Contenu du sommaire : Le « socialisme réel » à l'épreuve du genre
Revue | Clio : Histoires, femmes et société |
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Numéro | no 41, 2015 |
Titre du numéro | Le « socialisme réel » à l'épreuve du genre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Sandrine Kott, Françoise Thebaud p. 7-20
Dossier. Le « socialisme réel » à l'épreuve du genre
- Travail domestique et construction du socialisme en URSS d'après les enquêtes de budget-temps - Martine Mespoulet p. 21-40 Après la révolution d'Octobre 1917, la transformation des rapports sociaux entre les sexes a été placée au cœur du projet bolchevik de construction du socialisme en Russie. De nouvelles formes d'organisation de la vie domestique, du travail et de la société transformeraient les relations entre les hommes et les femmes. Afin que les femmes puissent participer à égalité avec les hommes aux activités de production et de la sphère publique, il était indispensable de libérer les femmes des tâches domestiques en transférant celles-ci dans la sphère des services collectifs. Qu'en fut-il dans la réalité ? Les enquêtes sur les emplois du temps des familles, appelées enquêtes de budget temps, qui ont été réalisées en URSS au début des années 1920 puis à la fin des années 1960 et au début des années 1970, permettent de juger de la réalité de l'évolution des rôles sociaux derrière les discours dans la Russie soviétique.Domestic work and the construction of socialism in the USSR, as reflected in contemporary time-budget surveysAfter the October Revolution, the transformation of gender relations was placed at the heart of the Bolshevik project to build socialism in Russia. New ways of organizing domestic life, the workforce and society as a whole would transform relations between men and women. In order for women to play the same part as men in the productive sphere and in social activities, it would be necessary to relieve them from housework, by transferring domestic tasks to collective services. What was the situation in reality? Data produced by the family time-budget surveys carried out in the Soviet Union in the early 1920s and then in the late 1960s-early 1970s provides information allowing us to compare the reality of gender relations with official discourse in Soviet Russia.
- Interpréter et transformer ? La « question des femmes » et la « question sexuelle » dans les sciences sociales soviétiques - Mona Claro p. 41-64 En Russie, après 1917, « la question des femmes » et la « la question sexuelle » ont fait l'objet de politiques publiques qui se voulaient éclairées par les sciences sociales. Après avoir été décrétées résolues sous Staline, ces questions ont pu être partiellement réouvertes avec le Dégel. Cet article explique comment, sur le temps long, ces sciences sociales supposées « socialistes » se sont distinguées des sciences « bourgeoises » moins par leur épistémologie que par la priorisation ou l'exclusion de certaines problématiques, au gré des évolutions politiques du régime. Ainsi, les recherches sur la sexualité et le contrôle des naissances, avant-gardistes dans les années 1920, sont devenues relativement illégitimes après le dégel. Dans les années 1960-1980, c'était surtout la baisse de la natalité et le « double fardeau » – domestique et professionnel – des femmes qui faisaient problème. Les comportements familiaux semblaient étrangers à la logique de la planification, et les sciences sociales étaient travaillées par la perspective d'un art de gouverner d'orientation plus libérale. Il s'est alors formé un clivage qui est toujours d'actualité, entre une conceptualisation du changement social en termes de « modernisation » – démographique, sexuelle... – à accompagner, ou de « crise » à enrayer.Interpreting the world or changing it? The “woman question” and the “sexual question” in Soviet social scienceIn post-1917 Russia, state policies addressing “the woman question” and “the sexual question” were intended to be informed by the social sciences. These matters were declared resolved during the Stalin era, but partially reopened during the Thaw. This article explores how, in the long term, the supposedly “socialist” social sciences differed from “bourgeois” sciences not so much in their epistemology, as in the way they prioritized or excluded certain problematics as the political regime evolved. In the 1920s, Russian research on sexuality and birth control was groundbreaking, but it became relatively illegitimate after the Thaw. Between 1960 and 1980, the chief social issues were rather fertility decline and women's “double burden” of work and home. Central planning seemed ill-adapted to family behaviour, and social science found itself facing the prospect of a governing approach closer to economic liberalism. This period witnessed the emergence of a division still relevant today, between two conceptualizations of social change: one in terms of modernization, both demographic and sexual – to be encouraged – the other in terms of a “crisis” – to be dealt with.
