de concurrence entre intermédiaires financiers, et pour favoriser la baisse du coût de l'intermédiation financière et la compétitivité des places financières nationales. Toutefois, une re-réglementation semble inéluctable afin de retrouver une maîtrise de la politique monétaire et de continuer à assurer la stabilité du système financier et la protection des épargnants. À cet égard, le projet d'un marché européen des services financiers doit s'appuyer à la fois sur une libéralisation progressive et équilibrée et sur des règles de jeu communes. La libre circulation des produits financiers doit s'accompagner d'une harmonisation minimale des règles de surveillance et des normes prudentielles : la sécurité du système financier est à ce prix.Changes in Financial Systems and Determining Factors The financial system of industrial countries is experiencing rapid changes of a great magnitude: reduction in credit intermediation, growing diversification of financial instruments, opening and integration of markets, despecialization of intermediaries. The determinants of these changes are to be inquired into in the adaptation of economic forces to a new economic and technological deal. The behavioral changes induced by this new deal are in their turn factors in an evolutionary dynamic. The last decade has been characterized by mounting financial deficits, by appeals for credit and above all to capital markets: - on the world plane with the deficit of developing countries financed by credit banks and more recently that of the USA financed by appeal to the market; - on the internal plane with the level attained by the public deficits, even if a reflux is perceptible today. Coincidentally, the aggravation of uncertainties in inflation in the interest rate and in the exchange rate has stimulated an important movement of financial innovations. Finally, the rise of information and communications, then micro-informational systems, considerably widening the range of possibilities, has upset the instruments and methods of financial middlemen. The adjustment policies of followed for remedying the crisis have lead to an increase in real interest rates and a modification of the value added to the profit of enterprises and have certain detrimental characteristics. The enterprises have tended to remove their debt and to mange more efficiently their treasury and their debt in appealing to all the possibilities offered by the markets. The characteristics have diminished their savings rate and modified the orientation of their investments in favour of producing better returns, permitting the rapid development of forms of collective management of savings. Confronted with the weakening of credit demand by enterprises and by the diminution in volume and by the increase in the cost of their deposits, the commercial banks have developed their market activities to serve enterprises as well as their management activities for individual or collective portfolios. Competition in the internal banking system is in the large sense spreading within, while the diversification of activities is widening the frontiers. The banks are equally forced to reduce their costs of intermediation to limit the risks inherent in their activity, by the utilization of new products and by mobilization. This movement nevertheless finds its limits in the rapid development of off-balance sheet activity. In this context, the public authorities have been constrained or desirious of deregulating to assure the equality of competitive conditions between financial intermediaries, and to favour the decrease of the cost of financial intermediation and the competitiveness of national financial positions. Nevertheless, a re-regulation seems inescapable in order to recover control of monetary policy and to continue to assure the stability of the financial system and the protection of savers. In this respect, the project of a European market of financial services must rest at once on the progressive liberalization and equilibrium and on common rules of the game. The free circulation of financial producers must be accompanied by a minimal harmonization of rules of surveillance and by prudent standards: the security of the financial system is at stake.
