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Titre Convergences conceptuelles en Birmanie : la transition du XIXe siècle
Auteur Aurore Candier
Mir@bel Revue Moussons : Recherche en Sciences Humaines sur l'Asie du Sud-Est
Numéro no 16, 2010
Rubrique / Thématique
Articles
Page 81-101
Résumé Les conceptions politiques birmanes ont évolué au fil des siècles, échafaudées sur des interprétations renouvelées d'emprunts conceptuels à l'étranger, afin de rester en phase avec une réalité sociopolitique changeante. Le contact avec l'Occident a été à l'origine de l'une des « greffes » conceptuelles des plus prolifiques. Entre 1820 et 1880, les rois birmans ont subi deux défaites contre les Anglais et ont dû céder plusieurs provinces avant l'annexion définitive de leur pays en 1886. Pendant cette période, les élites politiques et religieuses de la cour birmane ont été confrontées à la pénétration progressive des idées et des valeurs du vainqueur. L'analyse historique et linguistique d'ouvrages contemporains de l'époque révèle l'évolution de leurs représentations sociopolitiques. La pensée politique moderne a nettement influencé les lettrés à partir des années 1830. Ils ont dès lors commencé de rationaliser et d'adapter les concepts, qu'ils soient locaux ou empruntés au pāli, à une représentation du monde en transformation. Ces convergences conceptuelles n'ont véritablement donné corps à un nouveau système de pensée que dans les années 1870. L'idée de roi universel a été délaissée, alors que l'accent a été mis sur l'aspect social de la norme de conduite royale. La conception moderne de la réforme, portant les notions d'amélioration et de progrès, a fait son apparition dans les projets de loi. Les valeurs occidentales de classification raciale, de définition territoriale, de communauté de langue et de culture ont été adoptées. Mais ces emprunts n'ont pas fondamentalement altéré la conception birmane traditionnelle de l'humanité, sous-tendue par les lois du kamma, de l'impermanence et de l'interdépendance entre l'ordre social et cosmique.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Burmese political conceptions have varied through centuries, borrowing and adapting certain foreign concepts according to the changing sociopolitical context. In this sense, the contact with the Western political thinking was very productive. Between 1820 and 1880, the Burmese kings lost two wars against the British and had to give away several territories before the final annexation of their country in 1886. During this period, the Burmese political and religious elites were confronted to the progressive penetration of British ideas and values. A historical and linguistic investigation of significant texts shows the gradual changes of their sociopolitical representations. Modern political thinking had a strong influence on the Burmese literati from the 1830' onwards. They gradually rationalized and adapted concepts, whether local or borrowed from the pāli, to a changing conception of the world. These conceptual convergences gave shape to a new way of thinking in the 1870'. The idea of universal king was neglected, when the literati emphasized the social interpretation of the laws of kinship conduct. The modern conception of the reform, conveying the notion of progress, was used to draft new laws. Western notions of racial classification, territorial definition, linguistic and cultural communities, were adopted. But these borrowings did not dramatically alter the Burmese traditional conception of humanity, based on the laws of kamma and impermanence, and the interdependence between the social and the cosmic order as well.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://moussons.revues.org/165