- Moins pour plus : surtravail des femmes rurales et sous-consommation dans la Chine de Mao - Jacob Eyferth, Geneviève Knibiehler p. 65-88 Pour des raisons pratiques autant qu'idéologiques, les États socialistes ont souhaité la pleine participation des femmes au travail, qui supposait leur libération des tâches ménagères dévoreuses de temps. Ils ont, pour la plupart, passé un contrat social implicite avec leurs populations féminines : les femmes à l'usine et au champ, en échange d'une réduction des tâches domestiques, soit à travers leur socialisation, soit par la fourniture de produits finis allégeant le travail. L'article entend montrer que la Chine rurale fut une exception à ce modèle. Alors que la participation des femmes rurales au travail augmentait fortement, le rationnement de marchandises peu abondantes et une politique empêchant les paysans de disposer d'argent liquide faisaient que les textiles et autres produits industriels sont restés hors de portée de la majorité des ruraux. En conséquence, des millions de femmes rurales ont continué, au prix d'un travail manuel laborieux, à vêtir et nourrir leurs familles, à un moment où triplait leur participation aux travaux des champs. Cette double charge particulièrement intense a permis à l'État chinois une rapide accumulation.Less for more: rural women's overwork and underconsumption in Mao's ChinaFor ideological and practical reasons, socialist states desired the full participation of women in the workforce. This pre-supposed their liberation from time-consuming housework. Most socialist states entered an implicit social contract with the female population: women would work in the factories and fields; in exchange, the state would reduce their domestic burdens, either through the socialization of housework or through the provision of labour-saving finished products. Rural China, this article argues, was an exception to this pattern. While rural women's labour participation rose dramatically, state rationing of scarce goods, and policies that kept cash out of rural people's hands ensured that machine-made textiles and other industrial products remained out of reach for many rural people. In consequence, millions of rural women continued to clothe and feed their families through laborious manual work, at a time when participation in agricultural labour tripled. This particularly intense double burden was the basis for rapid accumulation by the Chinese state.
- Entre politique d'État et sphère privée. Les femmes dans la RDA des années 1960 et 1970 - Donna Harsch, Geneviève Knibiehler p. 89-114 Cet article, qui porte sur la RDA, analyse d'une part l'impact des conditions sociales et des relations de genre sur les décisions des femmes en matière de famille, éducation et emploi, d'autre part l'interaction dynamique entre ces décisions et les politiques du parti au pouvoir (SED). En 1970, les femmes sont au centre des nombreux dilemmes économiques qu'affronte ce dernier. Entrées massivement sur le marché du travail dans les années 1960, les femmes ont fait moins d'enfants et pris des temps partiels. Dans une RDA en manque de bras, ces comportements ont inquiété le SED et l'ont conduit à une révision majeure de la politique sociale et économique dans un sens favorable aux mères. Mais plutôt que de résoudre les problèmes économiques et démographiques, ces politiques maternalistes ont accéléré la privatisation et l'individualisation des subjectivités, spécialement chez les femmes éduquées, de plus en plus nombreuses.Between state policy and private sphere: women in the GDR in the 1960s and 1970sThis chapter discusses the impact of social conditions and gender relations on women's decisions about family, education and employment in the German Democratic Republic (GDR), on the one hand, and explores the dynamic interaction between women's decisions and the policies of the Socialist Unity Party (SED), on the other. In 1970, women were at the center of the multiple economic dilemmas that confronted the SED. As women massively entered the industrial workforce in the 1960s, they reduced their birth rate and retreated into part-time employment. Given the GDR's drastic shortage of labor, these practices alarmed the SED. Women's decisions about work and reproduction contributed significantly to a major revision of social and economic policy in a mother-friendly direction. But this article argues that rather than solving the SED's economic and demographic problems, state maternalist policies accelerated the privatization and individualization of subjectivities, especially among the rising number of educated East German women.