- Innovations financières, agrégats monétaires, politique monétaire - Yves Ullmo p. 25-36 Innovations financières, agrégats monétaires, politique monétaire Les innovations financières seront liées à l'évolution de la réglementation, correspondant plus fondamentalement à l'évolution des besoins des agents emprunteurs et prêteurs dans un contexte de variabilité des taux de change et des taux d'intérêt. Elles ont une incidence sur les modalités de la politique monétaire. On constate d'abord que l'innovation financière rend plus instables les agrégats monétaires et déforme leur relation avec les grandeurs réelles. Là où l'innovation est parvenue à maturité, les agrégats sur-représentent la réalité monétaire et là où elle est dans une phase d'essor, ils la sous-représentent. Par ailleurs, elle vide progressivement de leur contenu les agrégats du crédit. Les autorités monétaires ont réagi dans les grands pays en redéfinissant les agrégats monétaires au profit d'agrégats plus larges et en les diversifiant ce qui a quelque peu brouillé leur valeur. Dans les petits pays, ces agrégats ont pris moins d'importance. Dans ces conditions, la politique monétaire a eu de moins en moins recours au contrôle quantitatif direct du crédit et a de plus en plus joué sur le coût de la monnaie centrale, le taux de change prenant globalement plus d'importance. Les agents financiers s'engagent de leur côté plus activement dans les procédures de financement; la croissance des avoirs internationaux des agents économiques, mal suivis, le rôle croissant des taux variables et l'expansion des marchés à terme ont tendance à rendre moins efficace et moins précise la politique monétaire. Au plan de l'Europe, le développement de l'ECU privé plaide en faveur d'une harmonisation très forte des politiques monétaires nationales et la diminution du rôle des agrégats exige une coordination renforcée au sein du SME.Financial Innovation, Monetary Masses, Monetary Policy Financial innovation will be linked to those changes in regulations which correspond more fundamentally to the changes in borrowing and lending needs in a context of exchange rate and interest rate variation. Financial innovation has repercussion on monetary policy methods. First, we observe that financial innovation renders monetary masses more instable and distorts them in relation to real orders of size. Where innovating practices have matured, masses over-represent monetary reality; where these practices are developing, masses under-represent monetary reality. In addition, innovation is gradually depriving credit masses of their importance. In the main large countries, monetary authorities have reacted by redefining monetary masses in favour of wider, more diversified concepts. This has made their value somewhat less clear. In smaller countries, monetary masses have become less significant. In these conditions, monetary policy has been less and less oriented towards direct control of the quantity of credit and more and more towards control of central money rates, with exchange rates taking pride of place. Financial agents are for their part engaging more actively in financing procedures : the ill-mastered growth of their international assets, the increasing role of variable rates and the expansion of future markets, all tend to render monetary policy less precise and less effective. In Europe, the development of the ECU pleads in favour of tight harmonisation of national monetary policies. The fading role of monetary masses underlies the need for reinforced coordination within the EMS.
- Bourses et valeurs mobilières : Bourses et autres institutions des marchés de valeurs mobilières - Yves Flornoy p. 37-42 Bourses et autres institutions des marchés de valeurs mobilières La mise en place progressive du réseau IDIS qui permettra aux douze bourses de la Communauté de confronter en temps réel les éléments de marché (cours, quantités, offres, demandes) des 250 valeurs européennes cotées simultanément sur au moins deux bourses, se heurte à différents obstacles tenant aux spécificités existant encore sur chacune des douze bourses en matière de : - méthodes de confrontation de l'offre et de la demande (marchés d'enchères, marchés continus) ; - modes de négociation (au comptant ou à terme) ; - systèmes de cotation (marchés à la criée, procédure écrite, relevé des ordres sur support informatique approprié) ; - statut des intermédiaires de bourse (agents, principals, market makers, courtiers, banquiers). Pour atteindre dès que possible l'objectif assigné au réseau IDIS : permettre de savoir à chaque instant à quelle bourse on peut négocier aux meilleures conditions, il a été convenu que chaque bourse conserverait son identité propre, l'adaptant aux disciplines du réseau, et, si besoin, mettrait en place les interfaces provisoires nécessaires. S'il est devenu évident que seules les techniques de marché continu permettront aux bourses de soutenir la concurrence dans le cadre d'un marché tendant à se globaliser, la question reste posée de savoir si la formation de la succession des cours cotés en marché continu doit être dirigée par le flux des ordres des clients au fur et à mesure qu'ils sont exprimés, ou bien si elle doit être dirigée par les prix d'achat et de vente proposés par les market makers.Stock Exchanges and Other Institutions in the Securities Field The progressive installation of the IDIS network, which will permit the twelve stock exchanges of the Community to sort quickly the elements of the market (prices, quantities, offers and bids) of the 250 European securities that are quoted simultaneously on at least two exchanges, is encountering various obstacles flowing from the peculiarities of each of the twelve stock exchanges in the areas of: - methods of matching bids and offers (bidding markets, continuous markets); - methods of negotiation (cash payment or forward transactions); - systems of quotation (oral markets, written procedure, calling up orders on appropriate informational systems); - rules governing stock exchange intermediaries (agents, principals, market makers, brokers, bankers). In attaining as soon as possible the objective assigned to the IDIS network, allowing one to know at each instant on which stock exchange one can negotiate on better terms, it has been agreed that each stock exchange will retain its proper identity, while adapting to the network rules, and, if necessary, will put in place the necessary provisional interfaces. If it becomes evident that only the techniques of a continuous market will permit the stock exchanges to remain competitive in the framework of a globalising market, the remaining question is whether the formation of a series of side quotations must be directed by the flux of clients' orders at the rate and the amount at which they are expressed, or if it must be directed by the buying and selling price asked by the market makers.
