Titre | Moins pour plus : surtravail des femmes rurales et sous-consommation dans la Chine de Mao | |
---|---|---|
Auteur | Jacob Eyferth, Geneviève Knibiehler | |
Revue | Clio : Histoires, femmes et société | |
Numéro | no 41, 2015 Le « socialisme réel » à l'épreuve du genre | |
Rubrique / Thématique | Dossier. Le « socialisme réel » à l'épreuve du genre |
|
Page | 65-88 | |
Résumé | Pour des raisons pratiques autant qu'idéologiques, les États socialistes ont souhaité la pleine participation des femmes au travail, qui supposait leur libération des tâches ménagères dévoreuses de temps. Ils ont, pour la plupart, passé un contrat social implicite avec leurs populations féminines : les femmes à l'usine et au champ, en échange d'une réduction des tâches domestiques, soit à travers leur socialisation, soit par la fourniture de produits finis allégeant le travail. L'article entend montrer que la Chine rurale fut une exception à ce modèle. Alors que la participation des femmes rurales au travail augmentait fortement, le rationnement de marchandises peu abondantes et une politique empêchant les paysans de disposer d'argent liquide faisaient que les textiles et autres produits industriels sont restés hors de portée de la majorité des ruraux. En conséquence, des millions de femmes rurales ont continué, au prix d'un travail manuel laborieux, à vêtir et nourrir leurs familles, à un moment où triplait leur participation aux travaux des champs. Cette double charge particulièrement intense a permis à l'État chinois une rapide accumulation. | |
Résumé anglais | Less for more: rural women's overwork and underconsumption in Mao's ChinaFor ideological and practical reasons, socialist states desired the full participation of women in the workforce. This pre-supposed their liberation from time-consuming housework. Most socialist states entered an implicit social contract with the female population: women would work in the factories and fields; in exchange, the state would reduce their domestic burdens, either through the socialization of housework or through the provision of labour-saving finished products. Rural China, this article argues, was an exception to this pattern. While rural women's labour participation rose dramatically, state rationing of scarce goods, and policies that kept cash out of rural people's hands ensured that machine-made textiles and other industrial products remained out of reach for many rural people. In consequence, millions of rural women continued to clothe and feed their families through laborious manual work, at a time when participation in agricultural labour tripled. This particularly intense double burden was the basis for rapid accumulation by the Chinese state. | |
Article en ligne | http://www.cairn.info/article.php?ID_ARTICLE=CLIO1_041_0065 |