- Internationalisme socialiste et féminisme d'État pendant la Guerre froide. Les relations entre Bulgarie et Zambie - Kristen Ghodsee, Julie Savage p. 115-138 Après l'indépendance, la Zambie est gouverné par l'UNIP (United National Independence Party) qui met en place à partir de 1972 « une démocratie à parti unique ». Bien que non aligné au début, le pays choisit alors un développement socialiste et compte de plus en plus sur l'aide du bloc de l'Est. Éléments-clés du combat pour l'indépendance nationale, les femmes continuent à jouer un rôle dans le Parti. Cet article examine l'économie politique de l'aide apportée par les organisations officielles de femmes d'Europe de l'Est au jeune mouvement de femmes zambien, notamment pour développer et soutenir la UNIP Women's League. Visites respectives, bourses d'études, aide au voyage, soutien technique et logistique spécifique : par ces moyens, les pays de l'Est contribuent à la construction d'un féminisme d'État en Zambie et aident les femmes zambiennes à s'affirmer politiquement au niveau international durant la décennie des Nations unies pour les femmes (1975-1985).Socialist internationalism and state feminism during the Cold War: the case of Bulgaria and ZambiaAfter independence, the southern African country of Zambia was governed by the United National Independence Party (UNIP), which, from 1972, ruled in a “one party participatory democracy.” Although Zambia initially hoped to remain non-aligned, after 1972, the country embraced a socialist path to development and began to rely heavily on aid from the Eastern Bloc. Women had been key participants in the struggle for national independence and continued to play a role in the UNIP party. This article examines the political economy of aid transfers from state women's organizations in Eastern Europe (in particular from Bulgaria) to the nascent Zambian women's movement, with a specific focus on the bilateral aid sent to develop and support the UNIP Women's League. Through exchange visits, educational scholarships, travel grants and specific technical and logistical support, the Eastern Bloc countries built state feminist capacity within Zambia and helped Zambian women find their political voices on the international stage during the United Nations Decade for Women (1975-1985).
- Travail domestique et construction du socialisme en URSS d'après les enquêtes de budget-temps - Martine Mespoulet p. 21-40
Regards complémentaires
- Communisme et féminisme - Brigitte Studer p. 139-152 L'article porte sur le rapport entre communisme et féminisme dans l'entre-deux-guerres en prenant comme point de départ un débat transnational entre chercheuses d'horizons divers, débat paru dans une revue sur l'histoire des femmes et du genre dans les pays d'Europe de l'Est fondée récemment. Trois approches différentes permettent d'éclairer la position ambiguë du féminisme dans les organisations communistes et l'Internationale communiste. Dans un premier temps, ce sont les opportunités et les limites de l'égalité formelle offerte aux femmes communistes qui sont abordées, puis les positions théoriques les plus innovantes et leur réception. Enfin trois cas de femmes cadres serviront d'exemples pour illustrer les négociations nécessaires, dans la pratique, pour concilier les attentes contradictoires propagées par le régime stalinien et les organisations communistes.Communism and feminismThis article considers the relationship between communism and feminism in the inter-war period, taking as its starting point the transnational debate between researchers of diverse backgrounds that has emerged in a new journal devoted to women's and gender history in Eastern Europe. It proposes three different angles on the ambiguous feminism of the Communist International and other party organizations, looking first at the opportunities and limitations represented by the formal equality accorded to women communists, and then at the development and reception of more radical ideas, before ending with three case studies of women cadres that reveal the negotiations involved in reconciling the contradictory expectations promoted by the Stalinist regime and communist organizations.
- Hongrie 1956, Júlia Rajk ou le pouvoir du deuil - Andrea Pető, Alice Bourgeois p. 153-164 À travers le cas de Júlia Rajk (1914-1981), veuve du puissant ministre de l'Intérieur Laslo Rajk exécuté en 1949 à l'issue du premier grand procès en Hongrie, l'article explore la complexité de la construction des subjectivités politiques des femmes sous le communisme. Il soutient l'idée que ce n'est pas la participation à l'organisation officielle des femmes mais l'opposition à cette dernière qui conduit à des formes genrées de résistance.Hungary in 1956: Júlia Rajk or the power of mourningThis article takes the case study of Julia Rajk (1914-1981), widow of the powerful Minister of the Interior Laszlo Rajk executed in the first show trials in Hungary in 1949, to explore the complexities of the construction of women's political subjectivities during communism. It argues that it was not participation in the communist-led women's organization, but opposition to it which led to gendered forms of resistance.