- Structures économiques et innovations financières - Michel Aglietta p. 43-58 Structures économiques et innovations financières Les innovations financières se sont accélérées dans les années quatre-vingts sous l'effet des politiques monétaires de lutte contre l'inflation et des répercussions de la crise de l'endettement. Elles ont pris leur essor dans le marché mondial des actifs financiers en dollars. Elles ont affecté les systèmes financiers des autres pays en y transmettant de nouvelles conditions de concurrence caractérisées par des taux d'intérêt réels élevés et par la hausse du dollar. Dans la perspective de construire un marché européen des services financiers, ces évolutions, qui ont été plus subies que décidées, posent des problèmes si l'on veut en tirer parti. Trois ordres de préoccupation se détachent : les incidences sur le financement de l'industrie, l'hétérogénéité des structures financières entre les pays européens, le contrôle monétaire et le degré de coopération que les autorités nationales sont prêtes à accepter. Pour combler son relatif retard technologique, l'Europe doit augmenter sensiblement ses investissements d'innovation. Or ces investissements, souvent spécifiques, à risques élevés et horizons longs, appellent des relations solides et durables entre les entreprises et leurs financiers, au service d'une prospective. Telle n'est pas l'orientation des marchés financiers internationaux. L'anonymat des relations financières, le souci primordial de la liquidité, la recherche des plus-values en capital par l'arbitrage généralisé, ne favorisent pas l'évaluation du risque de l'innovation industrielle et le financement de la modernisation des petites et moyennes entreprises. D'ailleurs rien n'indique, dans un univers économique incertain, que la mobiliérisation systématique des actifs financiers soit l'idéal vers lequel toutes les structures financières doivent se diriger. L'option allemande donne la prépondérance à l'intermédiation bancaire, à l'autofinancement élevé des entreprises, aux relations étroites et stables entre la finance et l'industrie. Le modèle britannique privilégie les marchés de capitaux perméables aux opérateurs étrangers, mais largement déconnectés de l'industrie nationale. Entre ces modèles polaires, il existe des traditions nationales d'organisation financière, établissant des combinaisons différentes de l'intermédiation bancaire et des marchés des capitaux. La formation d'un espace européen des services financiers devra compter avec ces préférences de structure qui créeront des difficultés plus tenaces que la résistance à établir la liberté des mouvements de capitaux. Parmi ces difficultés se trouvent les différences dans les dispositifs du contrôle monétaire qui sont étroitement liés aux types d'organisation financière. Ainsi l'efficacité de la politique monétaire en Allemagne doit- elle beaucoup à sa transmission par les banques et à une action conjointe par les quantités et les taux. Au contraire, une politique exclusive par le taux d'intérêt monétaire, dans un exemple de marchés ouverts où les banques peuvent toujours emprunter pour financer des accroissements d'actifs, peut entraîner un conflit d'objectifs entre le taux de change et les agrégats internes. Il se pourrait donc que la plus grande coordination monétaire impliquée par la marche vers l'intégration financière européenne rencontre des obstacles à cause d'une perte d'efficacité du contrôle monétaire dans certains pays. Si l'on n'y prend garde, les conflits se résoudront par une plus grande variabilité des taux de change, donc par une régression des acquis du système monétaire européen.Economic Structures and Financial Innovation Financial innovations have been accelerating during the nineteen eighties under the influence of anti-inflationary monetary policies and the repercussions of the debt crisis. They first made their appearance in the world market for financial assets in dollars. They have had an effect on the financial systems of other countries by introducing there new conditions of competition, characterised by high real interest rates and by the strength of the dollar. In the context of constructing a European market in financial services, these developments, which have been more inflicted on us than decided upon, pose problems to achieve what is required. Three types of preoccupation can be identified: the effects on the financing of industry, the heterogeneity of financial structures as between European countries, and monetary control, including the degree of cooperation which the European national authorities are prepared to accept. In order to make up for its relative backwardness in technology, Europe must significantly increase its investment in innovation. But these investments, often very specialised, carry high risks and long completion dates and they require supportive and durable relationships between the enterprises and their financiers. This kind of relationship is not encouraged by the orientation of the international financial markets. The anonymity of financial relationships, the overriding concern for liquidity, the search for capital growth through arbitrage, do not encourage a positive evaluation of industrial innovation risks and the financing of small and