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Titre La langue, le rouet et le rabot. Les représentations de la parole féminine et masculine dans la société paysanne
Auteur Sylvie MOUGIN
Mir@bel Revue Clio : Histoires, femmes et société
Numéro no 11, 2000 Parler, chanter, lire, écrire
Rubrique / Thématique
Dossier
Résumé Les parlers ruraux abondent en métaphores associées à la parole, notamment à la façon dont elle est fabriquée et produite dans cet ouvroir miniature qu'est la bouche. Deux séries de représentations semblent en réalité s'opposer : un modèle technique qui assimile la parole aux activités textiles d'une part (filer, coudre), aux gestes des petits artisans d'autre part (raboter, étamer, limer) ; un modèle organique qui associe la parole à la sécrétion salivaire (baver) et à l'excrétion (« chier sur, faire des crottes »). Ces deux ensembles de représentations servent à opposer une parole féminine et une parole masculine tout en définissant la norme de chacune d'elles. L'étude met en évidence la portée symbolique de la parole féminine qui, nouant le lien entre la passé et le présent, filant le temps cyclique de la communauté, s'identifie avec la dynamique calendaire ; elle montre aussi la complémentarité que cette parole entretient sur le plan symbolique avec la parole des hommes qui, associée à l'excrétion, à la croissance et à la maturation des végétaux et aux gestes qui tranchent et ouvrent, semble figurer la succession des cycles qui doivent à un moment s'ouvrir les uns sur les autres et l'inévitable transformation de toute chose vivante.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Résumé anglais Gallo-roman dialects are rich in metaphors of speech, many related to the way the human mouth produces speech. Two patterns of representation can be distinguished. The first is a technical pattern: speech is associated with textile activities, such as spinning, sewing, and ironing, as well as with cottage industries, such as planing, tinning, or filing. The second pattern is organic, and the speech is associated with saliva secretion (drooling) or to excretion, especially when it relates to gossiping or story-telling. These two patterns are used to oppose women's speech to men's and to characterize the norms of production for both. The study brings to light the symbolic significance of women's speech, which, by renewing the collective memory of the village, seems to spin the cyclical time of the traditional peasant community ; it also shows how this speech complements that of men, which is associated with digestion and excretion, to the growth and ripening of plants, and to the craftsmen's ('craft workers', artisans') gestures, which slice off or open up. Men's speech thus seems to illustrate the succession of cycles opening into one another and the inescapable transformation of every living thing.
Source : Éditeur (via OpenEdition Journals)
Article en ligne http://clio.revues.org/216