- Backlash post-stalinien en Pologne - Dobrochna Kałwa, Geneviève Knibiehler p. 165-174 Cet article analyse la situation des femmes dans la Pologne post-stalinienne à partir de la notion féministe de backlash utilisée par Susan Faludi à propos de l'Amérique des années 1980. Dans le cas polonais, le backlash concerne la participation des femmes au marché du travail et les discours sur les rôles sociaux qu'elles doivent assumer. Il est un élément d'une nouvelle stratégie de légitimation du pouvoir communiste qui donne la preuve de son caractère national et traditionnel en restaurant un ordre de genre en matière de sphère privée et de famille. Avec comme conséquence le fait que la situation des femmes se définit par la coexistence ambiguë d'émancipation et de traditionPost-Stalinist backlash in PolandThe article focuses on women's situation in post-Stalinist Poland. It employs the feminist notion of backlash (a term coined by Susan Faludi to describe the situation of American women in the 1980s) to analyse the retreat from the Stalinist model of women's emancipation. In the case of Poland, the backlash concerned changes in women's participation in the labour market and the discourses concerning the social roles they were expected to assume. Interpreted from this perspective, the post-Stalinist backlash was an element of a new strategy designed to legitimize the power of the communist leadership. Restoring the traditional gender order, where women were associated with the private sphere, family and household was a way of demonstrating the national and traditional nature of the authorities. As a result of this backlash, the situation of Polish women was defined by the ambiguous co-existence of emancipation and traditionalism.
- Normes d'égalité des sexes versus valeurs traditionnelles de genre en Mongolie communiste - Marie-Dominique Even p. 175-186 Les normes religieuses des Mongols s'ancraient dans le culte des ancêtres patrilinéaires, qui accordait une valeur supérieure au masculin, et assignaient aux individus des statuts et des rôles sexués, réservant en particulier aux hommes la sphère socio-politique. Elles ont orienté par la suite les pratiques bouddhiques des Mongols. Le régime révolutionnaire instauré en 1924 sur le modèle soviétique leur a substitué jusqu'à 1990 un nouveau modèle normatif neutralisant les différences sexuées entre citoyens, imposant l'égalité des droits politiques, promouvant l'accès des femmes à l'éducation et à une activité sociale et professionnelle extérieure. L'urbanisation et l'industrialisation ont participé à la mutation du cadre socio-économique et des relations de parenté et affaibli l'emprise de la tradition sur les individus. Pourtant la valence différentielle des sexes n'a pas été aussi profondément remise en question qu'il y paraît, en particulier dans l'action politique, comme en témoigne a posteriori la société postcommuniste où la question de la subordination du féminin dans ce domaine reste d'actualité.The norms of equality between the sexes versus traditional gender values in communist MongoliaMongolian religious norms were rooted in the worship of patrilineal ancestors which placed a higher value on the masculine. They assigned gender status and roles to individuals, notably by confining access to the socio-political sphere to men. These norms have subsequently oriented Buddhist practices in Mongolia. The Soviet-style revolutionary regime established in 1924 substituted a new normative model: until 1990, it suppressed gender differentiation among citizens, imposed equal political rights, and promoted women's access to education, public activity and work outside the home. Urbanization and industrialization played a significant role in changing the socio-economical context and kinship relations, weakening the hold of tradition on individuals. However, the differential valency of gender was not as challenged as it might seem, especially in politics. This is evidenced in post-communist Mongolia, where the subordinate role of women in politics remains an issue.