medium sized enterprises. Moreover there is no reason why, in an economically uncertain world, the pattern of securization of financial assets should be an ideal towards which all the financial structures should steer themselves. The German choice has emphasised the intermediation of banks, a high level of self-financing by enterprises and close, stable relationships between finance and industry. The British model gives privileges to capital markets open to foreign participants, but largely separated from the national industry. Between these two extreme models, there are several national traditions of financial organisation, with different combinations of intermediation by banks and capital markets. The formation of a European financial space should take into account these structural preferences, which may create more enduring difficulties than the resistance against allowing free movement of capital. Amongst these difficulties there are the differences between the mechanisms of monetary control, which are closely linked with the various structures of financial organisation. Thus, the effectiveness of monetary policy in Germany owes much to the part played by the banks in its transmission and to a mechanism based on both money supply and rates of interest. Conversely a policy which relies entirely on rates of interest, in a setting of open markets where banks can always borrow to finance an increase in their assets, can lead to a conflict between the objectives of exchange rates and internal aggregates. It may therefore be that the greater monetary coordination implied by the movement towards European financial integration might encounter some obstacles due to the loss of effectiveness in monetary control in certain countries. Care will have to be taken lest these conflicts should result in greater volatility of exchange rates, and thus in a step backwards from the achievements of the European Monetary System.
- Banque européenne : Une banque monétaire européenne dotée de fonctions de banque centrale - Robert Triffin p. 59-68 Une banque monétaire européenne dotée de fonctions de banque centrale L'objectif ultime d'une union monétaire européenne complète ne peut être atteint que par une voie radicalement différente de celle que proposait le Premier Plan Werner. La suppression totale des marges et fluctuations du taux de change entre monnaies a cédé la priorité à un objectif plus immédiat, consistant en la transformation de l'ECU en une monnaie parallèle, destinée aux règlements internationaux et à l'accumulation de réserves, et devant remplacer progressivement l'eurodollar. Cette priorité immédiate, qui semble admise largement par les populations de la Communauté selon des sondages récents d'opinion, paraît également politiquement viable. La croissance de l'ECU en tant que monnaie parallèle nécessite certaines mesures officielles visant à accroître sa liquidité par rapport à celle des monnaies nationales, à garantir que les dettes en ECU n'engendreront pas de tensions inflationnistes inacceptables. La Banque européenne qui gérerait les ECU devrait avoir les pouvoirs d'ajuster les émissions d'ECU en fonction des exigences d'une croissance non-inflationniste des États membres et de veiller sur la parité entre l'ECU et le dollar des États-Unis, le tout dans un cadre institutionnel susceptible d'éviter que des pressions politiques à court terme ne menacent les intérêts à plus long terme de la Communauté. Dans cette perspective, l'union monétaire européenne complète sera plus perçue comme une extension progressive de l'utilisation de l'ECU dans les transactions intérieures et extérieures que comme une stabilisation des taux de change entre monnaies des pays membres.A European Monetary Bank Endowed with Central Bank Functions The ultimate aim for complete European monetary union can be achieved only by radically different means than those put forward in the First Werner Plan. Total suppression of exchange rate margins and fluctuations between currencies has been superceded as a priority in favour of a more immediate goal consisting in the transformation of the ECU into a parallel currency, designed for international payment and as a reserve currency in gradual replacement of the Eurodollar. According to recent opinion polls among the population of the E.E.C., this seems to be a widely accepted priority and it also appears to be politically viable. The growth of the ECU as a parallel currency presupposes certain official measures being taken aiming at its increased liquidity, in relation to national currencies and at guaranteeing that debts in ECU will not engender unacceptable inflationist tension. A European Bank set up to manage the ECU would have to have the power to adjust ECU issues in accordance with non-inflationary growth requirements fo member States and to watch over parity between the ECU and the U.S. Dollar. The legal status of the Bank would have to be such that short-term political pressures could not threaten the long term interests of the E.E.C. In this light, complete European monetary union can be seen as the gradual growth of the use of the ECU in internal and external transactions rather than as a system of exchange rate stabilization between the currencies of member States.
