Titre | Un siècle de détournements | |
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Auteur | Isabelle Boof-Vermesse | |
Revue | Amerika | |
Numéro | No 4, 2011 Stéréotypes, tabous, mythes | |
Rubrique / Thématique | Mexique: mythes, tabous, stéréotypes au carrefour des identités |
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Résumé |
Ecrit trois ans après son pamphlet A Century of Dishonor (1881), Ramona devait être l'équivalent pour la question indienne de Uncle Tom's Cabin (1852). Mais la stratégie de Jackson n'a pas fonctionné comme prévu et la réception de ce roman sentimental fut et reste basée sur une « mélecture » (« misreading ») : attirés par le monde merveilleux du rancho, lui-même pâle reflet du glorieux passé des missions, les lecteurs yankees n'ont jamais été plus loin que cette fascination pour la culture espagnole-mexicaine, catholique, rurale et aristocratique suscitée par le texte, qui emprunte aux conventions de la romance et du carnet de voyage. Si Ramona avait initialement pour projet de dénoncer le comportement des envahisseurs nord-américains pour inspirer de la compassion envers leurs victimes et exiger un changement de politique, la position commune des Anglos et des Mexicains vis-à-vis des Indiens a encouragé une identification fonctionnant à l'encontre de celle voulue par l'auteur (qui n'est pas forcément celle du texte). Les éléments gothiques à la fois thématiques (la belle captive, le couvent, l'enlèvement…), narratifs (le pittoresque et le « word-painting ») et idéologiques sont bel et bien activés dans Ramona, mais en quelque sorte à l'envers. De plus, la formule est compliquée par la triangulation : entre bourreau anglo et victime indienne s'interpose la figure intermédiaire du noble mexicain. La présente étude se concentre sur cette figure et son traitement métonymique, l'Arcadie du rancho, pour montrer comment la mélecture de Ramona déborde dans la culture californienne et devient de la récupération. Ainsi dès le 19ème siècle l'exploitation du roman contribue à la construction de l'identité régionale en inventant de toutes pièces des manifestations de type « culte » (tourisme culturel et pèlerinage sur les lieux du roman, Ramona Pageants …) qui ont encore cours aujourd'hui. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Résumé anglais |
Written three years after her pamphlet A Century of Dishonor (1881), Ramona by Helen Hunt Jackson was to do for Native Americans what Uncle Tom's Cabin (1852) had done for the slaves. But Jackson's strategy did not quite work out as planned and the reception of her sentimental novel was and still remains informed by what can only be described as fundamental misreading. Yankee readers never quite managed to shake off the enchantment that came with the evocation of the wonderful world of ranchos, and beyond it the glorious times of Spanish missions. Deliberately borrowing from the codes of romance on the one hand and travel writing on the other, the text has encouraged this fascination for the agrarian, aristocratic, Catholic Spanish-Mexican culture. While Ramona, in order to prompt reform, had originally meant to denounce anglo invaders by exposing them as much cruel than their Mexican counterparts in their treatment of Native Americans, by yoking them together in their common position as tormenters it only succeeded in promoting a devious form of identification, working at cross purposes with the original project (of the author, if not of the text itself). Thus a number of gothic motifs that are at the same time thematic (the female captive, the convent, the flight), narrative (word-painting, the picturesque) and ideological are duly activated in Ramona, but in a somewhat inverted form. In addition, the gothic formula is complexified by the introduction of a third term between the American villain and the Indian victim: the middle figure of the Mexican. This article will approach this figure through its metonymic treatment, the Arcadian rancho, in order to show how the misreading of Ramona has been recuperated to feed Californian culture. Ever since the 19th century, the novel has contributed to the construction of regional identity, as it was used to create from scratch various cult-like events like pilgrimages to the original settings of the novel or Ramona Pageants, more generally to build a whole cultural tourism industry. Source : Éditeur (via OpenEdition Journals) |
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Article en ligne | http://amerika.revues.org/1968 |