- (Re)Construire la démocratie sans les femmes. Genre et politique dans la Roumanie postcommuniste - Ionela Băluţă p. 187-200 La (re)construction démocratique de l'espace politique roumain après la chute du régime communiste est marquée par une très faible présence des femmes dans les institutions politiques. Cet article interroge cet « évanouissement » des femmes, en le mettant en rapport à la fois avec les logiques de (re)configuration des élites politiques postcommunistes et avec la (re)construction des représentations et des rôles de genre, insistant notamment sur le caractère inaudible et illégitime de la revendication égalitaire dans la Roumanie d'après 1989.(Re)Building democracy without women: gender and politics in postcommunist Romania The democratic (re)construction of the Romanian political landscape after the fall of communism was marked by a significant underrepresentation of women in political institutions. This article investigates the phenomenon of the women's “fading presence” on the political scene of postcommunist Romania from two research angles. First, it connects the subject with the parameters governing the (re)configuration of the postcommunist political elites. Secondly, it explores it through the lens of the (re)construction of gender roles and representations, with a focus particularly on the inaudible and allegedly illegitimate character of demands for equality in post-1989 Romania.
- Communisme et féminisme - Brigitte Studer p. 139-152
Documents
- Les bolcheviques se dessinent. L'expression de la virilité dans le cercle du Kremlin - Magali Delaloye p. 201-211
- La mère et le partisan : une représentation de la paix et de la guerre dans la presse du parti communiste tchécoslovaque (1964) - Michel Christian p. 212-218
- Cuba 1963 à travers quelques caricatures : politiques maternelles et pénuries - Rachel Hynson, Alice Bourgeois p. 219-228
Témoignage
- La question du genre dans la mémoire de femmes en Europe communiste - Sonia Combe p. 229-238
Portrait
- Hommage à Assia Djebar (1936-2015) - Christiane Klapisch-Zuber p. 239-242
Varia
- Les larmes romaines et leur portée : une question de genre ? - Sarah Rey p. 243-264 Dans la Rome républicaine et impériale, les pleurs accompagnent des événements de la vie privée et publique. Pour agrémenter leurs discours et asseoir leur autorité, des sénateurs, des empereurs et de brillants chefs d'armes n'hésitent pas à verser des larmes quand l'heure est grave. L'effet de leurs sanglots dépend de leur position sociale et de leur renommée : les plaintes d'un aristocrate ont plus de portée que celles d'un simple soldat. Aux femmes, en revanche, les larmes sont souvent interdites (hormis dans le deuil), quand bien même leur « nature » et leur imbecillus animus (Tite-Live, 3, 48, 8) les prédisposent aux pleurs. Le chantage à l'émotion est surtout féminin, pense-t-on. Malgré ses prescriptions de retenue, la philosophie, notamment stoïcienne, n'arrive pas à contrevenir à ce grand usage des larmes, qui est progressivement détourné et revalorisé par les auteurs chrétiens dans leur éloge de la pénitenceoman tears and their significance: a question of gender?In Republican and Imperial Rome, weeping often accompanied private or public events. To embellish their speeches and establish their authority, senators, emperors and outstanding soldiers did not hesitate to shed tears when the situation was serious. The effect of such sobbing in public depended on their social positions and their fame: an aristocrat's laments had more influence than a simple soldier's. For women, on the contrary, tears were often prohibited (except in mourning), even though their “nature” and their imbecillus animus (Livy, 3, 48, 8) were assumed to predispose them to cry. Emotional blackmail was generally considered a female phenomenon by the Romans. Despite its insistence on composure, the philosophy of the time, particularly that of the Stoics, was unable to prevent this major recourse to tears, which was gradually diverted and given renewed value by Christian authors in their praise of repentance.