- Innovation financière et croissance économique - Jean-Paul Abraham p. 69-92 Innovation financière et croissance économique L'innovation financière est un concept apparu récemment mais qui s'insère assez bien dans le cadre conceptuel offert depuis longtemps par Schumpeter. Toutefois, elle a des effets indirects sur la croissance économique. L'innovation financière se caractérise comme une forme de progrès technique endogène et incorporé. Elle peut présenter un caractère aussi disruptif que continu, est induite par la demande au moins autant que par l'offre, économise la main-d'oeuvre et accroît l'intensité capitalistique dans le secteur des services financiers, a un temps de diffusion relativement court et se révèle sensible aux mouvements de réglementation et de déréglementation entrepris par les pouvoirs publics. Une analyse de la législation adoptée en 1982 par la Belgique, qui créait de nouveaux produits financiers par la voie d'innovations fiscales, supporte les conclusions suivantes : l'innovation financière sous-tend la croissance des services financiers dont elle modifie la fonction de production; la concurrence est propice à l'innovation financière, mais la réglementation peut également inciter à des innovations visant à la contourner; l'innovation financière a essentiellement des effets vers l'amont sur la croissance du secteur de l'informatique et des télécommunications ; vers l'aval, ses efforts sont plus indirects. Lorsque la réduction des coûts suscitée par l'innovation financière n'est pas retenue au sein du secteur des services financiers, mais répercutée sur les clients, elle influe sur l'activité économique et la croissance à une double condition : il faut que les autres facteurs de croissance jouent dans les entreprises simultanément et que l'environnement général économique, social et institutionnel soit favorable. L'innovation financière ne peut être un moteur exclusif de la croissance économique.Financial Innovation and Economic Growth Financial innovation is a recent notion but it lies well within the conceptual framework established by Schumpeter. Nevertheless, its effects on economic growth are indirect. Financial innovation is a self-generating form of technical progress. It can be as disruptive as it can be enduring. It is induced as much by demand as by supply, it economises on manpower and it increases capitalistic intensity in the financial services sector. The transmission period of innovation is relatively short and practices are seen to be sensitive to regulatory and deregulatory measures. Analysis of the Belgian legislation adopted in 1982 creating new financial products by way of fiscal innovation, points to the following conclusions: financial innovation underlies the growth of financial services modifying their production; competition is propitious to financial innovation but regulatory measures may also provoke innovation aimed at avoidance of these measures; the requirements of financial innovation essentially affect the growth of the computer and telecommunications sectors, innovation produces less direct after effects on the economy as a whole. When innovation results in reduced costs which are not retained in the financial services sector but are redistributed to its clients, this can influence economic activity and growth. However, this is true on two conditions only: that other growth factors come into play in enterprise simultaneously and that the general economic, social and legal environment be favourable. Financial innovation cannot be the sole motor of economic growth.