- Faire fortune au Sahara (Mauritanie, 1940-1970) - Céline Lesourd p. 265-284 Femmes de grandes tribus commerçantes, filles de bonnes familles ou de groupes statutairement méprisés, héritières rebelles ou épouses prospères, ou encore amoureuses vagabondes, les quatre businesswomen présentées dans ce travail sont, sans doute, les pionnières de la classe d'affaires féminine mauritanienne. De la fin de la période coloniale aux premiers pas de la Mauritanie indépendante, l'analyse des trajectoires professionnelles et des itinéraires personnels de ces Dames – constitués d'une multitude d'opportunismes et de pieds de nez à l'ordre social établi – donne à comprendre leurs capacités à s'établir comme des notables fortunées et incontournables dans la sphère commerçante transnationale balisée par les hommes. Elles incarnent tout simplement, aux yeux du chercheur, une mise en réseau du monde bien antérieure aux théories postmodernes d'un capitalisme désorganisé. Elles incarnent en Mauritanie les protagonistes principales de success stories au féminin.Making a fortune in the Sahara (Mauritania, 1940-1970)Women from major trading tribes, girls from good families or from marginalized groups, rebellous wealthy heiresses or prosperous spouses, – even lovers who left their home – the four businesswomen profiled in this article were, undoubtedly pioneers of the female Mauritanian business class. From the end of the colonial period to the first steps of Mauritanian independence, analysis of the career paths and personal itineraries of these “Ladies” – characterized by seizing opportunities and by thumbing their noses at the established social order – helps us to understand their capacity to establish themselves as wealthy elite women playing a role which could not be overlooked in a transnational commercial sphere controlled by men. They clearly reflect, in the view of the researcher, an entry into the global network long pre-dating postmodern theories of the disorganization of capitalism. In Mauritania, they serve as the main protagonists in stories of female success stories.
- Les larmes romaines et leur portée : une question de genre ? - Sarah Rey p. 243-264
Clio a lu
- Anna Rotkirch, Anna Temkina, Elena Zdravomyslova (dir.), Novyi byt v sovremennoi Rossii : gendernye issledovaniia povsednevnosti – Anna Temkina, Elena Zdravomyslova (dir.), Zdorov'e i doverie : genderny podkhod k reproduktivnoi meditsine – Anna Temkina, Elena Zdravomyslova (dir.), Zdorov'e i intimnaia zhizn' : sotsiologicheskie podkhody - Mona Claro p. 285-288
- Zhanna Chernova, Sem'ia kak politicheskii vopros : gosudarstvennyi proekt i praktiki privatnosti : [La Famille en tant que question politique : projet étatique et pratiques de la sphère privée], Saint-Pétersbourg, Izdatel'stvo Evropeiskogo Universiteta Sankt-Peterburga, 2013, 287 p. - Mona Claro p. 289-290
- Lilya Kaganovsky, How the Soviet Man Was (Un)made. Cultural Fantasy and Male Subjectivity under Stalin : Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2008, 236 p. - Magali Delaloye p. 291-293
- Josie McLellan, Love in the Time of Communism: intimacy and sexuality in the GDR, Cambridge : Cambridge University Press, 2011, 250 p. - Jane Freeland p. 294-296
- Luciana M. Jinga & Florin S. Soare (eds), Corina Doboş & Cristina Roman, Politica pronatalistă a regimului Ceauşescu. Vol. 2, Instituţii şi practici : [La politique pronataliste du régime Ceauşescu. Tome 2, Institutions et pratiques] Polirom, Iaşi, 2011, 304 p. - Anca Dohotariu p. 297-299
- Rose-Marie Lagrave (dir.), Fragments du communisme en Europe centrale – Rose-Marie Lagrave, Voyage aux pays d'une utopie déchue. Plaidoyer pour l'Europe centrale - Michelle Zancarini-Fournel p. 300-302
- Lydia H. Liu, Rebecca E. Karl & Dorothy Ko, The Birth of Chinese Feminism: essential texts in transnational theory : New York, Columbia University Press, 2013, 308 p - Lili Yuan p. 303-304
- François Guillemot, Des Vietnamiennes dans la guerre civile. L'autre moitié de la guerre. 1945-1975 : Paris, Les Indes savantes, 2014, 241 p. - Pierre Brocheux p. 305-307
- Olha Mykytyn-Gazziero, Enfants placés en Ukraine. De l'exclusion sociale à l'abandon d'enfant. Récits de mères : Paris, Karthala, collection « Questions d'enfances », 2014, 289 p. - Yves Denéchère p. 308-311
Clio a reçu
- Clio a reçu - p. 311-313