- Les services financiers : Politique des pouvoirs publics et concurrence internationale - Rinaldo M. Pecchioli p. 93-105 Ouverture ou protectionnisme ? Trois développements, actuellement en cours et qui sont liés entre eux, influenceront profondément l'évolution future du secteur des services financiers : l'adoption d'une démarche de marketing dans le secteur financier, la « titrisation » de l'intermédiation financière et l'intégration des marchés. Dans ce contexte, la viabilité des établissements dépendra de deux éléments fondamentaux : leur capacité à ne pas se laisser distancer dans les innovations et les développements sur le marché et leur capacité à réagir de manière rapide et efficace aux exigences des clients, qui se modifient sans cesse. Notamment en ce qui concerne ce dernier facteur, l'attitude qu'adopteront les autorités face au problèmeOpenness or Protectionism ? Three interrelated developments are currently at work which will affect profoundly the future evolution of the financial services industry: the marketisation of finance; the securitisation of financial intermediation; and the globalisation of markets. Against this background, the viability of individual institutions will depend on two basic elements: the capacity to keep abreast of innovations and market developments and the capacity to respond quickly and efficiently to the changing requirements of customers. It is with regard to this latter factor that the attitude of authorities towards the general issue of competitive equality, both domestically and internationally, will prove of crucial importance in determining the actual degree of competitiveness of the various groups of financial institutions in the global market. In this context, the paper considers briefly three major policy issues that have acquired growing prominence in international discussions in recent years: deregulation and reregulation; levelling the playing field; and the desirability of international rules of the game. The broad interpenetration of markets worldwide and consideration relating to the international competitiveness of national financial structures militate strongly in favour of further deregulation of financial markets. But the process of reregulation of institutions - mainly, but not exclusively, from the point of view of prudential supervision - is a necessary condition for preserving the safety and soundness of institutions operating in the more competitive financial environment. There is a broad consensus about the desirability of policies which would reduce the existing heterogeneity of institutional arrangements and regulatory standards across the world. But the prospects for a move towards greater compatibility of such arrangements and standards seem to be rather mixed. Indeed, the risk exists that the growing intermingling of instruments and intermediaries may exacerbate competitive inequalities and make more difficult the adoption of a global policy approach towards financial system management. The de facto integration of financial markets needs to be accompanied by the establishment of internationally acceptable ground rules for strengthening the foundations of a liberal trading system in financial services and for establishing a solid framework for international cooperation in this area. Broadly-based action in this field is indispensable in order to limit the risks of the re- emergence of protectionist attitudes, which would reduce the overall efficiency of the global financial system as well as lead to further distortions and incompatibilities between institutional arrangements and market realities.
- Consommateurs et services financiers : les services financiers en Europe dans la perspective des consommateurs - Jeremy Mitchell p. 106-117 Consumer Protection In the context of the breaking down of barriers between different types of financial institutions, of the extension of new communication technologies to service delivery to consumers and of the growing internationalisation of personal financial services, the Community's policies should take account of the interests of European consumers by including the following components: 1. The encouragement of competition between different types of financial institution and the promotion of greater transparency in the market for personal financial services. 2. An examination of the wide variations between Community countries in the provision of new, technologically based financial services, such as A.T.Ms and E.F.T.- P.O.S., and of whether the needs of European consumers are being adequately met, by comparison with comparable non-Community countries. 3. The development of a Community-wide legal framework for electronic transactions which extends more widely than D.G. XI 's welcome but limited initiative in relation to E.F.T.P.O.S., and which covers the important issue of personal privacy. 4. The phased reduction and, in due course, abandonment of existing national regulations of Community member states which block the free flow of personal financial services, while ensuring that the Community does not itself adopt a protectionist stance in relation to the rest of the world.
- L'Europe sans barrière de Jacques Cœur, cinq siècles avant le Traité de Rome - Jean-Marie Thiveaud p. 118-123
- Indicateurs financiers. Commentaire - Raymond Courbis p. 124-127
- Indicateurs de comportements d'épargne. Commentaire - André Babeau p. 127-134
- De l'intégration financière à l'unification monétaire européenne - Jean-Paul Pollin p. 135-141
- Abstracts - p. 143-146
- Résumés - p. 146-148